Des nouvelles de... : La reconversion de Guibril Badji

17.12.2013

Dans le cadre d'un dossier réalisé sur la reconversion des joueurs, le Syndicat National des Basketeurs a interviewer l'ancien choletais Guibril Badji.

Guibril, est ce que tu peux nous parler de ton parcours de joueur professionnel ?

J'ai commencé le basket à Laval jusqu'à mes 13 ans, ensuite je suis allé au pôle espoirs de Nantes 2 ans, puis au centre de formation de Cholet Basket. J'ai été prêté à Poitiers en NM1 une saison, je suis retourné à Cholet pour jouer en Pro A mais le club a mal démarré la saison et ils ont décidé de se renforcer à la mène, du coup je me suis fait prêter en Pro B cette fois ci, à Nanterre de 2005 à 2007. Derrière ça, j'ai eu une blessure au genou qui a duré longtemps, j'ai connu une période de chômage importante, j'ai pu faire le camp d'été du SNB et grâce à ça, j'ai pu trouver un contrat à Boulogne sur Mer en NM1, où je suis resté pendant 3 saisons.

Comment se décide-t-on à devenir propriétaire d'un bar à Boulogne sur Mer ?

(rires) Par hasard, je n'ai pas vraiment décidé !!! Le basket fonctionnait plutôt bien pour moi mais je savais que ça ne durerait pas pour toujours même si j'ai toujours bien vécu pendant ma carrière. Depuis 2/3 ans je pensais à ma reconversion, j'avais deux idées tête. J'ai d'abord pensé à une carrière dans la police, j'ai passé le concours mais j'ai raté l'examen et en allant au concours, je me suis rendu compte que « l'esprit police » ne me correspondait pas forcement, j'étais en décalage avec certaines personnes, ça m'a un peu refroidi mais j'étais toujours motivé. Deux semaines avant d'aller au concours, j'ai parlé avec mon entraîneur ici à Boulogne et lui m'a dit « si tu veux faire un truc qui marche à Boulogne, il faut ouvrir un bar » et moi cette idée, je l'avais déjà eu mais sans vraiment donné suite. Dans le même temps, une amie à moi m'a dit qu'il y avait un bar à vendre en plein centre ville de Boulogne-sur-Mer, je suis allé voir le propriétaire, on a discuté, je me suis laissé 3 jours de réflexion et ensuite j'ai foncé. Dans ma tête c'était décidé.

Que s'est-il passé lors des 6 derniers mois de ton contrat à Boulogne ?

J'ai été blessé, j'avais un gros problème au genou et je ne me suis soigné. J'ai essayé de revenir plusieurs fois mais à chaque fois, mon genou gonflait et je voyais bien que je ne pourrai pas continuer le basket en m'entraînant 2 fois par jour comme avant. Et vu que j'avais fait une année quasi blanche, je savais que je ne trouverai pas un super contrat, alors il a fallu que je me trouve une autre occupation.

Ton quotidien c'est quoi maintenant ?

J'ouvre le bar du mardi au dimanche de 17h à 1h du mat en semaine et de 17h à 2h du mat le week-end. Je dors pas mal les matins parce que c'est quand même un sacré rythme à prendre. Et l'après midi, depuis 7 mois, je fais tout l'administratif. tout n'est pas encore réglé.

Est-ce compliqué de créer son entreprise et quels conseils peux-tu donner à un basketteur qui veut se lancer ?

Beaucoup beaucoup de patience !! À titre d'exemple, j'ai eu des contacts très avancés avec une banque pour l'obtention de mon prêt, pendant un mois ils m'ont dit  : « pas de soucis, nous allons vous suivre, vous êtes basketteur, nous pouvons vous aider », mais rien d'officiel n'avait été signé. Au bout d'un mois, ils sont revenu vers mois en me disant : « Finalement c'est non, vous n'avez jamais eu d'entreprise avant, vous n'avez jamais travaillé dans un bar, on ne peut pas vous aider. » En gros, quand tu fais un pas en avant d'un côté, tu fais trois pas en arrière d'un autre, donc il ne faut pas se décourager, être patient, pas s'inquiéter et être motivé !!!

Financièrement, la transition est difficile ou ça va pour le moment ? Tu arrives à te verser un salaire ?

Pour le moment ça va. Je ne sais pas si les basketteurs le savent mais lorsque l'on est aux ASSEDIC et que l'on veut monter son entreprise on peut avoir des aides. On peut percevoir une partie de ses droits ASSEDIC soit d'un seul coup, soit tous les mois, ce qui permet de faire le complément avec ce que je peux gagner avec le bar.

C'est vraiment quelque chose à savoir pour les joueurs, en effet...

Pour les joueurs qui souhaitent créer une entreprise, je leur conseille de ne pas attendre et de le faire dès les deux premiers mois de leur chômage. Les banques suivent plus facilement un joueur qui peut bénéficier d'un salaire qui viendra en complément de ce qu'il peut gagner avec son entreprise. Si on est en fin de droit ASSEDIC par contre, le temps de faire les démarches de création, il y a moins de chance que les banques vous suivent. Il ne faut pas traîner !!!

Tu as encore des contacts avec tes anciens coéquipiers ?

Oui oui, les gars du coin (Le Portel, Boulogne) passent régulièrement boire un verre après les matchs et puis, il y a mes autres amis.

Est-ce une idée qui avait germé dans ta tête lorsque tu étais à Poitiers avec Pierre Yves Guillard ? Parce qu'aujourd'hui, il a aussi racheté un bar...

(rires) Non pas du tout, j'ai appris que Pierre-Yves avait monté un bar quasiment au moment où j'ai ouvert le mien ici à Boulogne !!! Ça m'a bien fait rigoler car je n'étais pas du tout au courant. Pour ma part, c'est vraiment à la fin de ma première année à Boulogne que j'ai commencé à penser que ça pouvait être possible.

C'est compliqué de créer son entreprise ?

Moi j'ai eu de la chance, car je me suis fait aider par une structure ici à Boulogne qui s'appelle Idee-Littoral (www.idee-littoral.com). C'est un organisme, qui pour 10€, m'a aidé à monter le dossier pour aller démarcher les banques et essayer d'avoir le prêt bancaire, faire le prévisionnel, etc...

Pour 10€ ?

Oui oui, pour seulement 10€, c'est une entreprise nationale mais ils font des prix particuliers pour les gens qui habitent dans les départements du Nord et du Nord-Pas-de-Calais. C'est clair que ce n'est pas cher et ça m'a bien aidé.

Et pour la suite des démarches ?

Après, il faut être super motivé et foncer. Pendant les 7 mois de démarches administratives, j'ai bossé à fond, j'avais la tête dans le guidon. Il y a beaucoup de paperasse à faire, il faut avoir de la patience et surtout ne pas se décourager. Il faut aussi gérer les relations avec les banques car avoir un prêt aujourd'hui, ce n'est pas évident et avoir un apport c'est toujours mieux.

Pour toi, c'est une étape professionnellement parlant ?

Oui oui, évidemment. J'ai envie d'avoir un projet encore plus ambitieux. Tu sais, 8 mois en arrière, je ne savais pas qu'aujourd'hui je tiendrais un bar ! Je n'ai pas forcement de plan mais j'ai des envies.

Le bar se trouve où ?

C'est le Guib's Bar, 46 place Dalton à Boulogne sur Mer.

Maintenant le samedi soir tu travailles ? Ça ne te manque pas trop l'ambiance du vestiaire ?

Si forcement ça manque, c'est clair, j'ai été très frustré l'année dernière car j'étais sous contrat avec le club et je ne pouvais pas jouer à cause de ma blessure, en plus l'équipe a eu des résultats incroyables puisqu'ils ont accédé à la Pro B. J'étais super content pour mes coéquipiers mais d'un autre côté, j'étais sur la touche, donc je me sentais pas mal a l'écart. Je n'ai pas fermé la porte pour rejouer un jour mais aujourd'hui j'y pense vraiment moins. Je vais au match tous les samedis parce que le basket c'est ma vie, je sais que la page sera certainement longue à tourner mais c'est la vie. Maintenant j'ai d'autres objectifs !

Est ce que tu as quelque chose à rajouter ?

Oui oui, je veux remercier personnellement tous les gens du SNB car depuis 2/3 ans, je vois ce qui ce passe et l'évolution dans votre travail, c'est vraiment un super truc. Je suis étonné et content de voir que vous essayez de garder ce lien si important avec les joueurs. Je tiens aussi à remercier les gens du club de Boulogne qui m'ont bien aidé lors de la mise en place de mon projet, Olivier Bourgain et le Président. Et puis je veux juste rappeler à tout le monde que la carrière, ça peut s'arrêter du jour au lendemain, j'en suis le parfait exemple. Début novembre 2009, je m'entraînais deux fois par jour et fin novembre, j'arrivais même plus à faire un footing !!! Il faut qu'au moins dans leur tête, les basketteurs pensent à faire un truc, pas forcement très précis mais au moins des idées. Il ne faut vraiment pas croire qu'on a le temps d'y réfléchir plus tard.

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