Des nouvelles de : Marc-Antoine Bourgault et le rêve américain (ITW)

01.09.2013

Champion de France Espoirs avec Cholet en 2009, Marc-Antoine Bourgault a depuis rallié les États-Unis où il poursuit des études en Publicité/Communication tout en étant joueur des Red Storm de St.John's, une université située en plein cœur du Queens à New-York. En marge de la tournée Eurojam, qui s'est tenue à Paris, l'ailier français nous a fait part de son expérience américaine et a évoqué son avenir, avec la NBA dans un coin de sa tête.

Après avoir été champion de France Espoirs avec Cholet en 2009, vous avez décidé de tenter votre chance aux Etats-Unis plutôt que d’avoir une chance de jouer en Pro A. Pourquoi ce choix ?

J’ai toujours voulu jouer aux États-Unis donc quand j’ai eu l’opportunité de le faire, je n’ai pas hésité. Mais c’était tout de même un choix difficile au départ. Malheureusement, mes débuts aux États-Unis ont été difficiles car j’ai dû changer d’école et je me suis fait une rupture des ligaments croisés. C’était dur mais j’ai beaucoup bossé pour revenir en forme et je suis très heureux d’être aujourd’hui à Saint John’s. C’est comme un rêve devenu réalité même si j’ai encore beaucoup à apprendre. C’est ma dernière année de College donc je profite au maximum avant de devoir prendre des décisions importantes pour ma carrière.

Vous deviez initialement jouer pour Montana State en 1ère division avant d’être inéligible. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ça a coincé à ce moment-là ?

En France, nous avons un système scolaire différent des États-Unis où après la classe de seconde, il faut opter pour une option comme ES, L ou S. Pour ma part, j’ai opté pour la filière ES mais les Américains m’ont dit que je n’avais pas assez étudié la science. Je n’avais donc pas assez de crédits pour jouer dans une fac de NCAA. J’ai donc dû rejoindre un Junior College.

Durant votre première saison en Junior College, vous vous êtes donc blessé gravement (rupture des ligaments croisés). Pouvez-vous nous expliquer les étapes pour revenir après une telle blessure ?

Je me suis blessé en pleine période de Noël. À cause de mon opération, je n’ai pas pu passer les fêtes en famille donc vous imaginez que c’était très difficile. Après mon opération, je suis rentré en France et j’ai ensuite pris la direction de Washington D.C. Là-bas, je me suis entraîné avec Sébastien Morin, l’ancien préparateur physique de Cholet qui travaille aujourd’hui avec Kevin Seraphin (Washington Wizards), et avec qui je suis resté en très bon contact. J’ai également travaillé avec Joe Touomou, ancien joueur de Georgetown, pendant trois mois à raison de cinq heures par jour, de 6h à 11h du matin, tous les jours. Il m’a filmé du début à la fin et en comparant les images du premier et du dernier jour, j’ai pu constater des progrès énormes. Ça n’a pas payé tout de suite mais au bout d’un an, le travail a porté ses fruits.

Vous avez donc dû passer par un Junior College. Quelle est la différence entre un Junior College et une fac de Première Division ?

Les Junior College sont destinés aux personnes qui ne sont pas éligibles pour la NCAA. C’est une école sur deux ans. L’équivalent français serait le BTS. Et une fois que tu obtiens ton diplôme, tu es éligible pour la NCAA. Au niveau du basket, le Junior College est moins compétitif que la NCAA car il y a moins de budget et moins d’argent globalement. Mais, on y trouve tout de même de très bons joueurs.

En quoi consistait ces entraînements ?

Il y avait pas mal de musculation car j’avais perdu du poids et du muscle durant ma convalescence. Il y avait également des exercices pour travailler les appuis, la vitesse, le sprint, le dribble. J'ai aussi fait beaucoup de tirs.

Après 3 ans de Junior College, vous avez enfin eu l’opportunité d’intégrer une fac de Première Division. Est-ce une sorte de consécration ?

Oui enfin ! Si on m’avait dit qu’après ma blessure je jouerai un jour pour St.John’s, je ne l’aurais sans doute pas cru. St.John’s est un très bon programme et j’ai travaillé dur pour y arriver. Maintenant, je ne suis pas entièrement satisfait car l’année passée, j’ai dû encore attendre trois, quatre matches avant d’être éligible et mon temps jeu était irrégulier. J’ai bien travaillé cet été pour revenir plus fort. Le coach m’a demandé d’être prêt mentalement.

Selon vous, quel serait l’équivalent européen de la première division NCAA ?

Ça dépend des conférences. La notre, la Big East est très physique et d’ailleurs beaucoup de joueurs de cette conférence finissent en NBA ou signent en Europe. La Big East est d’un très bon niveau.

En France, on connaît mal l’engouement qu’ont les Américains pour le sport, notamment à la fac. Pouvez-vous nous parler de ce phénomène ?

Aux États-Unis, les gens vivent pour le football américain, pour le baseball, pour le basket et même pour le hockey ! Chaque bar est quasiment un sports bar avec des écrans partout. Les Américains aiment vraiment le sport, ils sont tous fans d’une équipe. C’est très différent de la France où les gens suivent majoritairement le foot et ont moins d'intérêts pour les autres sports comme le basket.

Dans votre fac, vous basketteurs, avez-vous l’impression d’être des rockstars ?

Oui un peu car St.John’s n’a pas d’équipe de football américain. On est donc l’équipe majeure de l’université. On reçoit beaucoup d’attention de la part des étudiants. Je trouve ça très plaisant !

Pensez-vous que votre passage aux États-Unis a changé votre état d’esprit ? On parle beaucoup d’une culture de la gagne aux États-Unis. La différence de mentalité est-elle vraiment flagrante ?

Effectivement. J’ai appris à me surpasser, à travailler dur pour acquérir ce que je voulais. La mentalité américaine est très différente au niveau de la compétition. L’esprit de compétition est vraiment ancré en eux. Après, lorsqu’on voit les structures sportives aux États-Unis, on comprend tout de suite que le sport a une place très importante. Là-bas on peut faire du sport quasiment 24 heures sur 24. Quand je reviens en France par exemple, c’est très difficile pour moi de trouver une salle pour m’entraîner à moins de connaître des gens.

Justement, les méthodes d’entraînements à l’américaine sont-elles vraiment différentes de ce qui se fait en France ?

Oui, les entraînements sont beaucoup plus intensifs. On court également beaucoup plus. Quand je suis arrivé à Montana State, l’altitude était élevée donc j’ai rencontré des difficultés pour respirer car on courait énormément mais au bout d’un moment, on s’habitue au rythme. Par contre, je trouve qu’en Europe, les joueurs sont plus intelligents dans le jeu et ont plus le sens du basket. Ils font plus de passes et tirent mieux. C’est pour ça, que les shooteurs européens ont une grosse cote aux États-Unis.

Ce qui frappe avec les équipes universitaires, c’est le nombre de coaches et tout le staff qui encadre une équipe. En France, même en Pro A, il n’y pas autant de monde dans l'encadrement. Est-ce quelque chose qui vous a également surpris ?

Absolument. J’ai trouvé ça très surprenant de voir autant de coaches. Déjà lors du recrutement, tu reçois des appels de numéros complètement différents et comme il y a cinq ou six assistants coaches, tu ne sais jamais de qui il s’agit (rires). C’est ça les États-Unis, tout est plus grand ! Quand tu vois six assistants coach, tu te demandes parfois à quoi ils servent. Mais bon, il y a le budget pour qu’ils soient là donc leur présence est importante.

Le fait d’avoir plusieurs coaches, aide-t-il à progresser plus rapidement ?

Oui, je pense. Pendant l’été, deux anciens coaches de NBA nous ont rejoint. Ce sont des coaches individuels et ils t’aident à progresser. Par exemple, après le match perdu contre Rouen (victoire 83 à 78 lors de l'Eurojam Paris, ndlr), j’étais très frustré à cause de mon temps de jeu. J’ai discuté avec un assistant coach. Il m’a donné beaucoup de conseils.

Sur quel point pensez-vous avoir le plus progressé aux États-Unis ?

Premièrement, sur le point physique. Mon corps s’est transformé. J’ai perdu du poids pour être plus athlétique. Je suis plus rapide sur mes appuis. Après, je suis plus consistant sur mon shoot et j’ai progressé dans mon approche d’un match. Aux États-Unis, on travaille énormément sur le mental. Ils m’ont appris à être un guerrier et à avoir une mentalité de tueur pour le tir.

À St.John’s, vous bénéficiez d’une bourse d’études. Comment avez fait pour en bénéficier ?

J’ai eu la chance de jouer dans un très bon Junior College, Monroe College. Avec Monroe, j’ai atteint deux fois le championnat national et je me suis fait repéré par les scouts de St.John’s. Ils m’ont donc offert une bourse pour que je puisse jouer pour leur fac. J’ai fait une visite du campus qui m’a plu. J’ai aussi parlé avec le coach Lavin qui m’a convaincu.

Conseilleriez-vous à un jeune Français de tenter l’expérience américaine même sans bourse ?

Nous, les Français, n’avons pas l’ambition ou l’intention de payer 200 000 dollars pour quatre ans d’études. Ce n’est pas dans notre mentalité. Après, je conseille à tous les Français qui en ont l’opportunité de partir aux États-Unis pour vivre cette expérience américaine. De pouvoir être en cours et de jouer au basket. Même si c’était dur pour moi au début, je partirai avec un diplôme et des souvenirs plein la tête.

Justement, y a-t-il des joueurs dans votre équipe qui ne sont pas boursiers ?

Oui, il y a en trois. On les appelle les “walk ons”. Ce sont des étudiants normaux qui font les essais pour être dans l’équipe. Malheureusement, ces joueurs ne jouent pas beaucoup mais ils travaillent dur chaque jour.

À quoi ressemble une journée type au campus ?

Pendant la pré-saison, je me lève à 5h30-6h du matin pour l’entraînement qui consiste soit à de la musculation, soit à du travail individuel, ou même du yoga. C’est une des particularités du coach qui nous fait faire beaucoup de yoga. Après, il y a cours de 8h30 jusqu’à 12h30 et on enchaîne avec un entraînement de 13h jusqu’à 15h30-16h puis souvent, j’ai un autre cours le soir. Voilà une journée type au campus.

Tout en étant étudiant, vous avez quasiment le rythme de vie d’un sportif de haut niveau. N’est-il pas trop difficile de concilier études et sport ?

Si, c’est très difficile. L’année dernière, je partais de chez moi à 5h30 du matin et je ne rentrais pas avant 20h. Après une journée comme ça, quand tu rentres chez toi, tu es épuisé physiquement, mentalement et tu t’endors immédiatement. Après quand la saison commence, c’est différent car il y a moins d’entraînements. Le rythme est moins élevé. C’est plus tranquille.

Justement, vous étudiez la Publicité/Communication. Est-ce dans cette branche que vous souhaiterez faire carrière si vous échouiez dans le basket ?

Tout à fait même si avec un diplôme, tu peux te retrouver dans plusieurs branches différentes. Mais oui, la publicité me plairait si je devais abandonner mon rêve d’être basketteur professionnel.

Vous êtes dans votre dernière année d’éligibilité avant la draft. La NBA est-elle toujours un objectif ?

Vous savez, quand on commence à jouer au basket, on pense forcément à la NBA mais il faut aussi être réaliste. La draft n’est donc pas spécialement un objectif mais faire des orkouts et une Summer League avec une franchise NBA, pourquoi pas ? Après, jouer en Europe est une autre solution et cela ne me dérangerait pas. Et je ne parle pas uniquement de la France. J’aime voyager donc je ne serai pas opposé à départ vers un autre pays pour découvrir une culture différente.

(Source : ilosport.fr)

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