Atteint d’une tumeur d’une corde vocale, victime d’une rechute, l’entraîneur de l’ESSM Le Portel revient de loin... Découvrez son témoignage, ce jeudi, dans Je n’ai qu’une parole.

À chaque match, à chaque imprécision tactique sur le parquet, s’époumoner le long de la ligne ronge le coach... Gueuler un bon coup pour remettre ses troupes dans le droit chemin. Impossible.

Pour passer son mot, Éric Girard, privé de sa voix, use de parades : taper du pied, faire les gros yeux... Les spectateurs se délectent même parfois de son tempérament fougueux, et très visuel forcément. Avec son ardoise, épaulé de Jacky Périgois, son coach adjoint, Éric Girard dicte ses consignes à ses basketteurs, et elles sont respectées à la lettre sur le parquet. Aux entraînements, son brin de voix enrobe toute la salle, grâce à sa prothèse phonatoire, mais aussi grâce à une installation qui amplifie ses analyses dans des enceintes. 

Trouver la parade, c’est devenu une vieille rengaine pour le chef d’orchestre de l’ESSM. Dans des combats qu’il ne mène jamais solo, que ce soit avec ses hommes et son maigre budget, chaque saison, ou contre sa saleté de maladie.

Cancer 0 - 2 Girard

Novembre 2012, le couperet tombe : récidive de sa tumeur d’une corde vocale. « Ablation du larynx, parole en charpie, sortie de piste annoncée, assène la présentation de son ouvrage.Le cancer du fumeur, moi qui n’ai jamais fumé. » Il lui reste quatre mois à vivre. Celui qui a coaché les plus grands, dans tous les sens du terme, est sur le point de se faire terrasser par des adversaires microscopiques...

S’engage alors sa lutte acharnée, que le livre décrypte avec un réalisme saisissant, les familles touchées par pareil drame en conviendront. Une bagarre autour de laquelle tous se sont rassemblés. Du président du club de basket, Yann Rivoal, jusqu’aux supporters, et même au-delà des frontières du Portel. « Il y a eu un engouement formidable, une belle solidarité des Portelois et des supporters de l’ESSM, qui me laissent croire que je suis devenu un enfant de la Côte d’Opale. J’en suis extrêmement fier et reconnaissant à tout jamais », souligne l’entraîneur des Vert et Blanc. Une bagarre où Éric Girard ne donne plus le tempo, où il ne peut qu’acquiescer face aux manœuvres de son médecin.

Itinéraire d’un passionné

Si la mort flotte comme une épée de Damoclès dans son récit, c’est surtout la passion de la balle orange qui tire la corde. « L’enfant de la balle » de Jallais a fait du chemin, rencontré du monde et n’est pas avare en anecdotes. Ça respire basket, comme le bonhomme, élu, rappelons-le, entraîneur de l’année en 2005 avec Strasbourg. Dans un style irréprochable, vivant, l’ouvrage vous amène finalement à mieux comprendre Éric Girard, l’homme derrière Coach Éric.

Si cette écriture n’avait pas vocation à être une thérapie pour l’entraîneur (« je n’ai jamais eu besoin de thérapie pour gérer ma maladie »), elle a surtout été « une belle et nouvelle expérience d’un milieu jusque-là inconnu, une rencontre formidable avec une personne de talent qu’est Pierre Ballester, qui a écrit plus d’une vingtaine de livres, dont certains best-sellers. Nous n’avons aucune prétention, mais juste envie de raconter, de témoigner qu’on peut se battre, deux fois même contre la maladie, vivre normalement, continuer de faire son métier aussi bien qu’avant, sinon encore mieux, et ne pas capituler. »

"Je n’ai qu’une parole" : sortie nationale ce jeudi 12 mai. Auteurs : Éric Girard, avec la collaboration de Pierre Ballester. Prix : 19 euros. 224 pages. Éditions de La Martinière.

(Source : La Semaine dans le Boulonnais)