Interview d'Aymeric Jeanneau dans "Cholet Basket: 25 ans au sommet (1975-2000)"

18.06.2000
Aymeric Jeanneau, le saint-Fulgentais, est aujourd’hui meneur de CB, après avoir fait ses armes en espoirs, à l’ombre de Rigaudeau et Demory.

« La saison 97/98 a été pour moi une, voir la plus belle saison de ma vie. Nous étions plus qu'une équipe, nous étions une "famille".

Pour moi, cette saison était ma première année "professionnelle" (avant, j'étais espoir), à 100 % avec le groupe pro. Je découvrais le vrai basket professionnel avec des nouveaux coéquipiers, des nouveaux
américains.

Dès le début de la saison, l'équipe a su se souder, trouver des affinités. Dans cette équipe, il y avait des grands joueurs de très haute renommée, tels que Ostrowski, Fortier, Méthélie, Blackwell et le "fou" Henry comme on le surnommait avant de mieux le connaître. Mais, il n'y avait pas de star. Personne n'a voulu tirer la couverture pour lui-même. Nous travaillions tous ensemble vers la même direction : LA VICTOIRE.

J'ai quelques bons souvenirs comme ce match contre Quaregnon, un club belge. Dès le début du match, un spectateur qui avait reconnu Skeeter Henry, a voulu le chambrer. Et comme la salle n'était pas trop grande, Skeet' a pu le repérer très vite. Skeet' a commencé le match en réussissant chaque tir à 7/8 mètres. Boum !!! Boum !!! Skeet' était euphorique, il ne ratait aucun tir et bien sûr, vous connaissez bien Skeeter, il n'a pas lâché la personne du match en le fixant, en le chambrant, en faisant le spectacle à lui seul. Un phénomène ce Skeet'.

Contre Manresa, à Manresa, le match était dur et serré, mais en 2ème mi-temps, Skeet' a pris les rênes de l'équipe et l'a conduit à la victoire. A lui seul, il avait gagné le match avec environ 35 points. Trop fort ! Mais quelque temps après, on arrive un jeudi matin à l'entraînement (au mois de décembre) et on nous annonce que Skeeter a eu un accident et qu'il s'est brisé les deux poignets. La saison est finie pour lui. Et pour nous ?

Sans Skeeter, l'équipe n'était plus la même.

Il nous fallait vite un remplaçant. Et quel remplaçant nous avons trouvé : « Monsieur » Mickaël Ray Sugar Richardson. On n'avait pas de "Star", en voici une, une VRAI. Une "Star" de la NBA, au point que James Blackwell avait un poster de Mickaël dans sa chambre lorsqu'il était petit. J'étais impressionné de voir ce monsieur dans nos vestiaires. Moi, un jeune de 18 ans qui découvre la pro A, dans la même équipe que M.R.S. Richardson. Ouah ! Incroyable.

Il était peut-être une "Star", mais il était surtout une personne très sympa avec le cœur sur la main, une personne qui inspire à beaucoup de respect.

Dès son arrivée, il a su entraîner toute l'équipe derrière lui avec son tempérament de gagneur, de compétiteur. N'importe quel match que ce soit, à l'entraînement, en amical ou en championnat, il ne voulait que gagner, gagner et gagner. Et nous, on n'avait pas le choix. Il nous motivait tellement. A 41 ans il plongeait pour attraper un ballon ; alors si à 41 ans il plonge, moi à 18 ou les autres, on était obligé de plonger.

C'est ce qui a fait notre force. L'équipe, la "famille" a pris une autre dimension, celle d'une équipe qui avait encore plus faim et qui n'allait rien laisser aux autres.

Le championnat continuait à bien se dérouler ainsi que la Coupe d'Europe. Match aller / retour où le gagnant était celui au meilleur point avérage. Nous commencions vraiment à croire en nos réelles possibilités et de faire quelque chose de grand dans cette compétition.

Les 1/8ème, puis les 1/4 de finale, tout se passait bien. En 1/4 nous avons rencontré Dijon. Cette saison là, nous étions très confiants à la maison et nous les avons battus largement au match retour.

Avec cette victoire, nous nous sommes qualifiés pour les 1/2 finales.

L'équipe que nous affrontions était l'Étoile Rouge de Belgrade. Nous allions d'abord chez eux pour les recevoir ensuite. Nous étions reçus dans un hôtel 4 étoiles, très grand, très joli, mais le jour du match, il n'y avait plus d'eau, même pour se laver...

Les conditions n'étaient pas superbes et en plus pour moi, je ne pouvais pas jouer car j'avais une entorse.

La salle était grande et pleine bien sûr. Le public était chaud et depuis ce match, je n'ai pas encore joué devant un public aussi chaud.

Lorsque nous sommes entrés sur le terrain avant le match pour la séance de shoots, nous nous sommes fait siffler de façon agressive, on sentait que le public allait être hostile. Et dès le début du match, nous sommes partis sur un faux rythme. On ne réussissait rien et eux tout ! Nous n'avons pas su réagir, ils étaient euphoriques. Résultat final : -32 points. Incroyable, mais hélas vrai !

Autant vous dire que pour nous, la Coupe d'Europe allait s'arrêter là, sur cette "grosse" défaite.

Nous n'avions qu'une chance sur 100 de les battre de plus de 32 points. Alors nous nous sommes appuyés sur cette petite chance en se disant qu'elle existait et qu'elle était vraiment là. De toute façon, Mike était là pour nous le rappeler.

Le soir du match retour, la salle de la Meilleraie était pleine à craquer ! Nous n'avions aucune pression car c'était presque une mission impossible.

Le match commence, et nous nous sommes tous donnés à 100 %. Nous commencions à prendre l'avance sur Belgrade et à se dire que 33 points ce n'est peut-être pas aussi loin que ça ! Il restait 10 minutes à jouer et nous avions plus 22. Tout était jouable mais il nous a tout de même manqué un petit souffle passé de l'autre côté.

Nous avions fait ce soir là un de nos meilleurs matchs. La Coupe allait s'arrêter là, mais nous avions pu sauver notre honneur et notre fierté de porter le maillot de CB. Ce fut pour tous les joueurs une expérience unique. La Meilleraie nous a applaudi, nous avions beaucoup de regrets mais nous sommes sortis la tête haute.

La saison n'était pas finie, il restait le championnat et la Coupe de France.

On avait encore faim…. »

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