ITW Aymeric Jeanneau : « J’étais un joueur assez réfléchi sur le terrain »

19.02.2015

Le site Basket Rétro a eu le privilège de s?entretenir avec Aymeric Jeanneau. L?ex-meneur nous raconte notamment son parcours dans son club formateur de Cholet, en ProA et de son passage en Équipe de France en évoquant notamment Tony Parker et Vincent Collet, sans oublier ses activités de consultant et dans le club de Strasbourg.

Comment avez-vous découvert le basket ?

J?ai découvert le basket tout naturellement. Mon papa jouait au basket comme ma mère et mon grand père. Mon petit frère s?y est mis aussi. Mon grand-père avait monté le club de Saint-Fulgent en Vendée, dans lequel on passait nos weekends dans cette salle de basket. On est donc une famille très basket. Étant petit, j?ai aimé le basket. J?ai des photos à la maison où à 2 ans, j?ai un petit ballon sur la petite table. J?ai commencé mes premiers entraînements à 5-6 ans.

Votre carrière a commencé à Cholet. Comment êtes-vous repéré par le club ?

En troisième, je suis dans un collège à la Roche-sur-Yon en Vendée. Le Comité Départemental avait monté une section basket. On était 3 garçons et 7 filles. De là, j?avais un entraîneur qui a demandé au club si je pouvais faire quelques entraînements d?essai à Cholet Basket. Jean-François Martin, qui à ce moment-là est responsable des Minimes de Cholet, lui dit « Non, j?ai assez d?arrières, j?ai pas forcément besoin de quelqu?un d?autre ». Lors d?un tournoi international à la Roche-Sur-Yon, mon papa va voir l?entraîneur Martin et lui dit « Essayez-le à l?entrainement, on n?habite pas loin ». Combiné avec la demande de mon entraîneur de la section basket, et mon papa qui a dit au coach Martin « Regardez-le pendant 2-3 entraînements et vous verrez », Jean-François Martin a dit « Ok venez ». Sur les 3-4 entraînements que j?ai dû faire, j?ai pu taper dans l??il de l?entraîneur. Et on m?a appelé pour me dire que j?étais retenu pour évoluer en Minimes. À l?époque, c?était décalé d?une année, c?est comme si je jouais en cadet première année. Et en seconde, je suis rentré à Cholet Basket.

Vous êtes resté plus de 10 ans à Cholet (1987-1995). Quels souvenirs vous gardez de ce passage dans ce club où tout a débuté ?

J?en garde un très très bon souvenir. Premièrement, c?est mon club formateur. C?est quelque chose qui reste quoi qu?il arrive. J?y ai passé une dizaine d?années. C?est un club qui est familial. Elle l?est encore aujourd?hui, par rapport à d?autres clubs à l?époque. Elle a l?envie de faire jouer les jeunes joueurs du Centre de Formation. Étant local, habitant à une demi-heure, en ayant toute ma famille, c?est vrai que c?était des moments de vie fortement agréable. La famille était proche de nous. J?évoluais dans un contexte qui m?était favorable. On m?accordait beaucoup de chances. J?étais le petit jeune formé au club. Parmi les souvenirs, on a gagné des Coupes de France, on a joué l?Euroleague. Je suis monté petit à petit pour m?affirmer comme meneur important de l?équipe. Dans mes années de formation, ce sont des souvenirs avec de très bons amis. Et découvrir le monde professionnel à partir du club dans lequel j?ai pu vraiment m?affirmer et progresser, c?est un bon souvenir. Je dirais pareil pour tous les clubs par lesquels je suis passé. Cholet Basket était un club qui avait des moyens, des ambitions. Quand j?étais petit, c?est un club que j?allais voir en arrivant le plus tôt possible aux matches pour avoir une bonne place car la Meilleraie était pleine à chaque fois. Forcément, devenir joueur professionnel dans le club où on a idolâtré des joueurs, est fort.

À cette époque, avez-vous croisé la route d?Antoine Rigaudeau qui était à Cholet en pro de 1987 à 1995 ?

J?ai croisé la route d?Antoine mais je me suis jamais entraîné avec lui. Une fois, étant jeune, je n?ai pas vraiment fait l?entraînement mais j?y ai assisté à une séance en servant de passeur. C?était Laurent Buffard qui entraînait et j?étais content de faire les passes. Dans la salle, souvent, j?allais voir les entraînements des pros dès que j?avais fini l?école à midi. À 12h30-12h45, j?allais voir le dernier quart d?heure de leur entraînement. Antoine, je l?ai croisé quelquefois dans le club. Mais j?ai pas eu cette chance de vraiment le côtoyer un petit peu sur le terrain. Ça aurait été vraiment un rêve de pouvoir pratiquer avec lui le basket et qu?il me donne 2-3 petits conseils. À cet âge-là et à ce moment-là, ça reste ancré au fond de moi-même de l?avoir vu s?entraîner aussi longtemps, aussi dur, aussi fort qu?il fait : mettre des petites marques sur le parquet à 50 cm derrière la ligne des 3 points, puis 1m, 1m50 derrière, pour faire des séries de shoots tout le temps. De pouvoir le voir travailler, c?était un régal. Ça m?a donné envie, m?a montré le chemin du travail à accomplir pour réussir.

Vous avez joué dans d?autres clubs français (Le Havre, Asvel, Strasbourg). N?est-ce pas un regret de ne pas avoir découvert des championnats étrangers ? Avez-vous eu de réelles offres pour partir à l?étranger à un moment de votre carrière ?

C?est pas un regret. Je suis très heureux de la carrière que j?ai pu faire. Au départ, je n?ai pas vraiment eu l?opportunité de m?expatrier. Après mon départ de Strasbourg en 2006, c?est à ce moment-là que je vais signer à l?Asvel, car il y avait un bon projet qui me donnait envie. Peut-être que si j?avais voulu aller à l?étranger, absolument à ce moment-là, j?aurais pu entamer des discussions, et essayer de trouver un club. Ce qui est sûr, je n?étais pas le premier choix des clubs étrangers. C?est-à-dire à la mi-juin, mi-juillet, il n'y avait pas de contrats sur la table, et le signer. Si j?avais cette opportunité, peut-être que j?aurais réfléchi différemment. Si je signais, il fallait que certains clubs ne réussissent pas à faire signer les joueurs qu?ils souhaitaient. Peut-être que j?aurais pu trouver quelque chose et vraiment me mettre sur le marché des étrangers, chose que je n?ai jamais faite car j?ai eu une vie de famille très jeune. J?ai toujours sécurisé le contrat avant de me retrouver avec un contrat moins bien ou des choses un petit peu difficiles. Je n?ai jamais vraiment cherché à aller à l?étranger. Après avoir signé à l?Asvel, j?ai eu des contacts de clubs qui se sont rapprochés de moi. Mais très vite la porte s?est fermée. J?ai fait un bon parcours à l?Asvel. Ce n?est pas un regret mais vivre une expérience à l?étranger m?aurait plu, c?est clair.

Vous avez endossé le maillot bleu entre 2004 et 2009. Quels souvenirs gardez-vous avec la sélection nationale ?

L?Équipe de France, c?est quelque chose d?à part. J?ai arrêté de jouer. Et le seul moment où j?avais envie de rejouer, c?est quand j?ai pu voir cette équipe à Strasbourg l?été dernier. Ça me redonnerait envie de jouer aujourd?hui. J?ai le souvenir du premier match que j?ai joué avec la France. C?est Alain Weisz qui m?appelle le jour du baptême de ma fille. Il me dit, « Écoute, on a un match le mardi, Jo Gomis est blessé, est-ce que tu peux venir ? S?il te plaît, viens vite ». C?était au Mans. Dès le lundi, j?ai fait mon sac. J?étais arrivé et j?avais joué. J?avais fait un bon petit match pour ma première sélection. Puis j?ai fait beaucoup de campagnes au début. J?étais présélectionné mais sans jamais aller au bout. C?est seulement en 2006, où je fais ma première campagne au Championnat du Monde avec Claude Bergeaud. On fait des matches amicaux, de préparation, c?est déjà des supers moments très très forts. On joue avec les meilleurs joueurs. On est médiatisé. Ma première compétition en bleu est un magnifique souvenir que j?en garde. Il y a eu des bons et des moins bons moments. On représente un maillot, un pays. On ressent des frissons quand on met le maillot, entend la Marseillaise. On se doit de réussir. C?est pas un club mais une sélection. On n?y va avec d?autres sources de motivation que la performance individuelle. La performance collective est tout de suite mise en avant.

Vous avez côtoyé les grands joueurs et des leaders en Équipe de France. Je vais vous en citer et vous allez me dire votre ressenti sur chacun. Commençons par Tony Parker. Saviez-vous qu?il excellerait dans les années à venir pour le basket français et en NBA ? 

Par rapport à mon premier match en bleu, Tony n?y était pas. C?était Laurent Sciarra. Côtoyer Tony un peu plus tard, il était déjà un grand joueur du fait qu?il réussisse autant et passe autant de temps avec l?Équipe de France. Personne pouvait dire et savoir que Tony allait avoir cette aura en Équipe de France, être le leader emblématique qui a un discours magnifique. Sans lui, ça serait peut-être autre chose. Qui pouvait dire ça ? Peut-être pas beaucoup. Aujourd?hui, il représente quelque chose d?exceptionnel. On peut le remercier. À un moment où le basket existait moins sur le plan médiatique, Tony a surgi par ses exploits aux États-Unis, et ses passages en Équipe de France. C?est incroyable. Je me rappelle d?une campagne en 2003, dans les matches de prépa, tout le monde voulait voir Tony. Le côtoyer, ça était très très riche. De voir une star people en sélection où il est obligé d?avoir son garde du corps, d?aller dans les salons privés, c?est forcément une expérience enrichissante. C?est quelqu?un d?extraordinaire. C?est génial d?avoir pu le côtoyer.

Un des autres grands patrons, c?est Boris Diaw. Quels souvenirs gardez-vous de ce joueur avec qui vous avez joué ? 

C?est différent de Tony. Même si son statut a changé avec le Championnat d?Europe, la Coupe du Monde, Boris a été un grand joueur de basket mais pas people. Boris est d?une simplicité, d?une gentillesse extraordinaire, abordable. C?est le grand ou petit frère, on s?attache à des personnages comme lui. C?est la générosité qu?il a sur le terrain. C?est ce qu?il dégage totalement en dehors. C?est un grand leader par sa prestance, sa façon d?être. Vocalement, je pense qu?il l?est plus qu?à l?époque. Son aisance du jeu, sa personnalité, fait qu?on est obligé de le respecter.

Florent Pietrus ? 

Il est moins vocal que Boris et Tony. Flo, c?est un leader de par son engagement. Il le représente toujours aujourd?hui. C?est quelqu?un de très facile à vivre. On est obligé de s?entendre avec lui car c?est un compétiteur très très dur. Il ne veut pas lâcher. Il veut être le meilleur. C?est pas qu?il veut faire mal. C?est pas le mot. Mais il veut gagner. Il va au bout de son envie. Là-dessus, c?est tellement respectable qu?on le suit. Il n'a pas besoin de dire des grands mots, des grands discours ou d?expliquer le basket à qui que ce soit. On a juste à être à ses côtés. Ça aide, transcende les autres à être meilleur. Quand Flo se bat sur 10 ballons de suite, il y en un qui se présente devant nous, on va se battre 10 fois de plus. On a vu les exemples avec Flo et ça reste encore aujourd?hui.

Vincent Collet, actuel sélectionneur de la France, était votre coach à l?Asvel et Strasbourg. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?

C?est quelqu?un qui vit basket. Il a un sens du basket hors du commun. Il est d?un niveau technico-tactique où il travaille, décortique tout ça. Il est là-dessus très très fort. Là où il est encore meilleur, il arrive à faire adhérer les joueurs à ce qu?il a envie d?avoir. C?est loin d?être facile. Il échange beaucoup avec les joueurs. Lorsqu?il arrive à faire comprendre ce qu?il veut à ses joueurs qui adhèrent à son projet, il excelle et encore plus aujourd?hui. Je pense surtout que ça lui a servi, en Équipe de France. C?est extraordinaire. Il arrive aujourd?hui à adhérer l?ensemble de son effectif. Ça se sent en Équipe de France. Il y a des joueurs qui viennent, qui changent. On a vu à la Coupe du Monde des nouveaux joueurs. C?est pas seulement l?intérêt collectif mais aussi l?intérêt individuel. Vincent Collet a réussi à mener ses groupes vers son projet.

Il y a deux choses sur lui. C?est sa façon dont il explique les choses aux joueurs sur le terrain. C?est le temps qu?il passe avec eux dans les vidéos. Ensuite sur le terrain, il est très très fort de par sa pédagogie, son apprentissage et de faire comprendre aux autres ses volontés. C?est le coach français que tout le monde veut avoir dans son groupe. C?est vrai qu?il est très très bon.

En parlant de l?Équipe de France, vous avez été Médaillé d?Argent au Championnat d?Europe Juniors en France en 1996. Pour ceux qui ne le savent pas, à cette époque, étiez-vous favori ou outsider ? Était-ce une victoire inattendue ?

On n?était pas favori, c?est sûr. On avait un groupe qui venait de se construire. L?été précédent, on avait changé d?entraîneur. Dans cette équipe, on avait deux stars : Jo Gomis et Jérome Moiso. Il y avait des joueurs talentueux et très respectueux des consignes. Ils savaient s?adapter et se mettre aux services des forts joueurs qu?il y avait dans cette équipe. On avait une défense de feu à l?image de notre entraîneur Erik Lehmann. Petit à petit, on a pris de la confiance. On faisait partie des bonnes équipes de la compétition, c?est sûr. Mais de là à dire qu?on irait en finale? On espérait aller dans le dernier carré. On l?a fait. On avait éliminé la Grèce qui était une équipe très forte à l?époque. On se retrouve en demi-finale face aux Belges, puis les Croates en finale. On était une équipe de soldats, de guerriers. On avait une certaine part de talents. On avait des arrières comme Florent Eleleara, Frederic Moncade, Jo Gomis et moi. On jouait avec deux arrières en pression tout terrain. C?est un régal de jouer quand on est jeune. Ces moments-là restent des souvenirs exceptionnels.

Y a t-il d?autres souvenirs de votre carrière qui sortent du lot ?

Le premier titre de Champion de France est exceptionnel avec Strasbourg. J?ai envie de dire aussi tous les premiers titres. Mon premier titre de Champion de France en Minimes à 15 ans reste vraiment des moments de partage. Des défaites aussi sont des moments riches dans une carrière. Je garde en mémoire aussi une défaite face au Mans avec Cholet où je perds un ballon très important à 10 secondes de la fin en quart de finale de play-offs lors de la belle. J?étais un jeune joueur pro. Ça nous élimine. Ce sont des moments difficiles à vivre mais tellement importants qui m?ont permis de devenir un bien meilleur joueur après. Un autre bon souvenir ? Il y en a tellement que c?est difficile d?en partager un plus qu?un autre.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, quel type de joueur étiez-vous sur le terrain ? Comment décrire votre jeu ?

J?étais un joueur assez réfléchi sur le terrain. Peut-être trop des fois au risque de perdre mon instinct. On m?a dit que j?étais un meneur un peu à l?ancienne sur ma fin de carrière. C?est-à-dire meneur gestionnaire, capable de réfléchir pour trouver des solutions, d?être un vrai relai de l?entraîneur sur le terrain. Je n?étais pas assez scoreur pour être le joueur d?une trempe au-dessus. J?avais ses qualités certainement en moi mais que j?ai jamais réussi à exprimer avec trop de retenue dans mon jeu. Je pense avoir été un bon passeur. J?avais des qualités athlétiques pour un meneur blanc. J?avais un jeu de un-contre-un qui était assez performant lors de mes premières années de carrière. J?ai changé après pour devenir un joueur beaucoup plus gestionnaire avec une certaine intelligence du jeu.

Y a t-il des joueurs, des entraîneurs qui vous ont le plus marqué dans votre carrière et votre évolution ?

Oui beaucoup. Il y a mes premiers entraîneurs de formation qui m?ont aidé à Cholet. Ensuite, j?ai passé beaucoup de temps avec le coach Éric Girard dans ma carrière pro. Il a donc beaucoup compté pour moi dans la réussite de ma carrière, c?est indéniable. Il a réussi à me donner ma chance et à me redonner confiance à un moment de ma carrière, lorsque j?avais 30 ans, Vincent Collet est un coach qui m?a permis de continuer à me faire progresser. Côté joueurs, à Cholet, Valéry Demory a été mon joueur mentor avec Paul Fortier. Ils ont compté énormément. Je les ai côtoyés très jeune. J?étais encore Espoir. J?ai joué aussi avec Stéphane Ostrowski. Ce sont des joueurs qui ont marqué ma carrière. Quand on est jeune, on a besoin de repères. Et ces joueurs m?en ont donné pour travailler, me construire, avoir la vision du jeu, d?apprendre le professionnalisme. C?était une grande aide dans ma carrière par rapport au côté professionnel que je pouvais avoir. J?en oublie certains car il faudrait plus de temps pour revenir là-dessus.

Et des adversaires sur lesquelles il était difficile de défendre ?

C?était un régal de jouer face à Delaney Rudd. J?étais très jeune à l?époque quand il était là. Je ne pouvais absolument pas l?arrêter. Quand il devait me voir face à lui, il devait sourire, et se dire « ah ça va, je vais avoir quelques minutes de repos » (rires). C?était un moment fort de jouer face à lui. Il y a aussi Shawnta Rogers contre lequel j?ai aimé jouer. Je savais que c?était difficile. C?était un petit meneur très dur, vicieux, violent et terriblement fort. C?était toujours des matches difficiles en jouant face à lui. Qu?on perde ou qu?on gagne, j?adorais. Je prenais beaucoup de plaisir à me surpasser par rapport à lui.

Quelles sont les qualités/défauts que disaient vos coéquipiers, coaches pendant votre carrière ?

Des fois on disait que Jeanneau ne tire pas assez. Tous les entraîneurs ont essayé de plus me responsabiliser au shoot. Et je ne sais pas s?il y en a un qui a vraiment réussi. On m?a demandé d?être plus tourné vers le cercle, d?être capable de prendre les tirs. Je pense que c?était un défaut. Le collectif à l?excès devient un défaut. J?avais certainement les capacités à mettre plus de points, prendre plus de tirs, pour créer le danger face aux adversaires. Mais je n?ai jamais réussi à le faire. On m?attendait pas à faire la passe mais plus à ce que j?aille shooter. C?est le défaut qu?on m?a toujours dit et qu?on a essayé de corriger sans que ça n?ait eu de succès.

Votre objectif était de faire briller plus vos coéquipiers ?

L?objectif, c?était de gagner. J?ai toujours pensé que je ne pourrais pas faire gagner l?équipe à moi tout seul. Je pense que c?est le fond de ma réflexion. J?avais besoin de faire des passes. Je me disais que quelqu?un de plus adroit que moi va tirer. C?est des fausses questions que je me posais. Mon but sur le terrain était de gagner. C?était de réfléchir et de trouver les meilleures situations pour marquer des points.

Avez-vous le souvenir d?un pire déplacement en carrière ?

(Rires). Oui j?en ai. Le pire des pires, c?était avec le Havre, en Coupe d?Europe. On était à 6h du matin au Havre pour jouer à 18h à Ljubjana dans la même journée. On avait un premier vol. On est allé sur Paris en bus pour prendre l?avion en direction de Ljubjana. Il y avait du retard à cause d?un net brouillard dans la ville où on devait atterrir. On avait un vieil avion de je ne sais pas quelle année, où défilait au-dessus de nos têtes des coffres comme dans les petits bus. Ce n?était pas très rassurant. Au nord de la ville à Ljubjana, on a atterri dans un aéroport désaffecté. L?avion s?est posé sur la piste. On nous a ouvert les soutes, descendus les sacs sur le tarmac. On a attendu en retour que quelqu?un vienne pour nous accueillir. Et en retour personne n?est venu. On a pris nos sacs pour voir où on est. Puis on a perdu le match le lendemain.

Je vais aborder maintenant avec vous la NBA. Quels sont vos premiers souvenirs du basket américain ?

Ça date de Canal+ car à la maison on avait la chaîne. On allait chez mon grand oncle qui regardait le basket avec mon grand père pour aller voir les premiers matches de NBA. Il me semble que c?était un match avec Détroit. Mais j?en ai un vague souvenir.

Quels sont les joueurs/équipes (actuels ou passés) que vous aimez en NBA ?

J?étais très fan de Magic Johnson et Larry Bird dans les années 80. Magic était meneur de jeu. Ça me ressemblait un peu car tout petit j?aimais jouer au poste 1. Mais j?ai plus grandi à l?époque de Jordan. Sur la période actuelle, je n?ai pas de vrais fans de joueurs mais c?est plus une équipe. C?est celle des Spurs. Je ne suis pas un grand fan de NBA. Je ne vais pas mentir. Ce n?est pas le basket que je préfère mis à part les play-offs comme tout le monde, où il y a de l?enjeu, de l?intensité. Je ne suis pas un fan de la saison régulière où je me lève la nuit pour voir les matches. Pour me tenir informé, je vais voir les résumés mais je ne saurais pas vous dire qui est premier.

Si vous n?êtes pas un grand suiveur de la NBA, avez-vous le souvenir d?un match NBA marquant : All-Star Game, play-offs, performance d?un joueur ?

Oui, je me souviens d?un match de play-offs entre Boston et Détroit avec la mauvaise passe d?Isiah Thomas à la fin du match. Une séquence suivie d?une interception de Larry Bird. C?est un match que j?avais en cassette VHS. Je pense que la bande est un petit peu abimé par le nombre de fois que j?ai regardé ce match. Il y a aussi la finale des Bulls contre les Lakers en 91 avec du très très grand Jordan. Ce sont des matches d?anthologies, des grands matches de basket. Les derniers matches des Spurs contre Miami en finale sont aussi des gros matches.

Quel serait le 5 majeur idéal de toute l?histoire de la NBA pour vous ?

À l?intérieur, je mettrais Wilt Chamberlain. Aux arrières, Magic et Jordan. En 4, Tim Duncan. Dirk Nowitzki n?est pas loin. C?est dur de faire un 5 comme ça. Et je rajouterais aussi Kobe Bryant.

Suivez-vous quand même la saison actuelle ?

Je suis au moment où comptent les matches pour savoir qui est qualifié pour les play-offs (rires).

Vous pensez que San Antonio va garder son titre ? Qui voyez-vous en Finales NBA ? Qui serait champion NBA en 2015 dans ces cas-là ?

Je vais avoir du mal à dire une autre équipe favorite. Les Spurs ont les moyens de conserver leur titre cette année même si chaque année, ils vieillissent et que ça sera de plus en plus dur. Ils ont encore un niveau de basket en avance par rapport aux autres. Ils ont un jeu où on a tendance à dire que c?est un jeu à l?européenne. S?ils se font rattraper par les autres équipes? Il y avait l?attaque en triangle de Chicago qui avait bien marché car Phil Jackson était en avance sur les autres à l?époque. Popovich a mis en place aussi son système de jeu autour des joueurs internationaux. Si Parker et Ginobili sont capables de finir la saison -on ne leur demande pas de finir la saison, mais d?être à leur meilleur niveau-, San Antonio peut garder son titre.

Entraîner un club ne vous a pas tenté après votre carrière ?

C?est une passion que j?ai eue pendant toute ma carrière. J?ai passé mes diplômes d?entraîneurs que j?ai aujourd?hui. C?est quelque chose de tellement passionnant que je l?aurais tenté. Mais plus ça allait, plus la fin de carrière arrivait, que peut-être j?ai perdu cette envie de devenir entraîneur. Une fois ma fin de carrière qui arrivait, l?entraînement n?était pas ma priorité.

Quelle différence faîtes-vous dans l?évolution du basket masculin entre votre époque et celle d?aujourd?hui (en terme technique, tactique) ?

Il y a forcément des évolutions. Les joueurs sont devenus beaucoup plus athlétiques. Au tout début de ma carrière, les postes 4 qui shootaient très bien, il y en avait pas forcément dans toutes les équipes. Aujourd?hui même les postes 5 peuvent commencer à tirer à 3 points. Il y a une évolution sur l?adresse, la vitesse, le côté athlétique qui a amené des modifications tactiques. Au début de ma carrière, les systèmes étaient encore des choses importantes. Mes premières années, on jouait avec des possessions de 30 secondes. Tactiquement, on faisait autre chose. On se servait beaucoup moins du pick'n?roll qu?aujourd?hui. Sur le nombre de passes, les enchaînements de système qui étaient longs, aujourd?hui, il y a beaucoup moins de choses comme ça car le règlement a été modifié : règle des 24 secondes, la ligne à 3 points qui a reculé. Les changements de règlements ont fait que les entraîneurs ont dû faire évoluer le jeu. Évolution tactique oui, dû au côté athlétique qui est devenu très très important en France.

On assiste à un Championnat de France de ProA irrégulier avec des champions différents en presque 10 ans. Quel est votre regard à ce sujet ?

Premièrement, on peut dire que c?est génial. Chaque année, on ne sait pas qui sera champion à chaque saison. Tout le monde y croit. Les petits comme les grands clubs. Tout le monde peut avoir le projet d?aller au bout. Moi, quand j?ai commencé au départ, on savait qu?on allait finir dans les quatre premiers. C?est quelque chose de bien. Après, il y avait Limoges, l?Asvel, et Pau qui étaient les gros clubs. Les budgets des clubs se sont resserrés, il y avait moins d?écarts. L?ouverture des frontières a favorisé une certaine homogénéité dans certaines équipes.

Deuxièmement, on peut dire que ce n?est pas bon. Il y a un nouveau club champion et il n'y a pas d?identité forte de clubs qui se battent chaque année. C?est indéniable qu?il faille avoir des clubs en France vraiment moteurs qui doivent dominer certaines années.

Troisièmement, avoir un Champion de France différent tous les ans fait qu?on a une équipe différente en Euroleague. Les joueurs réapprennent ou apprennent à jouer en Euroleague. Et c?est un problème pour exister en Europe. Il faut 3-4 ans pour pouvoir vraiment apprendre et être un joueur expérimenté à ce niveau-là. C?est jamais évident d?avoir des équipes qui savent jouer à ce stade.

Il y a donc trois façons de voir. Et ça semble important qu?il y ait une hiérarchie dans le Championnat de France. Il faut 3-4 saisons pour que l?ensemble du basket français se réfèrent à 2-3 clubs réguliers qui soient mis en avant par rapport aux autres. Et pour que ça puisse tirer vers le haut le basket français. Et tout le monde en sera gagnant. 

Si on note une irrégularité dans le Championnat de France, que faire pour que les clubs français brillent en Euroleague ? Les clubs ont du mal à atteindre le Top 16. Certes, il y a la problématique du budget, mais encore ?

Oui, c?est le budget. Il n'y en a pas suffisamment. En France, on a 10 millions pour les gros clubs. 7 millions cette année. Mais il ne faut pas oublier les charges, les impôts. C?est une législation différente par rapport à d?autres pays. 5 millions en Turquie, ce ne sont pas les mêmes qu?en France. Les joueurs que l?on a ne sont pas tous des joueurs référencés Euroleague. Un club français participant à l?Euroleague arrive à prendre quelques gros calibres de joueurs. Mais l?ensemble du groupe n?a pas cette expérience Euroleague, internationale. C?est-là que c?est un peu dur pour les clubs français, ajouté aux budgets qui ne sont pas suffisamment importants. On a donc du mal à exister à ce niveau-là.

Quel regard portez-vous sur les récentes performances des Équipes de France : Champions d?Europe 2013 et Médaillés de Bronze au Mondial 2014 chez les garçons, Vice-Championnes Olympique 2012 et Vice-Championne d?Europe en 2013 chez les filles. Pensez-vous que la France va dominer sur le plan européen voire mondial cette année et les cinq années à venir ?

Dominer sur le plan mondial et européen sur les cinq années à venir est, je pense, quelque chose de difficile à faire. Y être présent, ça c?est autre chose. Il y aura des années où ça ne sera pas facile d?être dans le dernier carré. On peut faire un gros écart, à l?image de l?Espagne cette année qui se voyait en finale. Sur un match, même si les Français ont été très très bons, ils n?ont pas réussi. Quand on est dans les phases finales, à partir des huitièmes, tout se joue sur un match. C?est compliqué et tout est possible. Par contre, exister à chaque phase finale, de se rapprocher, d?être finaliste, demi-finaliste, d?avoir des médailles, il faut que ça soit l?objectif. Avec la France et la génération Parker qu?il y aura encore en 2015 et 2016, il y a de quoi faire des choses très bonnes. Cette Coupe du Monde a montré que la France pouvait exister sans Tony Parker. Avec cette jeune génération qui arrive, c?est quelque chose de très rassurant pour le basket français. Et ça donne des possibilités. On fait partie quand même des équipes qui dominent. Ça fait 3 années de suite qu?on est dans les phases finales. Ca veut dire qu?on est tout de même performant.

Quels conseils donneriez-vous aux garçons et filles qui veulent effectuer une carrière pro comme la vôtre ?

Bien travailler à l?école, c?est s?assurer d?être stable dans sa tête aussi. Tout le monde n?est pas sur d?être professionnel. C?est quelque chose de très difficile aujourd?hui. Il y a tellement d?aléas autour des blessures, des choix de carrière, soit des éléments qu?on ne peut pas maîtriser tout le temps. Donc garder une activité intellectuelle à côté. Ensuite lorsqu?on est jeune joueur, il faut garder du plaisir dès le début. Le plaisir permet de travailler beaucoup plus. Pour ça, c?est en travaillant, en se donnant violence. Là, on prend plus de plaisir. C?est aussi s?enrichir en basket. Certes, il y a la NBA, mais aussi l?Euroleague, pleins de compétitions internationales. C?est s?enrichir pour avoir une culture basket. Entre le plaisir, la culture basket et le travail, on peut au moins s?épanouir dans quelque chose. J?ai une phrase qui dit « Pendant que je dors, il y en a qui travaille ». Donc travailler toujours au maximum, utiliser son temps pour être performant. Très jeune, à 12-13 ans, j?étais un mini-pro dans ma tête. Je pensais déjà au lendemain au basket avant de sortir avec les copains. Il y a des sacrifices à faire. Voilà les 2-3 conseils et surtout garder une activité à côté. On est jamais sûr d?être pro.

Par rapport à votre carrière, avez-vous gardé tous les maillots que vous avez portés ?

Oui, j?ai gardé un maillot de chaque saison. Mais aussi ceux des All-Star de jeunes, de l?Équipe de France. Mais aujourd?hui, ils sont dans un sac au fond d?une armoire. J?ai même mon maillot de Champion de France Minimes en 93, jusqu?au dernier maillot de ma dernière saison avec Strasbourg avec la finale perdue face à Nanterre. Ça fait une belle collection.

Vous possédez des produits dérivés ?

Après, j?ai gardé dans une boîte les médailles des villes de Strasbourg, de Cholet, les médailles de champion. Mais les produits dérivés, non. Je dois avoir un ou deux tee-shirts de finales.

Vous êtes consultant Canal sur la ProA ? Comment vous a-t-on contacté ?

J?ai commencé pour être interviewer du All-Star Game. J?avais adoré cette expérience car c?est sympa d?être derrière au lieu d?être interviewé. Quand j?ai arrêté ma carrière en 2013, Canal+ avec David Cozette cherchait quelqu?un de disponible. J?ai commencé par le Championnat de France en tant que consultant sur le plateau puis sur le terrain. Ça s?est très bien passé et je prends beaucoup de plaisir à le faire. C?est agréable d?être au bord du terrain de façon différente et de faire ressentir le match au téléspectateur.

Comment vous préparez-vous à commenter un match ?

Je prends quand même le temps de voir l?actu des clubs, des joueurs, voir où ils en sont, s?ils sont dans de bonnes ou difficiles phases. J?essaie d?appeler un joueur ou deux pour avoir un peu plus d?infos avant le match et s?ils sont capables de m?en donner. Une fois dans la salle, on va discuter avec les joueurs, les entraîneurs. Je ne suis pas un commentateur mais un consultant. Ce n?est pas le même rôle. Je suis là pour faire comprendre le basket aux téléspectateurs. Je suis dans cette position d?expliquer le basket à une personne qui ne connait pas vraiment. Si je parle de pick'n?roll aux gens qui connaissent, ils vont comprendre. Si quelqu?un regarde un match et qu?on donne des termes plus compliqués, ça ne va pas l?intéresser. J?essaie de m?adapter comme si c?était un public novateur et leur donner envie de regarder un match la semaine d?après.

Vous êtes aussi Manager Général Développement au club de Strasbourg. En quoi consiste cette fonction ?

On est deux managers généraux à Strasbourg. Jérôme Rosenstiehl s?occupe de tout ce qui est administratif du coté club et sportif. Et moi je manage des équipes pour trouver de nouvelles ressources, innover au club, acquérir des partenaires, que ce soit au niveau de la communication et de notre site internet ou au travers d?actions qu?on va mener : un programme ticketing de développement pour la billetterie. C?est un poste que le club a créé et dans lequel je m?investis à fond pour qu?il poursuive son évolution et atteigne ses objectifs. Des projets afin que Strasbourg fasse partie des grands clubs français et s?installe au niveau européen.

On va conclure cette interview avec votre mot de la fin ?

Le basket est un magnifique sport qui véhicule beaucoup de valeurs : collectif, partage, famille. J?ai eu la chance de vivre une riche carrière de joueur. Je le souhaite à tous ceux qui ont ce rêve. Que le basket français, à travers tout -l?Équipe de France et les clubs- puisse continuer à avancer, donner du plaisir aux gens. C?est l?essentiel. Et il faut le partager encore avec plus de monde.

L'annonce de sa retraite en images :

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