ITW Charles Kahudi (ASVEL) : «J’ai envie de jouer, je commence à rouiller sévère !»

02.11.2016

Il ne s’était plus exprimé depuis le titre de champion de France remporté avec l’Asvel en juin dernier. Charles Kahudi a souhaité prendre le temps de digérer les frustrations accumulées durant un été qu’il espérait plus radieux. Eliminé sans gloire avec l’équipe de France en quart de finale des Jeux de Rio par l’Espagne (67-92), l’ailier international (96 sélections) a dû se résoudre à voir l’Asvel débuter la saison sans lui. Touché à plusieurs reprises à la cheville droite, y compris durant les JO, le meilleur défenseur de Pro A a été contraint de passer sur le billard pour nettoyer une articulation sérieusement endommagée. Le professeur Kerkhoffs, qui l’a opéré le 6 septembre dernier à Amsterdam, lui a notamment enlevé un bout de cartilage qui était venu se loger derrière sa cheville et qui lui procurait de vives douleurs.

Deux mois plus tard, « l’Homme » entrevoit enfin le bout du tunnel. Actuellement en phase de réathlétisation, l’ancien Manceau espère reprendre l’entraînement collectif dans deux semaines. En attendant, il a accepté de revenir pour Obuzzer sur les différents épisodes qui ont jalonné son été. Confortablement installé dans le bar d’un hôtel de la Cité Internationale, où il nous a donné rendez-vous lundi matin après avoir effectué une séance d’AlterG au centre orthopédique Santy, Charles Kahudi est revenu sur l’échec des Bleus à Rio, sur son opération et sa longue indisponibilité, ainsi que sur son transfert avorté en Espagne.

Comment allez-vous ?

Ça va de mieux en mieux. Je vais dans la bonne direction, donc c’est plutôt plaisant. Je commence à avoir de moins en moins de douleurs sur ma cheville opérée. Je suis donc plutôt optimiste.

Quand pensez-vous pouvoir reprendre l’entraînement collectif ?

J’espère dans quinze jours. Je travaille pour et ça avance plutôt bien. J’ai vu la semaine dernière le chirurgien qui m’a opéré. Il a prolongé mon arrêt de travail parce que je suis encore en phase d’évolution. Je progresse bien, même très bien, mais connaissant mon jeu, mon physique et toute la pression que je mets sur mes chevilles, cela aurait été dangereux et inconscient de reprendre cette semaine. Il y aurait un risque de rechute. Je ne suis plus à deux ou trois semaines près. C’est frustrant parce que j’ai envie de jouer au basket. Je commence à rouiller sévère ! Mais c’est dans mon intérêt. Je n’ai que 30 ans et j’espère pouvoir jouer encore quelques années. Ce serait donc bête de prendre des risques inconsidérés et de me mettre en danger.

Comment avez-vous vécu cette longue période de convalescence ?

Au début, c’était terriblement frustrant. J’étais comme un fou sur le banc. Je suis un passionné. Que je sois sur le terrain ou en dehors, je vis le basket avec mes tripes. Pfff, c’est dur, franchement ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas été arrêté aussi longtemps et ce n’est pas évident à gérer. Il faut donc combler. J’ai bossé tous les jours sur ma cheville et le reste de mon corps. Je n’ai jamais fait autant de muscu ! Je n’aime pas du tout ça, mais je suis obligé d’en passer par là. Je travaille aussi pour être prêt au niveau cardio et surtout pour réguler mon poids car il faut alléger le plus possible pour soulager les articulations.

C’est un challenge et une motivation supplémentaire de réaliser un «back to back» avec l’Asvel

Quel est votre regard sur l’équipe et son début de saison ?

Nous avons vraiment du potentiel et des forces à tous les postes. Les mecs ont envie. Certains découvrent le championnat, d’autres le connaissent très bien. Maintenant, nous avons besoin d’afficher plus de rigueur et de dureté dans ce que nous faisons. Nous devons aussi faire preuve de plus d’application offensivement car parfois nous nous précipitons. Mais cela ne m’inquiète pas. Ça viendra avec le vécu et l’enchaînement des matchs. En revanche, il faut que nous prenions conscience que c’est en élevant notre niveau d’intensité et de dureté que nous pouvons faire déjouer les adversaires et remporter des victoires. Samedi, contre Le Portel, nous avons cruellement manqué d’intensité en première période. Nous avons été dominés dans l’engagement. Ce n’est pas possible ! On peut ne pas être adroit, mais l’engagement et l’envie, c’est le minimum syndical. La saison dernière, nous avons gagné en grande partie grâce à ça, parce que nous étions revanchards.

Cette saison, vous êtes la cible à abattre…

Il faut l’assumer. Soit on l’assume, soit on se laisse abattre. Je suis désolé, mais ce n’est pas dans mon tempérament de me laisser abattre. Au contraire, c’est un challenge et une motivation supplémentaire de réaliser un «back to back.» D’autant que cela n’arrive pas souvent. Limoges est le dernier à l’avoir réalisé (en 2014 et en 2015). C’est l’objectif. La saison est encore longue. On a vu l’an dernier que ce n’est pas forcément le premier de la saison régulière qui gagne à la fin. A nous d’être prêts au moment T.

Revenons à votre blessure. Etait-ce raisonnable de disputer les play-offs et les JO en étant diminué physiquement ?

Beaucoup de joueurs jouent avec des blessures contrôlées. Cela m’est souvent arrivé et je ne m’en plains pas. Si je suis apte je joue et j’étais apte à disputer les play-offs. J’ai même été plutôt bon, jusqu’à ce qu’on arrive en finale où j’ai vraiment commencé à être sur les rotules. Mais je n’allais pas m’arrêter alors que nous étions à deux pas du titre sous prétexte que j’avais un peu mal à la cheville ! Idem pour les JO, j’étais apte. J’ai pu me reposer avant de rejoindre l’équipe de France et j’ai repris tranquillement. Le problème, c’est que j’ai contracté deux nouvelles entorses à l’entraînement pendant les Jeux et la deuxième m’a vraiment fait du mal. La douleur était beaucoup plus difficile à supporter. C’est frustrant parce que je n’ai pas pu m’exprimer comme je l’aurais voulu et cela a impacté mon rendement pour l’équipe.

Comment avez-vous réagi aux commentaires de ceux qui ont mis en cause la légitimité de votre présence dans la liste des douze ?

Vous savez, il y a des commentaires chaque année depuis que j’ai débuté en équipe de France. Chacun pense ce qu’il veut. Ce n’est pas mon problème. Je suis là pour faire mon job. A la fin de ma carrière, je me rappellerai de ce que j’ai fait en équipe de France, des titres que j’ai obtenus, mais pas des commentaires des gens.

J’ai envie d’être un joueur majeur en équipe de France

Quel bilan global tirez-vous des JO ?

Il est forcément frustrant. Collectivement, nous n’avons pas atteint notre objectif qui était de ramener une médaille et individuellement, je n’ai pas fait la compétition que je voulais faire. Et une fois rentré des Jeux, j’ai dû me faire opérer pour la première fois de ma carrière, alors que je pensais qu’un mois de repos serait suffisant pour soigner ma cheville.

A Rio, on n’a pas ressenti l’esprit qui avait animé l’équipe de France ces dernières années. Comment l’expliquez-vous ?

Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est vrai que notre défense a été un peu aux abonnées absentes alors que c’était auparavant notre grande force. Nous pouvons avoir des regrets, parce que nous avions le potentiel pour faire quelque chose. Mais nous n’avons pas eu l’engagement et la rigueur nécessaires pour atteindre notre objectif.

Comment avez-vous accueilli la reconduction de Vincent Collet à la tête des Bleus ?

Il est à sa place. C’est énorme ce qu’il a apporté à l’équipe de France. Les plus belles pages du basket français se sont écrites avec lui. C’est indéniable. C’est donc une très bonne chose pour l’équipe de France, pour les joueurs français et pour leur évolution personnelle qu’il ait été reconduit.

Comment voyez-vous l’avenir de l’équipe de France après les retraits de Tony Parker, Florent Pietrus et Mickaël Gelabale ?

Je ne suis pas inquiet. C’est sûr qu’on perd des figures importantes du basket français, mais aussi des mentors. Mickaël Gelabale a été un mentor pour moi depuis mes jeunes années à Cholet. Flo Pietrus m’a également beaucoup conseillé depuis que je suis arrivé en équipe de France. Je resterai en contact avec Tony parce que c’est un ami et mon président à l’Asvel. Mais ce sont de lourdes pertes. Maintenant, on a tout ce qu’il faut derrière, dans des registres différents, pour permettre à l’équipe de France de continuer à avancer.

J’étais proche d’un départ cet été

Souhaitez-vous vous inscrire dans le futur de cette équipe ?

Bien sûr ! Je viens d’avoir 30 ans et j’espère avoir encore de belles années devant moi. J’ai des ambitions car je suis un compétiteur. J’ai envie d’être un joueur majeur comme dans toutes les équipes où je suis passé. Pour le moment, je suis dans un rôle en équipe de France. Mais j’ai envie d’en sortir. A moi de faire les efforts nécessaires pour y parvenir. J’en ai eu l’opportunité cet été puisque j’ai été plusieurs fois dans le cinq majeur, mais je n’ai pas pu pleinement m’exprimer car j’étais diminué physiquement en raison de mes différentes entorses. J’espère que l’opportunité se représentera. On verra ce qui se passera l’été prochain. Mais ce qui m’importe aujourd’hui, c’est mon retour avec l’Asvel, de revenir à mon niveau et au top physiquement afin d’aider au mieux l’équipe.

Des douze joueurs présents aux JO, vous êtes le seul à n’avoir encore jamais vécu d’expérience à l’étranger. Après le titre de champion de France, est-ce que vous avez eu une réflexion à ce sujet ?

Oui. J’étais proche d’un départ cet été. J’étais en négociations avancées avec un très bon club espagnol.

Barcelone ?

(Rires) Ça, je n’en parle pas. Malheureusement ça ne s’est pas fait. Tant pis, ce n’est pas grave. Aujourd’hui je suis à l’Asvel et je vais tout faire pour gagner avec ce club. Mais j’aspire toujours à évoluer un jour à l’étranger. J’ai envie de démontrer que je peux encore progresser. Je pense qu’une expérience à l’étranger pourrait m’apporter beaucoup de choses dans l’apprentissage du basket. J’ai toujours été un bosseur et j’ai encore soif d’apprendre. Mais je ne partirais pas n’importe où, car nous sommes très bien installés à Lyon avec ma famille. Nous aimons beaucoup cette ville. J’ai toujours dit à Tony que je me verrais bien finir ici, y compris dans l’hypothèse où je viendrais à partir sur un projet à l’étranger.

(Source : OBuzzer)

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