ITW Éric Girard (Le Portel) : "Il faut qu'on soit plus intelligents"

05.10.2016

L’apprentissage de la Pro A est délicat pour Le Portel, vierge de victoire, avant de recevoir Le Mans vendredi et de se déplacer à Strasbourg dans la foulée. Heureusement pour eux, les promus peuvent s’appuyer sur Éric Girard, l’un des entraîneurs les plus expérimentés de la LNB.

Votre équipe du Portel a débuté la saison par un bizutage : -19 au Chaudron face à Nanterre et -17 à Dijon.  Vous attendiez-vous à un début de saison aussi compliqué ?

Oui. Bien entendu, on espère toujours faire mieux. Malheureusement, le départ est relativement logique même si l’écart ne reflète pas la différence réelle entre les équipes. On sait qu’en basket, dès qu’on perd un peu les pédales et qu’on manque de réussite et qu’au contraire, l’adversaire en a un peu plus, l’écart se creuse très vite. Cela a été le cas sur les deux matches. Chris Warren (Nanterre) nous a fait un show, nous a mis des paniers improbables (25 points à 64%). Et puis à Dijon, on craque un peu sur la réussite exceptionnelle d’Axel Julien. Il est à 5/7 à trois-points dont deux shoots très longue distance dans le dernier quart-temps. Et nous, on perd quelques ballons qui donnent vite des points et de l’enthousiasme à l’équipe adverse. Il faut qu’on soit plus malin, plus intelligent et qu’on corrige des détails qui font la différence en Pro A et pas obligatoirement en Pro B. Donc c’est vrai que pour l’instant, on a un peu de mal mais ce n’est pas surprenant.

Est-ce que l’intensité que vous déployez en match est suffisante ou attendez-vous davantage de vos joueurs de ce point de vue ?

C’est paradoxal parce que je n’ai quasiment jamais eu à élever la voix à l’entraînement – même si pour moi aussi c’est paradoxal ! – puisque les gars s’entraînent de façon exceptionnelle avec une intensité exceptionnelle. Simplement, j’ai l’impression que certains n’arrivent pas encore à transposer ça en match. Est-ce la peur d’être sanctionné ? Contre Gravelines en Coupe de France et contre Nanterre, on a été énormément sanctionné pour des fautes très rapides. Ca refroidit l’ardeur et l’envie des joueurs. Aujourd’hui, on doit absolument mettre une intensité supérieure en match et moins se freiner.

Trois de vos joueurs américains issus de Pro B ont changé de rôle. Darrin Dorsey, Lance Goulbourne et Frank Hassell étaient des stars à l’étage inférieur. En Pro A, ils doivent partager les responsabilités. Comment jugez-vous leurs débuts ?

Même si le mot est ambitieux, j’aimerais qu’ils soient aussi des stars en Pro A. Des stars comme Mykal Riley, Chris Warren, que nous avons rencontrées, c’est-à-dire des joueurs capables de faire la différence à eux seuls. J’aimerais qu’ils reproduisent les mêmes performances qu’en Pro B. Malheureusement aujourd’hui, ils sont un peu timorés, un peu timides. On peut même rajouter à ces trois-là Jakim Donaldson qui était un grand leader chez nous depuis deux ans et qui aujourd’hui a un peu de mal à franchir le palier de la Pro A. Ce n’est pas facile pour eux. Auparavant, il y avait moins de joueurs de bon niveau dans leur équipe, moins d’étranger. Là en Pro A, ils sont mieux entourés, il y a plus d’adversaires de très haut niveau et il y a plus d’étrangers. Cela coupe la confiance à certains. Ils ont du mal à être ce qu’est un joueur de haut niveau, c’est-à-dire à jouer un peu moins mais être performant sur un temps plus limité. C’est cela qui aujourd’hui nous pénalise un peu. Cette adaptation à une nouvelle méthode où les joueurs doivent être capables de partager un peu plus, tout en étant aussi performants. On verra s’ils sont capables de franchir la rampe ou pas.

Justement, vous tournez à 11 passes décisives en moyenne. Est-ce un chiffre insuffisant à vos yeux ?

Oui, parce qu’encore une fois, on n’a pas un Warren, un Gray à Gravelines. On a battu Gravelines avec 22-23 passes décisives et 11-12 balles perdues. La vérité doit être là. Si on n’est pas capable de se passer la balle et de partager, on n’a pas ce joueur qui fera la différence. Warren fait 9 passes décisives contre nous et puis David Holston de Dijon en fait 10 contre nous. C’est presque autant que toute notre équipe ! La différence est là. Même si on a été plus adroit sur ce match contre Dijon, la création nous fait défaut et ce partage du ballon également. Il faut que les gars montent leur niveau de concentration et d’exécution. Cela va venir.

Après le match contre Nanterre, vous avez rendu hommage aux supporters du Portel. Est-ce que votre Chaudron vous fera gagner des matches cette année ?

Oui, cela sera un paramètre important mais ce sont quand même les joueurs qui mettent les paniers. Donc il ne faut pas non plus trop compter sur les autres. Bien sûr, c’est une chance fantastique. J’ai fait beaucoup de matches en Pro A, en Pro B aussi. J’ai fait une centaine de matches en coupe d’Europe. Je n’ai jamais vu une équipe perdre de 20 points avec un public debout qui ne cesse de l’encourager. J’étais impressionné (contre Nanterre). Je l’ai signalé aux joueurs après le match ; ce genre de choses ils ne le retrouveront nulle part ailleurs. Cela doit les transcender et ne serait-ce que par respect pour ce public, les joueurs ne doivent jamais se plaindre et toujours donner le maximum. Dans beaucoup de clubs, pour ne pas dire dans tous les clubs, des sifflets seraient partis. Là, il n’y en a pas eu un. Si notre public continue comme cela, il sera sacré meilleur public de France.  Il est à l’image de notre président, très optimiste, très positif.

Personnellement, comment vivez-vous ce retour en Pro A cinq ans et demi après l’avoir quittée ?

Je l’attendais avec impatience. La vie est parfois drôlement faite puisque je l’ai quittée après avoir fait monter Limoges en Pro A. J’ai été licencié rapidement (en janvier 2011) - et je dois avoir le record du coach qui a passé le plus de temps à Limoges depuis Maljkovic. Je savais que si ma santé me permettait de re-coacher en Pro B, à un moment ou à un autre je retrouverais la Pro A. Je ne cache pas que je pensais plutôt qu’un président d’un club de Pro A allait me solliciter plutôt que de faire monter cette ville de 10 000 habitants avec un budget de milieu de tableau de Pro B. Mais si j’avais à choisir maintenant, je préfère amplement cette deuxième option. Ce club a donné beaucoup pour moi comme je pense avoir donné beaucoup pour lui. Même si cela va être très compliqué cette année, c’est une immense fierté de pouvoir guider ce club en Pro A.

Ses trois plus grands moments en carrière

Entraîneur pro depuis vingt ans, Éric Girard est l’un des six entraîneurs de Pro A en activité à avoir été sacré Champion de France. Le Choletais a également participé deux fois à l’Euroleague, avec Cholet (1999-00) et Strasbourg (2005-06). L’entraîneur du Portel s’est arrêté sur les trois plus grands moments de sa riche carrière :

Vainqueur de la Coupe de France en 1998 avec Cholet

« C’est le premier trophée remporté avec Cholet qui n’avait pas gagné de trophée dans son histoire. C’était ma deuxième année de coaching, dans un club qui était à l’époque un des clubs phares du basket français. J’espère franchement qu’il le redeviendra. Etant Choletais, ça a été un grand moment et une vraie rampe de lancement. »

Champion avec Strasbourg en 2005

« On a gagné un peu à la surprise générale. On avait un budget et une organisation corrects, sans plus (4 M€ à l’époque), une rotation de 8-9 joueurs. Je suis estomaqué de voir l’évolution du club de Strasbourg depuis mes dernières années. Ils ont changé de dimension. Quand j’y suis retourné l’année dernière pour dédicacer mon livre, à l’invitation de Martial Bellon, j’ai mesuré combien ce club a évolué ces dernières années. Il faut rendre hommage au nouveau président. »

Finaliste des As et 8e de Pro A avec Le Havre en 2002-03

« C’était une saison particulière et très agréable à vivre. On n’avait pas d’argent.  C’était l’arrivée de Ricardo Greer, Jermaine Guice, des garçons qui ont ensuite été MVP. On a joué une finale comme dans tous les clubs où je suis passé. C’est la chose dont je suis le plus fier. Qualifier Le Havre pour la première coupe d’Europe de son histoire, ça me parait irréaliste. »

(Source : LNB)

Autres actualités

Jeep® ÉLITE
05.10.2016

ITW Cyril Akpomedah : « Énormément de bons souvenirs »

À 37 ans, Cyril Akpomedah a décidé de mettre un terme à sa carrière de basketteur. Avec six ans passés au sein du BCM dans le costume de capitaine, le meilleur contreur de l’histoire de la LNB...
En savoir plus
Jeep® ÉLITE
03.10.2016

Les vidéos du match Cholet-Châlons (01-10-16)

Cholet Basket vous propose de revivre la rencontre qui opposait Cholet à Châlons le 1er octobre 2016.
En savoir plus
Jeep® ÉLITE
03.10.2016

Vidéos : Les réactions après Cholet-Châlons (01-10-16)

Le coach de Cholet Philippe Hervé et son ailier Ben Dewar, ainsi que le coach de Châlons-Reims Nikola Antic, reviennent sur la rencontre du 1er octobre 2016 opposant CB au CCRB.
En savoir plus