ITW Éric Micoud : "Le côté athlétique des joueurs a connu une grosse évolution"

01.07.2014

Éric Micoud revient sur sa carrière, vous raconte sa reconversion en tant que journaliste/consultant et vous confie en toute objectivité sa vision des deux saisons passées à la SIG au cours desquelles il a cumulé 13 points, 2,2 rebonds et 4 passes en moyenne.

Pour les plus jeunes, Eric est avant tout l’une des ‘‘voix’’ basket, synonyme de NBA. Mais auparavant, il a été le premier Français à partir tenter un cursus lycée puis université aux Etats-Unis. Il a également porté le maillot de l’équipe de France à 20 reprises. Meneur percutant, sa carrière est riche de 13 saisons en ProA. Il a joué à la SIG de septembre 1996 à juin 1998, portant le maillot rouge et blanc à 64 reprises toutes compétitions confondues. Il a connu la saison qui a vu la relégation de la SIG en ProB. Une saison où il aura fallu attendre la 11ème journée pour voir la SIG remporter son premier match face au futur finaliste, Limoges, avec 17 points et 7 passes décisives d'Éric. Il vous confiera, sans tabou, son sentiment sur cette triste saison où la SIG ne connut que 6 victoires en 30 matches de ProA.

Mais avant cela, il a tenu à raconter lui-même, avec objectivité ses choix de carrière et sa nouvelle vie de consultant basket à la télévision. Morceaux choisis, d’un entretien d’une heure avec Éric Micoud où bonne humeur, confidences et anecdotes se mélangent pour vous offrir un témoignage des plus enrichissants et intéressants.

Salut Eric, comment vas-tu ? Peux-tu rappeler ton parcours aux plus jeunes qui ne te connaissent pas bien ?

Je vais bien. Je profite de mes vacances après une longue saison de NBA aux commentaires sur BeinSport. Pour revenir sur ma carrière, je suis parti à 16 ans aux Etats-Unis. J’avais la pression de mes parents pour décrocher une bourse, car ils ne pouvaient pas me payer l’université. J’ai joué deux belles saisons en high-school. Suite à cela, j’ai eu des offres de bourses pour quasiment toutes les universités du top 15 NCAA : Arkansas, Temple, Maryland ou Georgetown par exemple. J’aimais la région de Washington donc j’ai choisi Georgetown. J’ai eu beaucoup de temps de jeu la première année, mais, la seconde, je me suis retrouvé second à mon poste et mon temps de jeu a chuté de 20 à 5 minutes par match. Je me suis posé pas mal de questions. Je devais faire mon service militaire. Après réflexion, j’ai décidé de laisser ma bourse mais avec la possibilité de la récupérer à mon retour. Je pensais revenir après mon service… sauf que ce ne fut pas le cas et j’ai choisi de lancer ma carrière en France.

Il faut dire aussi qu’entretemps, ils ont donné ta bourse à un certain Allen Iverson…

Oui c’est vrai. Forcément je suis resté lucide ; j’ai regardé le temps de jeu que j’allais avoir à mon retour, avec Allen comme première rotation, et je me suis dit qu’il valait mieux commencer ma carrière professionnelle. Donc en 1994, j’ai signé à Jet Lyon qui m’a prêté en ProB à Besançon. On a été champions, malgré une année en dents de scie. La seconde année, Lyon m’a réintégré à son effectif. C’était difficile. En fin de saison, le sponsor principal quitte le club et on se retrouve relégué administrativement. C’est à ce moment-là, en 1996, que j’ai signé à Strasbourg. J’ai joué 2 ans à la SIG. Après Strasbourg, je suis allé à Cholet où je suis resté trois ans. J’y gagne la Coupe de France en 1999 contre la SIG au passage… En 2001, je signe à Paris 3 ans, avant de m’engager en 2004, à la JDA Dijon pour deux saisons. À Dijon, j’ai dû me faire opérer du tendon d’Achille, m’empêchant de terminer la saison et loupant la finale de coupe de France. Je me suis retrouvé dans une situation où les clubs se posaient des questions sur mon physique. En plus, il faut être objectif, j’avais la réputation de quelqu’un qui aime bien profiter de la vie, donc beaucoup de clubs de ProA hésitaient à m’engager. Je suis donc parti en Italie, à Livourne, pour remplacer un joueur, pendant un mois et demi. Ils m’ont proposé de prolonger quelques mois, mais entre-temps, j’ai eu ma fille donc j’ai choisi la stabilité en signant à Evreux en ProB, à Noël 2007. J’ai fini la saison, et même si j’avais envie de retourner en ProA, je suis resté à Evreux car je m’y sentais bien. J’y ai joué mes deux dernières saisons pro avec un jeune coach, qui maintenant se révèle: Rémy Valin. J’ai arrêté ma carrière peut-être sur un coup de tête mais je voulais me concentrer sur l’après-basket.

Tu es maintenant devenu commentateur. Est-ce une reconversion voulue ? Comment c’est arrivé ?

Je pense qu’il faut être au bon endroit, au bon moment ! Honnêtement, ce n’était pas une reconversion prévue. Ce n’est pas le genre de boulot où tu te dis : “Je serai consultant basket à la télé”! On est choisi, si on a de la chance. Pour ma part, j’ai commencé par faire un DU de droit du sport à la Sorbonne. Un jour, j’ai entendu dire que MCS (ndlr : Ma Chaine Sport) chercherait, peut-être, un consultant basket. J’ai contacté le patron, Jean-Yves Dhermain, qui m’a dit qu’il y avait Crawford Palmer en place et qu’il n’avait pas besoin d’un autre consultant. Sauf que, deux jours plus tard, il me rappelle et me demande de venir commenter deux matches dans la nuit car Craw’ était malade. Je n’étais pas prêt, mais j’ai dit oui tout de suite. Je le remplace, ça se passe bien et il décide que Craw’ et moi allons nous partager le poste. Puis, un jour, Xavier Vaution de BeinSport m’appelle et me demande si je suis dispo dans trois heures pour venir commente les JO de Londres ; j’ai dit oui direct ! Finalement, je commente tous les matches des JO, puis je parle avec Xavier de la NBA qui me dit : «Oui, si on a la NBA, tu bosseras avec nous ». Durant l’été, je vois qu’ils ont les droits de la NBA et c’est comme ça que je me suis retrouvé consultant basket pour BeinSport.

Lorsque l’on regarde un match avec toi, Monclar, Singleton, Reverchon et Vaution, on a l’impression de voir une bande de potes qui ne se prend pas au sérieux, que ce soit au micro ou sur le parquet. Est-ce que c’est ça, la recette d’une équipe qui gagne ?

Oui on s’entend tous super bien. Pour qu’une équipe fonctionne, il faut des gars complémentaires. Le boss, c’est Monclar. La voie américaine avec l’humour, c’est Singleton. Moi, je représente l’ex-joueur qui a eu une expérience NCAA et qui est encore proche de la génération équipe de France actuelle. Je fais un peu le tampon entre eux et les joueurs. Tu rajoutes des mecs comme Reverchon et Vaution, qui s’éclatent, ça donne un truc bien. Rien n’est forcé! On est tous différents et c’est ça qui fait que ça fonctionne. On est conscient d’avoir de la chance, mais on bosse énormément pour rendre tous les matches intéressants. Même pour un match « pas sexy » à 4h du matin, tu as des fous furieux de basket qui sont là pour regarder, donc la moindre des choses c’est d’être pro pour eux.

Qu’est ce que ça donne une équipe de basket avec vous cinq, maintenant ?

(rires) Vaution, « la baguette », au moindre choc, il ne tiendrait pas. Reverchon joue intérieur, mais avec son 1m90, il aurait bien du mal. Chris, je demande à voir. Moi, je ne suis pas si vieux que ça, j’ai encore la forme, même si je dois perdre 4 ou 5 kilos (rires). Et puis Jacques, il ne peut plus courir avec ses genoux en carton ; on le mettrait coach !

Plus sérieusement, tu es aussi coach à Yerres, c’est bien ça ? Qu’aimes-tu dans ce boulot ?

Oui, c’est bien ça ! Un pote m’a demandé de venir les entraîner. Je n’ai jamais voulu entraîner à haut niveau et être tout le temps éloigné de la famille. Donc, là, un match le week-end, dans le département, c’était parfait. J’aime bien essayer d’apporter mon expérience, mais à la base, avec des jeunes ! Après une première bonne saison, je leur ai dit qu’il fallait jouer la montée ! Les gars ont entre 16 et 45 ans et sont super impliqués ! J’ai un pote préparateur physique de haut niveau qui est venu leur montrer qu’il ne suffit pas d’avoir 500 euros d’équipement pour être bon ! Il leur a montré les choses importantes, même si au début ça les a fracassé (rires). Grâce à lui, ils ont eu une sorte de routine d’entraînement de d’échauffement et ils l’ont suivi ! À la fin de la saison, nous sommes montés comme prévu. Je pense que la saison prochaine je vais jouer un peu avec eux.

Depuis ta retraite sportive, la ProA a beaucoup évolué. Comment juges-tu cette évolution ?

L’évolution je l’ai vue surtout au niveau des gabarits. Le côté athlétique des joueurs a connu une grosse évolution. Au niveau purement technique, je ne pense pas que ça joue forcement mieux au basket, maintenant. Ça joue différemment, plus vite. À l’époque, c’était impossible ou presque pour un Français de jouer en NBA. Les Américains rigolaient quand on leur parlait du basket français. Quand tu vois des joueurs comme Moustapha Sonko ou Alain Digbeu, qui avaient un vrai niveau basket, et qui n’y arrivaient pas… et maintenant tu as des mecs de ProB qui sont draftés sur un potentiel physique et athlétique… À l’époque, c’était impensable ! Ça s’est beaucoup ouvert. Après quand tu vois l’investissement de joueurs comme Tony, Boris ou Nico, c’est forcément une bonne chose pour le basket français. C’était impossible à notre époque. Ils ont les moyens financiers pour faire grandir les clubs.

La SIG aussi a énormément évolué ces dernières années. As-tu suivi cela ?

Déjà, quand tu as joué dans le vieux Rhenus et que tu vois le nouveau, tu te dis que le club a bien changé (rires). La SIG a évolué, normal, il fallait que ça évolue ! Il y a eu la très bonne période Éric Girard qui a lancé les choses peut-être. Maintenant, Aymeric Jeanneau s’est impliqué dans le club, c’est une bonne chose aussi. Mais je pense que Strasbourg a les moyens de voir encore plus haut. Le club évolue mais c’est normal, voire logique, car Strasbourg a les moyens de s’affirmer longuement. Je ne parle pas qu’en ProA… Strasbourg a les moyens de jouer régulièrement l’Euroleague !

Revenons en arrière et sur ton passage à la SIG. Les saisons 97 et 98 étaient plus difficiles au niveau des résultats. Quels souvenirs gardes-tu de ces deux années ?

La première saison était correcte d’un point de vue individuel. Après au niveau de l’équipe, je dirai une première saison qui se passe bien. La deuxième, c’était différent. Je l’ai assez mal vécue. C’était un stress permanent. On avait une équipe de bons gars mais on avait des Américains mercenaires ! Là où je l’ai mal vécu, c’est que les trois quarts des joueurs partaient en fin de saison, pendant que moi, j’avais encore un an de contrat. On fait une saison catastrophique et je voyais que j’allais devoir jouer en ProB la saison suivante. J’avais l’impression qu’on était quelques uns dans la m… et que les autres, quoiqu’il arrive, trouveraient un autre contrat et que la descente ne les blessait pas. Une saison-galère, très difficile. Après les dirigeants m’ont laissé partir à Cholet, où je fais presque la meilleure saison de ma carrière. Je leur dois beaucoup car ils n’étaient pas obligés, et pouvaient me garder.

La première année, l’équipe n’avait que 9 joueurs pros, la seconde s’est finie avec une relégation en ProB malgré un effectif plus dense. Comment expliques-tu cela ?

La première saison on finit 11e, c’est pas super mais ça passe. Mais la seconde, avec des mecs qui partaient puis revenaient, c’était catastrophique pour moi ! Quand tu es meneur et que tu as ton équipe qui change tout le temps, c’est dur. Sans parler de certains Américains qui jouaient que pour faire leurs stats… Le résultat final, la descente, était vraiment, vraiment, dur…

Beaucoup de regrets en tout cas…

Non, je n’ai pas de regrets ! Tu sais quoi ? C’était peut-être la saison la plus difficile de ma carrière, mais en même temps, c’est à Strasbourg que je me suis fait mes meilleurs amis. Là je suis à Bordeaux, en vacances, dans la famille de mon meilleur ami, que j’ai rencontré à Strasbourg. Lui et sa famille, la famille Prunier, sont des fans inconditionnels de la SIG. J’ai rencontré beaucoup de belles personnes et je reste très attaché à ce que j’ai vécu à Strasbourg.

Malgré les résultats est-ce que tu as une anecdote de ton passage à la SIG ?

Oui, mais ce n’est pas du basket. La première année à la SIG correspond à celle où je me teignais les cheveux. J’étais blond. Je me rappelle qu’avant le dernier match contre Limoges, tous les joueurs de l’équipe étaient venus chez moi et je leur avais décoloré les cheveux. On a joué le dernier match avec 10 joueurs blonds. Demande à Olivier Weissler, il doit encore s’en souvenir je pense…

Justement, Olivier est devenu le directeur du centre de formation de la SIG. Comment était-il comme coéquipier ?

Je me souviens d’un été, après mon départ à Cholet, où il est venu chez moi s’entraîner en attendant de savoir si son contrat allait être prolongé ou non… On était resté en contact et il est venu bosser 15 jours pour garder la forme. Olivier était un bon joueur, bosseur… Un bon gars aussi ! Le suivre à la bière est assez compliqué (rires) !

Es-tu toujours en contact avec des gens à Strasbourg ?

J’essaye de venir à Strasbourg au moins une fois par an. Il y a mon meilleur pote, Arnaud, avec qui je suis donc très proche. Gérard, qui s’occupe de la sécurité et du placement au Rhenus avec qui je suis resté en contact. Tous les Noëls, il m’envoie du Gewurztraminer et des bredele. Arnaud Justini, aussi, qui est un passionné de la SIG avec qui je suis devenu ami… Des potes qui ont des restaurants. J’ai toujours dit que Paris c’est bien pour le boulot, mais ma ville préférée, pour vivre, c’est Strasbourg. Voila pourquoi la plupart de mes amis sont Strasbourgeois.

Un message pour les fans ?

Continuez à supporter et à rester fans de ce club. Peut-être qu’au niveau basket, la SIG ne m’a pas apporté de titres ou de très grands moments, mais ça reste un club auquel je suis très attaché. Au niveau des rencontres, et du plaisir, il m’a apporté vraiment beaucoup de choses.

(Source : sigbasket.fr)

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