ITW Germain Castano (Boulogne) : « Si j’avais voulu plus d’argent, j’aurais quitté Boulogne »

23.05.2016

Le coach de Boulogne Germain Castano se livre dans un long entretien. Il revient sur la saison décevante de son club et ne se cache pas derrière les autres pour expliquer la cascade de blessés qui a accablé son effectif. Il aborde sa prolongation de contrat, ses doutes et le recrutement bien sûr, dans un contexte budgétaire serré, peut-être encore plus que d’habitude.

La déconfiture à Boulazac, c’était le match de trop ?

On encaisse 98 points. Sur un match important, équivalent aux playoffs pour nous. Ce genre de matches que tu gagnes en défense, donc… Pour gagner, il aurait fallu mettre 100 points. J’ai dit aux joueurs qu’on faisait fausse route. En début de match, Corosine est chaud, mais on en caisse déjà 50 pts. Je leur ai dit qu’on n’y arriverait pas comme ça, qu’il allait falloir changer, gagner des duels mais bon, on y était pas. Soyons honnêtes aussi, Boulazac était aussi trop fort pour nous. À domicile, ils sont intenses et jouent bien au basket. C’est leur 9e victoire de suite dans leur salle. L’un dans l’autre, c’était dur. En playoffs, bon courage à celui qui devra aller gagner là-bas. Pour Le Portel, à choisir, je préfère pour eux d’aller à Bourg qu’à Boulazac, ce n’est pas la même dynamique.

La saison s’est finie prématurément. Mais, au moins, humainement, cela s’est-il mieux passé qu’en Pro A ?

(Sourire). C’était le jour et la nuit mais bon, on partait de tellement bas que la moitié de ce qu’on a vécu m’aurait suffi. Humainement, c’était fabuleux, ils étaient même peut-être trop sympas… Le reproche que je leur fais, c’est qu’ils ont parfois manqué de caractère. Il y avait des cadres mais il manquait des leaders dans ce groupe jeune.

Si on compare avec l’équipe qui est montée il y a deux ans, quelle est la différence ?

Ah ben comparons. On avait 11 joueurs, contre 7 et demi cette année (Wallez et Biog ont peu joué, Joss Rauze est arrivé tard). On avait un leader (Peacock) qui giflait celui qui ne s’entraînait pas, un brin casse-c... mais avec ses qualités, un West qui tenait tout le monde en défense. Cette année, on n’avait rien de tout cela. Ils étaient gentils. J’avais envie de leur dire « soyez plus durs, trichez un peu ». Mais Prénom et Corosine sont très introvertis, Sim et Goulbourne aussi, ce ne sont pas des vocaux. Ils étaient tous dans le même moule. Quand ça gagne, ça va mais pour se mettre sur la gueule, c’est plus délicat… Joss Rauze avait plus ce caractère, c’est un soldat, mais quand il a voulu insuffler un nouveau souffle, sa blessure l’a fauché en plein vol. C’est retombé de suite. Il était très frustré.

Vous avez eu en plus beaucoup de blessés ?

Oui, et je pourrais me cacher derrière, mais ce serait de la lâcheté. À un moment donné, le staff est peut-être responsable. On n’a pas forcément été à la hauteur, on a trop tiré dessus. Certains matins, j’aurais peut-être dû en laisser chez eux. Est-ce que la préparation physique a été bonne ? Là aussi, je m’interroge et c’est ma responsabilité car j’avais demandé qu’elle soit courte. La malchance était là mais elle ne fait pas tout. Et il n’y avait personne pour les remplacer sur le marché.

Personne de disponible avec les moyens du SOM Boulogne ?

Oui, voilà. Avec ce qu’on avait, on a eu Miller et Georgiev. Sans les accabler, ils ne nous ont pas beaucoup aidés. Avec un petit peu meilleur que Miller, on serait peut-être en playoffs. Mais je remercie mes dirigeants d’avoir essayé. Ils auraient pu dire que le maintien était assuré mais ils n’ont pas voulu gâcher notre début de saison.

La blessure de Sim a quand même tout compliqué ?

Sa blessure est frustrante car on ne s’attend pas à ce qu’elle soit si longue. C’est une fracture très rare, batarde. C’était un joueur de haute qualité. Il ne faisait pas tout mais il y avait une dépendance, j’aimerais dire le contraire mais… Notre axe Sim-Prénom était essentiel dans notre équipe. Sim a été très très bon grâce à Prénom et ses écrans et vice versa.

Prénom, c’est l’autre frustration. On en attendait encore plus…

C’est un joueur très efficace s’il joue 25 minutes. Ce n’est pas lui faire injure que de dire ça. S’il reste plus longtemps sur le terrain, il retombe dans ses travers. Peu athlétique, peu rapide. Et il devient moins efficace. Le souci, c’est que lorsque tu as le meilleur pivot français de Pro B et que donc, tu l’as payé un certain prix, tu as envie de le faire jouer tout le temps. Il est arrivé blessé, il est bien revenu et a bien fini mais pendant l’hiver, il s’est ressenti de son genou et s’entraînait que deux fois par semaine.

Mendy et Goulbourne, deux vraies satisfactions en revanche…

Goulbourne, super trouvaille. Il est fait pour la Pro B, très bon rebondeur. Mendy, j’en suis très content. Il faut savoir qu’en deux ans, au Mans, il avait shooté 38 fois… Forcément, devenir un joueur majeur, ça prend du temps, il est toujours sous contrat. Il est précieux car il défend sur tous les postes, du meneur au pivot.

Enfin, les jeunes, ce ne fut pas une grande réussite hormis Rozenfeld. Wallez notamment…

Rozenfeld, j’ai beaucoup aimé. J’aimerais le garder, il fera une très belle carrière. Il aspire à plus de minutes mais peut-on le faire jouer plus ? On réfléchit. Wallez, lui, c’est une vraie frustration. Il a toutes les qualités, mais il doit travailler la compréhension du jeu. Savoir ce qu’on attend de lui, c’est-à-dire ne pas seulement mettre des points. Il en a mis 26 dès le premier match amical et ça ne lui a pas rendu service. Il pourrait dominer en Pro B, j’ai ma part de responsabilité, j’espère que quelqu’un arrivera à le faire éclore. Quant à Biog et Binvignat, c’était trop juste pour la Pro B.

Abordons le sujet de votre prolongation de deux ans.

Boulogne s’est positionné il y a plus de deux mois en soulignant sa confiance. On est toujours flatté de recevoir une telle offre mais, vu nos résultats, j’ai préféré me concentrer sur le sportif.

Puis vous avez été contacté…

Oui, Vichy-Clermont m’a fait une très belle proposition. Je tiens à préciser que c’est le coach lui-même qui m’a appelé, c’est un ami. J’y ai réfléchi, c’était la moindre des choses car l’offre était plus que décente. J’ai pesé le pour et le contre. Sur plusieurs sujets, le président de Boulogne m’a convaincu que l’histoire ici n’est pas finie. Si j’avais voulu plus d’argent, je serais parti. Je suis ambitieux, mais le sport, c’est aussi une histoire d’hommes, de partage. Les rencontres, ça m’excite davantage que quelques euros de plus. Mais, après 7 ans, on se pose des questions, je ne voulais pas faire les années de trop. L’ère Castano n’était-elle pas terminée ? Mais j’ai été rassuré.

Avec le même staff ?

(Hésitation). Pas forcément. Je veux toujours progresser, optimiser tout ce qui se passe sur le terrain. Donc je réfléchis, car l’assistant fait partie de tout cela. Je me pose des questions car c’est mon métier de le faire. Je ne veux pas être juste dans le confort en repartant avec le même, je ne veux pas m’endormir.

Niveau effectif, quelle sera la stratégie pour l’an prochain ?

Comme cette année, on ne pourra pas prendre 10 joueurs. Il faudra faire des coups. Ma réflexion, c’est que 7 joueurs majeurs comme cette saison, c’est trop juste. On en prendra huit, à nous de faire les bons choix et de faire très attention au niveau du huitième. Le 9ème et le 10ème ne joueront plus en N3, mais comme cette saison, ils seront d’abord là pour s’entraîner, sans les dévaloriser. On va tenter de cibler des joueurs de caractère pour combler nos lacunes de cette saison.

Des joueurs ont-ils déjà signé ?

On a signé le Cubain Grismay Paumier (ex-Berck, ex-St-Chamond en Pro B). Un pivot efficace pour la Pro B et qui aura le statut Cotonou (l’an prochain, on n’aura droit qu’à deux Américains plus deux étrangers supplémentaires mais seulement s’ils ont un passeport Cotonou ou Bosman). Mendy et Corosine sont sous contrat. Pour Sim et Goulbourne, on n’a pas les moyens de faire de surenchère. S’ils se sentent bien ici et qu’ils acceptent de rester avec une (petite) augmentation, ok, sinon… On ne va pas se mentir, ce sera difficile, des clubs plus riches m’ont déjà appelé pour prendre des renseignements.

Reste Prénom. Il reste ? Il part ?

On a envie de ce profil-là en pivot français dominant. Maintenant, c’est une question d’argent. Boulogne, on a de la chance, le club plaît, et lui, il a l’air d’être très très bien là. J’ai cru comprendre qu’il n’était pas complètement content de sa saison et qu’il voulait détruire la Pro B l’an prochain. On ne peut pas dire d’un joueur pareil « j’en veux plus ». On va voir.

(Source : La Voix du Nord)

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