ITW Jonathan Rousselle : « Philippe Hervé est l’homme de la situation »

25.10.2016

Seul rescapé de la saison dernière dans l’effectif choletais, Jonathan Rousselle (1,90 m, 24 ans) apprécie d’autant plus le renouveau de CB après deux tristes exercices (13v-21d puis 10v-24d). Le meneur-arrière nous raconte son équipe de l’intérieur. Un témoignage riche et instructif.

Jonathan, avant la semaine dernière, tu n’avais encore jamais gagné à Limoges. Est-ce que cette victoire à Beaublanc représente quelque chose pour toi ?

Oui, pour quelqu’un qui connait l’histoire de la Pro A et du basket en général,  gagner à Beaublanc c’est quelque chose. Tu peux le cocher. Maintenant, je pense que les années précédentes c’était beaucoup plus périlleux que cette année. C’était le bon moment pour essayer de gagner là-bas et c’est fait. C’est toujours sympa de pouvoir gagner dans une ambiance aussi hostile.

Cela a été un match bien maitrisé de la part de Cholet, qui a suivi une première victoire à Nancy. As-tu l’impression que votre basket se met en place tranquillement ?

Oui c’est clairement cela. Notre début de saison est cohérent dans le sens où, à Pau, on peut prendre le match. Cela se joue à une possession (79-81).  On a fait un bon match là-bas. Le seul bémol, c’est qu’on perd chez nous contre Châlons-Reims. Mais on voit que Châlons-Reims voyage très bien (depuis, le CCRB a gagné à l’Astroballe). Recevoir en début de championnat ce n’est pas cadeau parce que beaucoup d’équipes gagnent à l’extérieur (près de 40% de victoires à l’extérieur avant Cholet-PL). Ca met un peu plus de pression. On a vu à travers nos deux victoires à Nancy et à Limoges que notre basket se mettait en place.  On se trouve de mieux en mieux et cela va aller en s’améliorant.

C’est ta troisième saison à Cholet. Qu’est-ce qui t’a poussé à rempiler pour deux ans cet été ? L’arrivée de Philippe Hervé y a-t-elle été pour quelque chose ?

Le club avait la volonté de me signer, mais je ne me voyais signer ne sachant pas qui était l’entraîneur. Donc j’ai attendu patiemment de voir qui serait le coach. Une fois que Philippe a signé, on s’est rencontré. Le feeling est très bien passé. On a parlé pendant des heures. Il m’a dit ce qu’il prévoyait de faire avec l’équipe, avec moi. Il m’a expliqué quelle était sa vision du basket, qui peut être différente de celles de coaches que j’ai côtoyés auparavant. Il fallait m’imaginer là-dedans et savoir si je pourrais y arriver. Cet entretien a été super important. Lui voulait continuer avec moi. Moi je me sentais bien à Cholet au niveau personnel et même au niveau sportif. Malgré les saisons décevantes qui s’empilaient, je pensais qu’il y avait vraiment quelque chose à faire. Je pense toujours que Cholet peut redevenir une place forte parce qu’il y a un fort engouement et un club très bien structuré et sain. Tous ces facteurs m’ont encouragé à re-signer.

« Philippe Hervé m’a dit : je ne te connais pas beaucoup... »

Quel a été le discours de Philippe Hervé. Il pensait que tu pouvais passer un cap avec lui ?

Il m’a étonné parce qu’il m’a dit un truc dont je me souviendrai toujours. Il m’a dit : « très honnêtement, je ne te connais pas beaucoup. » Ça a un peu piqué ma fierté quand même ! Je me suis dit, le mec arrive et au lieu de me dire « j’ai regardé des vidéos de toi, j’ai vu tes points forts, etc… » il me dit je ne te connais pas trop ! (rires). Mais le connaissant maintenant, cela faisait aussi partie d’une certaine communication. Pour lui, je n’étais pas encore capable d’assumer un rôle de meneur titulaire en Pro A. C’est quelque chose que j’ai validé avec lui. Il me voyait en rotation d’un meneur étranger et d’un 2 étranger, c’est-à-dire à cheval sur les deux postes comme j’aime l’être. Je me sens très à l’aise dans cette configuration d’équipe et dans ce rôle.

As-tu l’impression d’avoir évolué depuis que tu joues pour lui ?

Je m’identifie totalement à sa manière de jouer. C’est vraiment un jeu de lecture, un passing game avec la recherche du tir ouvert. C’est un jeu de basketteur, quoi. Ce n’est pas du un-contre-un, ce n’est pas de la recherche de l’exploit athlétique. Dans ce sens-là, je m’y retrouve très bien. Il a aussi une manière de faire au quotidien et une manière d’être qui font que tu es proche de lui. C’est un coach proche de ses joueurs, malgré les coups de gueule qu’il peut pousser de temps en temps (rires). La plupart du temps c’est justifié. Ca fait partie du personnage. En tous les cas, tu as vraiment envie de tout donner pour lui parce qu’il te le rend bien. Il te rend beaucoup de confiance.

Et puis Philippe Hervé était meneur de jeu. Il doit avoir un feeling particulier pour ce poste…

Oui, c’était un meneur de grande taille. Il m’a prévenu qu’il était beaucoup plus exigeant avec les meneurs qu’avec les autres. C’est quelque chose que j’avais déjà entendu auparavant.  Chez lui ce n’est vraiment pas un discours de façade. On doit vraiment bien être prêt à « penser » quand on est sur le terrain.

Ton ratio passes décisives / balles perdues n’a jamais été aussi bon (4 pds / 0,8 bp). Est-ce, plus que jamais, ta priorité de gommer toutes les erreurs possibles ?

Quand tu joues pour Philippe, plus qu’un autre, il vaut mieux penser avant de faire. De toute façon, en arrivant au match, tu sais ce que tu as à faire. C’est très carré. Il y a très peu de marge d’improvisation où tu peux faire des erreurs. Donc à partir du moment où tu respectes ce que tu as travaillé pendant la semaine, si tu es concentré, tu perdras peu de ballons.

« Angel Rodriguez n’a de rookie que le nom »

Cela veut dire aussi que tu as moins de liberté pour t’exprimer, notamment par ton tir extérieur ?

Pas plus que cela. C’est juste que pour l’instant, ils ne sont pas venus vers moi. Cela ne fait que quatre matches donc je ne suis vraiment pas inquiet. Mais je ne suis pas cantonné au rôle de monter la balle et d’annoncer les systèmes. J’ai aussi la place pour m’exprimer. Les tirs, je les aurai parce que tout le monde les a dans cette équipe. Elle est altruiste donc la balle bouge bien.

Ce basket demande un gros Q.I. basket. Philippe Hervé a pris beaucoup de joueurs expérimentés, aptes à comprendre son jeu (Ilian Evtimov, Graham Brown) ou qui avaient déjà joué pour lui (Ben Dewar,  David Noel). Est-ce que, de ce point de vue, tu sens une grande différence par rapport à tes deux premières saisons à Cholet ?

Clairement. Ce sont des joueurs complètement différents de par leurs caractéristiques et leurs caractères. Ces joueurs collent parfaitement dans le moule de ce que veut Philippe. Il n’y a pas de hasard. Après, il y a les très bons côtés mais il y a aussi le revers de la médaille. On n’est pas l’équipe la plus athlétique. Il faut qu’on soit vigilant au rebond parce qu’on n’est pas très vertical. Mais c’est un choix assumé. On se reconnait bien là-dedans.

L’arrivée prochaine du Jamaïcain Joël Wright (2,01 m, 26 ans) devrait vous aider en terme de capacités athlétiques, de verticalité…

Oui, c’est le profil qui pouvait manquer à cette équipe. Il est complémentaire d’Ilian qui joue au large et est très au sol. Wright est beaucoup moins au large, plus près du cercle, avec des qualités de défenseur et de rebondeur. C’est un profil qui peut nous aider sous réserve qu’il arrive un jour (un problème de visa à régler). Et bien sûr sous réserve de son adaptation. Quand tu es jeune, ce n’est pas toujours évident.

Justement, comment se passe l’adaptation des rookies de l’équipe. On pense à Angel Rodriguez (23 ans), qui joue pour la première fois en Europe et à Jerry Boutsiele (24 ans), qui découvre la Pro A ?

Très honnêtement, j’ai eu un petit doute quand ils ont signé un meneur portoricain. Je me suis dit que sur ce poste-là, en Pro A, avec Philippe Hervé, cela pouvait être compliqué. Et en fait, dès le premier jour, je me suis rendu que ce n’était pas un rookie comme les autres. Que c’était un rookie super intelligent, super talentueux et déjà très maturé. Il n’a de rookie que le nom et il colle parfaitement dans cette équipe. Quant à Jerry, il était à bon école parce qu’il était auparavant avec l’ancien assistant de Philippe à Orléans, Jean-Christophe Prat à Denain. Il connaissait déjà un peu le fonctionnement. Jerry a beaucoup de qualité de lecture et il comprend le basket. Il n’y a pas de problème.

"Isaiah Swann est le sosie officiel de Cedrick Banks"

Isaiah Swann entre-t-il également dans ce cadre collectif ou c’est le joueur qui apporte un grain de folie à l’équipe ? Comment le vois-tu ?

Je le vois comme le sosie officiel de Cedrick Banks dans l’équipe d’Orléans à l’époque de Philippe Hervé. C’est-à-dire un gaucher un peu fou-fou avec un super tir et capable de tout faire sur le terrain. Isaiah, c’est vraiment ça. Un peu électron libre mais il est aussi capable de vraiment entrer dans le collectif et d’être investi autant défensivement qu’offensivement. On va avoir besoin de ses exploits individuels, mais il n’est pas qu’un électron libre. Il se fond très bien dans le groupe aussi.

Est-ce qu’avec Ilian Evtimov tu as trouvé ton maître à l’entraînement dans les concours de tirs ?

(Il rit) Clairement ! Ne le connaissant pas trop, je me disais que ce mec devait travailler comme un fou furieux pour avoir cette adresse exceptionnelle. Mais lui c’est vraiment un shooteur naturel. Il travaille sur la sensation plus que sur la répétition. Les seules fois où il fait du rab, c’est quand ses sensations ne sont pas bonnes, pour se remettre bien dans ses baskets. C’est impressionnant. Il a beaucoup de confiance en lui. C’est l’un des meilleurs shooteurs que j’ai vus dans le sens où il ne  doute jamais ! Il peut en rater 5-6, il prendra le tir de la gagne avec la même confiance que le premier.

Comment vit le groupe avec tous ces trentenaires rôdés à la Pro A ?

L’ambiance est super sympa. Qui dit vétérans dit forcément des mecs avec des familles, avec les enfants. On se voit en dehors, on fait des activités. Les femmes s’entendent bien. C’est du bonus. On passe du bon temps. On se construit des relations qui vont durer par la suite. C’est plaisant de faire partie de cela parce que cela n’a pas toujours été évident.

Que peut viser Cholet cette année ?

Vu nos expériences passées, si on commence à avoir des objectifs trop élevés, on va rassembler à des ploucs. (…) Après tout ce qu’il s’est passé, on essaie de reconstruire sur une base stable et bien claire pour tout le monde, pour les dirigeants. Philippe est l’homme de la situation pour cela. C’est bien parti mais il va falloir être patient parce que ça ne va pas se faire en un jour. Il y aura des  hauts, il y aura des bas. On a commencé par deux défaites, il n’y avait pas le feu au lac. Il va falloir passer par plusieurs étapes avant de retrouver le haut de tableau. Il faut juste rester les pieds sur terre. Je pense qu’on va être une équipe solide, pas facile à battre à l’extérieur comme à domicile. On bosse dur et on espère faire la Leaders Cup puis accrocher les playoffs comme toutes les équipes du championnat. Ce serait déjà très bien.

(Source : LNB)

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