ITW Rudy Gobert : "Devenir meilleur défenseur pour marquer l'histoire"

08.06.2017

Rudy Gobert était de passage à Cholet. Le pivot des Utah Jazz, auteur d'une excellente saison ponctuée par des playoffs NBA, a pris le temps de venir saluer les partenaires et les abonnés de Cholet Basket, et de confier à la presse ses sentiments sur son année, et son nouveau statut chez les Bleus. Il parle aussi argent, et avenir de son investissement avec CB. Entretien.

Rudy, qu'est-ce qui explique votre visite, ici, à Cholet ?

On a trouvé un moment pour que je vienne, parce que ça faisait un petit moment que je n'étais pas venu. David (Soulard, directeur général des Meubles Gautier, sponsor de Gobert, N.D.L.R) et Thierry (Chevrier) trouvaient que c'était le moment parfait pour que je vienne. Pour l'académie Gautier (le nouveau nom du centre de formation de Cholet Basket), aussi. Pour l'instant, j'ai y plus un rôle de mentor, en soutien.

Revenir à Cholet est toujours un moment particulier ?

Bien sûr. Je regarde un peu et je me dis qu'il y a quelques années, je marchais dans ces rues. C'est toujours bizarre. C'est à la fois loin et très proche. Ça fait juste quelques années.

Cette année, vous revenez ici avec un autre statut. Vous en avez conscience ?

Bien sûr. J'ai conscience que les gens ont tendance à plus me reconnaître qu'avant. Que les fans de basket me respectent plus qu'avant. Ça se fait petit à petit. Je vis cela avec plaisir. Les choses évoluent, et vont continuer à évoluer.

Quand on vous dit "Cholet", est-ce une image qui vous revient, ou bien un parcours ?

Plus un parcours. Je suis resté six ans ici. Il y a plein de souvenirs.

En dehors du mentor de l'académie Gautier, comment se matérialise votre soutien à Cholet Basket ?

Pour l'instant, c'est surtout au niveau de l'image. Il y a une petite aide financière. Mais pour l'instant, c'est surtout l'image. C'est un premier pas. Pour moi, c'est important. C'est important pour nous, joueurs ayant été formés en France, de rendre aux clubs. Me concernant, ça pourrait être à Cholet, au niveau de la formation. Parce que sans Cholet, je ne serai sans doute pas là où j'en suis aujourd'hui. Donc, il est important d'investir.

Le fait d'investir fait que vous intégrez un projet, que vous avez une exigence. Quelle est-elle ?

Cholet, ça reste un grand nom de Pro A, même s'il y a eu des hauts et des bas. Le club est toujours dans l'élite, et reste mythique. Le but, c'est de regagner, de regarder le haut du tableau. Avec des jeunes. Je regarde les résultats, le classement. Pour voir les matches, c'est plus compliqué, mais je garde un œil.

Parlons de votre saison NBA. Qu'on peut qualifier de "charnière", pour vous ?

Clairement, c'est ma meilleure saison depuis que je suis en NBA. Mais ça n'est qu'une étape. L'objectif, pour moi, est de continuer à évoluer. En tant qu'équipe, et au point de vue individuel.

"Ma progression est globale"

Vous avez découvert les playoffs. Mais d'une façon particulière…

Oui, je n'ai raté qu'un seul match cette saison, et je me blesse sur la première action des playoffs (au genou, face aux Clippers). C'était frustrant, mais j'ai tout mis en œuvre pour revenir. J'ai eu la chance de le faire et d'aider mon équipe à passer le 1er tour. C'était un bon premier run, pour une première expérience en playoffs.

Individuellement, comment jugez-vous votre progression ?

Elle est globale. Offensivement, défensivement, au niveau de l'expérience, dans le leadership. C'est global, mais je peux encore faire mieux.

Vous faites partie du 2e cinq majeur de la saison. Il y a encore un trophée de meilleur défenseur à aller chercher. Ce sont des choses qui comptent, pour vous…

Bien sûr. Au-delà du fait de gagner des matches, ce sont des choses qui marquent. Quand tu finis meilleur défenseur, tu marques l'Histoire. Tu figures parmi les légendes. Ce sont des choses auxquelles je songe. Être meilleur défenseur, c'est quelque chose que j'ai toujours voulu. Et que je veux accomplir plusieurs fois.

Aujourd'hui, vous êtes le patron, sur le terrain, des Jazz ?

On a plusieurs gars qui sont considérés comme des leaders dans l'équipe. Mais les gars savent que je suis là tous les soirs pour me donner à 100 %, et ils respectent cela. On a une équipe très homogène, avec beaucoup de mecs considérés comme les leaders.

Un petit mot sur cette finale entre les Warriors et les Cavs…

Il va y avoir de bons matches (sourire).

Vous avez un favori ?

Pas vraiment…

Vous n'en voulez pas trop à Stephen Curry de vous avoir fait tourner en bourrique ?

Je l'ai contré plus d'une fois (rire). Il fallait bien qu'il me rende la monnaie de la pièce ! Au moins, je ne suis pas tombé (rire).

Parlons de l'équipe de France. Vous avez décidé de ne pas participer à l'Euro, l'été prochain. Ça a été une décision compliquée ?

Bien sûr. On sait que j'ai un gros attachement à l'équipe de France. Je n'ai jamais manqué de compétition. Ça a été une décision difficile à prendre. Mais c'était important pour la suite de ma carrière. Ce sera un été tournant. Il fallait vraiment que je prenne le temps de travailler. Pour les prochaines campagnes de l'équipe de France.

Votre blessure au genou a été l'élément déterminant dans votre décision ?

Ça l'a validée. J'attendais de voir comment allait se passer la fin de saison. Et puis, après, il y a eu la cheville… J'étais bien, mais j'ai pris un coup sur le genou. Ce genre de blessure, il ne faut pas la prendre à la légère.

Votre franchise n'avait été chaude pour vous laisser partir aux Jeux Olympiques de Rio. C'est un autre élément qui est venu dans la balance, cette année ?

C'est vrai qu'aux JO, c'est moi qui suis allé à l'encontre de ma franchise pour y aller. Ils ont respecté mon choix, même s'ils avaient préféré que je n'y aille pas. Mon contrat était aussi en négociations depuis juillet. J'aurais pu signer avant. Ils m'ont dit : si tu vas aux JO, on ne peut pas le signer avant. J'ai repoussé la signature…

"Ma réussite ? J'ai parfois été le seul à y croire !"

Il y aura désormais de nouvelles fenêtres de matches internationaux. Est-ce que cela va compliquer le fait de conjuguer la saison NBA et l'équipe de France ?

Ça n'a jamais été facile. Si les choses sont bien faites… Mais là, pendant la saison, ça va devenir impossible. Hors saison, oui, on peut toujours s'arranger.

Vous êtes amené à devenir l'un des piliers de cette équipe de France. Vous en avez conscience ?

C'est ce que je veux. Je veux en être un leader. Je crois que l'on peut faire de grandes choses.

Le départ des certains joueurs, dont celui de Tony Parker, va être quelque chose qui va être difficile à digérer ? Il faudra du temps ?

Il y a du changement chaque année. Quand des gars comme Tony partent, ce sont de plus gros changements encore. C'est clair. Mais on a des gars comme Nico (Batum), Nando (De Colo), des plus jeunes comme Evan (Fournier), Joffrey (Lauvergne) ou moi qui ont de l'expérience et qui sont prêts à prendre des responsabilités.

Votre contrat avec les Jazz, qui fait de vous le sportif français le plus payé, est-ce une grosse pression ?

Pas vraiment. La pression, je me la mets pour être le plus fort possible. Je me la mets déjà, et ce n'est pas l'argent qui change mes objectifs ou ma façon de travailler. Je vois plus ça comme une sécurité. Mon club croit en moi, et je crois en mon club. On peut faire de grandes choses. Et c'est comme ça que je le vois. C'est une fierté que d'être reconnu.

Après la draft NBA, il y a des sessions d'apprentissage de la vie de basketteur professionnel en NBA, notamment sur la gestion de l'argent. Est-ce que les franchises accompagnent, aussi ?

Un peu. Les franchises font des meetings. On a pas mal de gens qui viennent, qui alertent sur les jeux d'argent, des choses comme ça… La NNA fait beaucoup d'efforts là-dessus. On sait ce qui peut nous arriver.

Aux Etats-Unis, l'argent est un motif de fierté. En France, c'est vu différemment. Vous sentez le décalage ?

Oui. Les commentaires négatifs sont toujours plus présents côté français. Je ne vais pas les citer, mais la France a du mal à voir les gens réussir. C'est dommage. Parce que quand les gens font des sacrifices pour être le meilleur dans ce qu'ils font, c'est important d'avoir de la reconnaissance. Mais ce n'est pas pour cela que je joue.

Ça a déjà changé votre vie ?

Quand je suis arrivé en NBA, ma vie avait déjà changé. Mais elle n'est pas si compliquée que ce que l'on pense. Ce que je me suis offert avec mes contrats ? Je n'ai pas fait de grosses folies. Je me suis acheté ma voiture, et ma maison.

En dehors du basket, vous avez émis l'hypothèse d'investir dans le rap…

Non, c'est plus dans le côté amateur, loisir. Je ne pense pas m'investir là-dedans, mais on ne sait jamais. Si je m'avère être bon là-dedans, pourquoi pas ?

Quand vous étiez à Cholet, vous aviez imaginé ces choses-là, ces contrats, cet argent et cette réussite ?

C'est ce que j'ai toujours ciblé, c'est ce que j'ai toujours voulu faire. Même si j'ai parfois été le seul à y croire… C'est à la draft que tu franchis la barrière. Mais c'est après que les choses les plus dures commencent. Le deuxième moment clé, c'est quand je passe titulaire. Je me suis dit que l'équipe croyait en moi. La saison prochaine, je vais être attendu. Je suis considéré comme un joueur majeur et désormais, les gens m'attendent. Chaque année, il y a une marche à franchir. Je me sens scouté.

Le Jazz qui retournerait en finale NBA, ça suffirait à raviver, voire fire oublier, le duo Stockton-Mallone d'il y a quelques années ?

On ne joue pas le même basket qu'à l'époque. Mais on vise de jouer cette finale, on veut gagner le titre dans les années qui arrivent. Et on va s'en rapprocher. À Salt Lake, les fans ont toujours été fidèles mais là, tu sens que la flamme se rallume. Les fans sont excités. En playoffs, j'ai vraiment vu une sacrée ambiance !

Pendant la saison, Warren Woghiren, de l'académie Gautier, est venu vous rendre visite. Que pouviez-vous vraiment lui transmettre ?

Au-delà du basket, le plus important est de croire en soi. C'est d'avoir des rêves et des objectifs. Pour Warren, on m'avait dit qu'il avait parfois tendance à avoir un mal de confiance en lui. Je lui ai dit de ne pas avoir peur. D'être un guerrier. S'il ne croit pas en lui, personne ne va croire pour lui. Je lui ai dit d'être agressif. Alors qu'il avait tendance à se refermer sur lui-même.

La confiance, vous l'avez travaillée seul ? Ou vous avez eu des mentors ?

Bien sûr, des gens m'ont aidé. Mais le travail, c'est d'abord à toi de le faire, dans ta tête. Même moi, qui suis très confiant, j'ai des choses à apprendre. Par exemple, je ne fais encore de "jump shoot" (des tirs en extension), alors que je pourrais. Ce sont des étapes que tu franchis.

Tony Parker a souvent dit qu'il voulait jouer au-delà des 40 ans. Ce genre de choses, vous y pensez, déjà ?

Pas vraiment, je ne me fixe pas de dates. Mon but, c'est de tout mettre en œuvre pour être le meilleur possible. Et en bonne santé.

On parle de Tony. En termes de fidélité à une franchise, c'est un parcours qui fait envie ?

Bien sûr. Après, je n'en veux pas aux gens qui partent parce qu'ils veulent changer de vie. Tony s'est toujours senti très bien à San Antonio. Il a toujours été en playoffs. Pour lui, c'était la situation rêvée.

(Source : Ouest-France)

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