L'ancien préparateur physique de Cholet Basket est notamment revenu avec nous sur Kevin Seraphin, Rudy Gobert, la NBA et la préparation physique en Pro A. Entretien !

Comment devient t'on préparateur physique de joueurs NBA ? J’imagine que ce n'est pas si évident que ça...

On ne devient pas préparateur physique de joueurs NBA, il n'y a pas de diplôme pour cela, mais on saisit les opportunités qui sont généralement le résultat d'un travail en amont. Pendant mes cinq ans à Cholet Basket, j'ai eu la chance de côtoyer de jeunes joueurs comme Kevin Seraphin, Nando De Colo, Rodrigue Beaubois, Rudy Gobert, et des joueurs expérimentés comme Mike Gelabale. Il est marrant de savoir que je suis arrivé en même temps à Cholet que Kevin et nous sommes partis tous les deux aux USA pour diverses raisons en même temps également ! Comme si nos chemins étaient fait pour que l'on se rejoigne sans cesse.

A part Kevin Seraphin, est t-il prévu que tu entraînes d'autres NBAers la saison prochaine ? Certains t'ont ils approché ?

A l'heure actuelle, je suis complètement concentré sur Kevin. Bien sûr, certains contacts se font, certains joueurs se renseignent aussi, mais nous avons un objectif avec Kevin et nous restons concentrés dessus. La réussite de Kevin est plus importante pour moi que de multiplier les joueurs et du coup perdre en qualité. Chaque année avec Kevin, nous améliorons notre méthode de travail, nous échangeons énormément dessus et il est clair que si on veut que Kevin exploite le plus possible son potentiel, il faut que de mon côté je progresse sans cesse via des formations américaines, des aménagements de travail, etc...

Penses-tu que Rudy Gobert puisse devenir un All-Star à moyen/long terme dans la grande ligue américaine ? Sera t'il prêt physiquement et techniquement à ton avis pour s'imposer dès la saison prochaine ?

Je souhaite de tout cœur que Rudy devienne un All-Star, c'est tout le mal que je lui souhaite, comme tous les joueurs que je connais. C'est un bosseur, il sait ce qu'il veut, ce sont des qualités qui ne peuvent que l'amener vers le haut. Pour moi, la question n'est pas de savoir si il est prêt physiquement mais plutôt quel rôle il va avoir dans son équipe. Tu peux être prêt physiquement, si tu n'es pas sur le terrain, tu ne peux rien montrer. Mais une fois de plus, je ne m'en fais pas pour lui. Il va travailler, il est dans de très bonnes conditions de travail et il va réussir tôt ou tard.

Tu as déjà pu effectuer un stage chez les Spurs. Que cette expérience t'a apporté ?

J'ai pu rencontrer et échanger plusieurs fois avec le préparateur physique historique des Spurs (Mike Brungardt). Je suis même allé il y a trois ans de cela voir les installations et entraînements des Spurs. J'ai pu constater le professionnalisme de cette franchise et l'importance que coach Popovich accorde à la préparation physique. Il n'est pas étonnant du tout de voir leur Big Three être toujours au top à leur âge alors que tout le monde dit d'eux qu'ils sont finis. En dehors de leur professionnalisme, j'ai pu voir leur sérieux dans le suivi des joueurs et l'organisation des séances. Et c'est là où avec Mike, le feeling est passé car nous pensions la même chose sur la prépa. Ensuite, ça m'a aussi permis d'engager de la confiance et d'enlever ce complexe que nous nous faisons généralement.

Intégrer une franchise NBA et/ou le staff des Bleus à plus ou moins long terme est-il ton objectif suprême ?

Mon objectif suprême est d'être heureux ainsi que mes proches. Ensuite, professionnellement, c'est de continuer l'aventure avec Kevin le plus haut et le plus loin possible. Puis, ensuite, je verrai. Aucune porte n'est fermée bien sûr, une franchise NBA, un club d'Euroleague,... Comme à la première question, tout est de saisir les opportunités, de positiver, de croire en soi, en ses rêves, et la loi de l'attraction fait le reste.

En Pro A, rares sont les clubs qui disposent d'un préparateur physique. Penses-tu que les clubs français seraient plus compétitifs s'ils en avaient un ?

Il est clair et net pour moi que les clubs seraient plus compétitifs si ils avaient un vrai préparateur physique dans leur rang. Je persiste à dire que ce n'est pas une question de budget mais de volonté. La preuve et j'en suis très heureux du succès de Nanterre qui, malgré avoir l'avant dernier budget de Pro A, ont un préparateur physique très bon et très motivé, à temps plein...

Avant de partir aux Etats-Unis, tu exerçais ta profession à Cholet Basket. Serais-tu contre un retour dans un club de Pro A dans quelques années si tu en as l'opportunité ?

Je ne serai pas contre un retour en Pro A, dans un club historique ou un club avec une vraie volonté de briller sur la scène européenne et pas seulement dans le championnat de France. Je serai ravi de travailler avec certains coachs, comme aussi de retrouver Erman Kunter quelque part. Ces années avec lui furent magique. Mais je répète, tout cela se fera après Kevin, qui reste ma motivation première.

Réalises-tu de la préparation physique pour toi quand le temps te le permet ?

A côté, je m'entretiens. Pour moi, il est inconcevable d'être préparateur physique sans travailler sur soi-même physiquement. Demander à un prof d'anglais de ne jamais parler anglais en dehors de sa profession, c'est pareil. Et d'ailleurs, tant que j'aurais cette motivation de connaître de nouvelles méthodes, nouveaux matériels, ce plaisir de suer, de me dépasser, j'aurais encore quelques années devant moi dans le métier.

Avec Kevin Seraphin, tu étais récemment au festival de Montfort-sur-Meu. Tu y as participé avec Cholet il y a plusieurs années en compagnie de plusieurs pépites du club des Mauges. Vous étiez un peu la Dream Team du tournoi...

Quand j'étais avec Cholet Basket, il est vrai que j"avais ramené Nando De Colo, Steeve Ho You Fat et Masse Doumbe faire le tournoi. Nous avions passé un très bon moment, même si nous n'avions pas été aussi loin que l'on pouvait espérer. Montfort est un club important pour moi, les gens qui ont fait et font ce club m'ont énormément appris, aussi bien professionnellement que humainement. Donc pour moi, quand j'en ai l'occasion, il m'est important de rendre ce que les gens m'ont donné.

(Source : Basket-BallWorld.com)