ITW William Gradit (Chalon) : "On va envoyer du lourd !"

14.05.2015

En passe de se qualifier en playoffs, Chalon revient fort. William GRADIT se penche sur cette fin de saison mais aussi sur sa carrière, sans tabous ni complexes.

Alors que la course aux playoffs touche à sa fin ce week-end, vous restez sur trois victoires de suite après votre succès de mardi à Pau. A 4 journées de la fin, Chalon était l'équipe qui partait le plus loin de tous les candidats aux playoffs et vous voilà aujourd'hui 8e. C'est ce qu'on appelle le timing parfait ?

Déjà on a le retour d'Eric Dawson qui nous a fait un grand bien. Depuis le début du championnat, avec des « si » on aurait pu se retrouver 4e comme on aurait pu finir 14e... C'est un championnat assez bizarre et assez ouvert. On avait vraiment envie d'accrocher les playoffs, l'objectif a été de vraiment resserrer notre défense pour la fin de saison. On a gagné des matches où notre basket était peut-être moins joli mais il fallait en passer par là.

Vous avez vraiment eu une prise de conscience après la 30e journée, quand votre calendrier paraissait relativement abordable ?

La victoire qu'on a décrochée contre Nanterre (96-72 lors de la 29e journée) nous avait déjà bien reboostés. Ensuite on n'a pas su confirmer au Mans mais on a réglé ce qui devait l'être et puis on enregistre le retour d'Eric. On était plutôt bien avant qu'il ne se blesse et on n'avait jamais vraiment réussi à retrouver cette stabilité au poste 5 qu'on avait avec lui.

A Pau, vous décrochez votre première victoire à l'extérieur depuis la 21e journée. Quel était le problème avant cela hors de vos bases ?

Soit on voyageait mal soit on menait et on se faisait rattraper. On a souvent eu des problèmes de fautes en fin de match, des joueurs blessés, et ça nous a beaucoup pénalisés. Il y a pas mal de fois où on s'est retrouvé en fin de match avec nos jeunes et ce n'est pas facile.

Il y a eu le match à Strasbourg où vous perdez d'un point, de 4 points à Châlons-Reims, de 2 points au Mans... C'est souvent passé tout près.

Oui, ce sont des matches qu'on aurait dû prendre. En première partie de championnat on voyageait plutôt bien et puis après on a eu ce chat noir. J'espère qu'on a réglé ce problème, qu'on va faire les playoffs et qu'on pourra concrétiser à l'extérieur une nouvelle fois.

En revanche, vous faites carton plein à domicile depuis 5 matches.

On sait que c'est chez nous, on a envie de faire plaisir à notre public. Je ne veux pas dénigrer d'autres équipes mais on a perdu à domicile contre le dernier du championnat (Bourg) et ce n'était vraiment pas acceptable. Du coup on veut se rattraper en étant intraitable à domicile.

En début de saison, Jean-Denys Choulet, le coach de Chalon, s'était plaint que son équipe débute le championnat avec beaucoup de matches à l'extérieur (5 sur les 7 premières journées). Ca vous a desservi et peut-être coûté votre place en Leaders Cup. En revanche, cela vous permet de beaucoup recevoir en fin de saison. Finalement, n'est-ce pas un avantage en vue des playoffs ?

Sur cette fin de saison, étant donné ce story-board, oui, c'est sûr. Après, ça va être la folie samedi parce qu'il va falloir regarder les résultats des autres équipes et faire tous les calculs... Ca va être quelque chose.

Ce match contre Cholet, samedi, c'est une finale pour vous. Comment aborder un match comme cela ?

Personnellement, je dis qu'il faut tout donner coûte que coûte, se battre sur tous les ballons. Quand tu as 5 mecs qui défendent très dur, pour les arbitres c'est différent. C?est tout un engrenage. Mais franchement, je ne sens pas de pression particulière. Peut-être parce que j'ai de l'expérience ou pace que je suis comme ça. Mais je pense que chacun doit monter sa pression tout seul au fur et à mesure qu'approche le match. Parce qu'on n'a pas le choix, il n'y a plus d'alternative, il faut gagner ce match. Cholet, eux, ils n'ont plus rien à perdre, ils sont tranquilles. Nous on a tout à perdre. Mais on va être à domicile, on sait que le public sera derrière nous, qu'il va nous pousser. On va envoyer du lourd !

A Chalon, vous avez vécu une saison assez compliquée : il y a eu des changements de joueurs, (Rich, Davies, Wallace...), des blessures assez nombreuses, au point d'avoir joué certains matches à sept, beaucoup de jeunes lancés dans le grand bain, un budget en baisse... Tout ça mis bout à bout, on se dit que finir dans le Top 8 passerait presque pour un exploit.

Non, je ne dirais pas un exploit. Personnellement, j'avais une revanche à prendre sur mon ancien club, pour moi c'était inconcevable de faire une nouvelle saison sans playoffs. Donc pour moi, l'objectif des playoffs il était très clair dès le début. Après, on ne regarde pas le budget ni les joueurs. C'est du basket, on a tous deux bras, deux jambes, si tu peux défendre et que t'as du coeur, ça peut toujours passer. Bon, c'est vrai que les blessures, les changements de joueurs, les problèmes internes (l'épisode Tchicamboud en début de saison, ndlr)... Mais on n'a pas envie de se dénigrer. Quand t'es compétiteur, tu veux aller au bout.

Chalon est un club qui a la réputation de lancer des jeunes mais cette année, le phénomène est très accentué avec Lessort, Bouteille, Michineau et même le jeune Victor Mopsus qui a fait quelques apparitions. Toi qui as notamment joué à Cholet, autre club formateur, avais-tu déjà connu cela avant ?

Non, mais c'est aussi à double-tranchant. C'est bien pour eux de jouer mais sont-ils prêts pour toute une saison ? Si tu mets trois jeunes d'un coup, tu te retrouves avec seulement sept pros confirmés, et si tu en as un ou deux qui se blessent... Le jeune dont c'est la première expérience tu ne pourras pas le blâmer s'il se troue lors d'un match. Mais je n'avais jamais connu ça avant, à part peut-être en Pro B qui est un bon championnat pour se développer.

Ca change quoi de s'entraîner au quotidien avec autant de jeunes ?

C?est sûr qu'il y a des situations qui donnent parfois mal à la tête (rires). Il y a le manque d'expérience, la lecture de jeu qui n'est pas la même que chez un joueur confirmé, il faut apprendre à avoir de la rigueur tout le temps, même sur une passe... Mais honnêtement, les jeunes qu'on a sont très bien, ils écoutent. Axel Bouteille, je pense que dans un an ou deux il sera vraiment bien. Il n'a pas encore un physique d'adulte mais ça va venir, c'est pareil pour David (Michineau)... Moi ça me surprend parce que je n'avais jamais vu autant de jeunes de qualité.

Même à Cholet ?

Mais à Cholet quand j'y étais, on avait qui à part Rudy GOBERT ? En plus il n'était pas encore fini, c'était encore la grande girafe quand il courait (rires).

En parlant de Rudy, ce qu'il a fait cette saison en NBA est assez hallucinant. As-tu été surpris ?

Non, vraiment pas, non. A l'époque je lui disais : quand tu seras en NBA, tu me paieras une bagnole pour toutes les fois où je t'ai emmené à l'entraînement en voiture.

Tu vas avoir 33 ans à la fin du mois et dans l'équipe, tu joues avec des jeunes qui ont plus de dix ans de moins que toi. Te sens-tu parfois dans le rôle du « vieux con » ? T'arrive-t-il de ne plus te sentir en phase avec eux au quotidien ?

Non, tu peux leur demander, je suis leur grand, ils viennent tout le temps chez moi à la maison. Pour moi, le concept de vieux, c'est dans la tête. J?arrive encore à dunker, je cours aussi vite qu'eux, j'arrive encore à leur faire la misère à l'entraînement... Je les traite comme des bonshommes, il n'y a pas de différence. Alors bien sûr il y a l'expérience, le physique qui va venir plus tard. Mais moi, quand j'étais jeune, je n'aimais pas être traité comme un gamin, alors pourquoi les traiter comme ça ? Si demain on s'insulte, et bien on va s'insulter. Après c'est sûr que ça n'ira pas plus loin, parce que j'ai le recul, même si le gamin veut en découdre. Je les considère comme des jeunes par rapport au jeu, parce que là j'ai l'expérience et je peux leur dire : t'aurais dû faire ci, faire ça. Mais pour le reste, ils sont maîtres de leur destin. Je ne vais leur courir après, c'est à eux de se responsabiliser par eux-mêmes, c'est mieux pour eux.

Cette saison a aussi parfois paru compliquée dans le relationnel avec le coach. En tout cas, Jean-Denys Choulet a plusieurs fois critiqué assez vertement certains de ses joueurs en conférence d'après match. Tu y as eu droit aussi d'ailleurs à un moment donné. Certains pensent que ce genre de choses doivent rester dans le vestiaire, d'autres, comme Choulet, n'hésitent pas à en parler publiquement. Quelle est ta position là-dessus ?

S'il l'a fait, c'est qu'il y avait des raisons. Et quand j'ai été critiqué, je me suis repris, donc ça a porté ses fruits. Chacun sa méthode mais je pense qu'il a été honnête avec nous. Après, qu'il gueule devant la presse... Si c'est pour dire des vérités, qu'y a-t-il de mal à cela ? Les conférences de presse, ça sert aussi à ça. Le mec qui déchire un match, deux matches, trois matches... A un moment donné, ben ouais, on n'arrive pas à gagner parce que le mec ne joue pas bien, c'est un fait ! Alors c'est sûr que ça fait mal, mais si tu n'arrives pas à encaisser ça et à te remettre en question, il faut faire un autre métier. On n'est pas des footballeurs mais avec les salaires qu'on a, on vit bien, on n'est pas à plaindre. Et si tu n'arrives pas à encaisser une remarque, il y a un problème. Retourne à la salle, va travailler, parles-en au coach mais si le coach a dit ça, c'est que tu dois te remettre en question.

Tu sortais d'une saison très compliquée à Roanne l'année dernière, à quoi t'attendais-tu en rejoignant Chalon cet été ?

Jean-Denys m'a demandé d'amener de l'énergie, en jouant 15, 20 minutes et moi, je sortais d'une saison où j'avais été blessé. J'ai passé une année de merde avec Pavicevic (l'ancien coach de Roanne)... Franchement, c'était un système défensif à outrance, on s'en prenait trop, trop, trop, pour rien, il a dégoûté du basket tous les mecs de l'équipe. Alors avec Choulet, un coach plutôt réputé sur l'attaque, ça me paraissait logique pour me relancer. En plus, étant donné comment ça s'était fini avec le club de Roanne qui m'avait fait des crasses... Je me suis remis dans le mode comme quand j'étais plus jeune où mon objectif était de « bouffer » le Ricain devant moi, de lui prendre sa place, de retourner dans le 5 de départ pour prouver que j'étais encore là.

Tes mots sont durs sur Pavicevic, pourtant la première saison s'est bien déroulée en termes de résultats (5e en 2012-13).

Oui, ça s'est bien passé mais après la première saison je devais partir. Il avait été conclu entre le club et moi que je puisse partir, sachant que la première année, j'avais cartonné. Et puis au dernier moment, ça ne s'est pas fait. Le coach m'a d'abord dit oui, et puis finalement non, il a fait le yo-yo. On arrive au début de la 2e saison et le coach m'avait menti, alors sa parole, elle ne valait plus rien. En plus on change tous les systèmes, on ne jouait plus pareil... Pfff, c'était horrible ! Quand tu fais des matches à 40, 50 points, ce n'est plus du basket. Après, je ne dis pas que je n'ai pas appris des trucs, mais sur deux ans, c'est trop. Pavicevic, il n'a jamais eu de relation avec ses joueurs et c'est pour ça qu'il y a eu une cassure entre les joueurs et lui.

Depuis tes débuts dans le basket professionnel, tu as toujours eu la réputation d'être un fort défenseur sur les postes extérieurs. Pourtant, il y a deux ans, tu as signé ta meilleure saison en tournant à plus de 11 points par match. T'estimes-tu parfois victime de ta réputation ? N'est-elle pas trop réductrice ?

Dès fois, je me dis que je peux apporter plus offensivement, et j'aimerais avoir plus de responsabilités en attaque. Mais cette année, je n'ai pas à me plaindre. Honnêtement, Jean-Denys me laisse jouer, il ne me fait pas sortir si je prends un mauvais shoot. Après, c'est dans mon bagage, tu sais que sur le terrain, je vais mouiller le maillot, défendre, faire des trucs qu'on ne voit pas dans la ligne de stats. Sauf que maintenant je suis aussi capable d'apporter offensivement.

Tu avais fait partie de l'équipe de France en 2008, l'année où Michel Gomez était sélectionneur et où beaucoup de joueurs NBA manquaient à l'appel pour les qualifications à l'Euro 2009. Même si aujourd'hui tu n'es plus dans les plans de Vincent Collet, que ressens-tu quand sort la liste des présélectionnés, comme il y a deux semaines ? Te sens-tu toujours concerné par les Bleus ?

Bien sûr, quand tu as été Bleu une fois, tu le restes toute ta vie. Ca a été le plus beau moment de ma carrière d'avoir porté ce maillot de l'équipe de France malgré tout ce qu'il y a eu. J'aurais pu me retrouver dans la peau d'un Bokolo ou d'un Kahudi, remplir un rôle de défenseur en Bleu si je n'avais pas été un allumé du cerveau.

Allumé du cerveau, c'est comme ça que tu décris le joueur que tu étais à l'époque ?

Oui, maintenant je le vois. J'aurais pu faire une autre carrière si j'avais eu un autre comportement. S'il y a une chose que j'essaie d'apporter aux jeunes, c'est ça. Les anciens qui ont fait des conneries, comme moi, il faut qu'ils disent aux jeunes : les mecs, ne marchez pas dans nos souliers, vous avez d'autres directions à prendre qui sont beaucoup plus intéressantes et qui peuvent vous amener beaucoup plus haut.

Les commentateurs n'avaient pas été tendres avec cette équipe de France de 2008. Michel Gomez en avait pris pour son grade mais certains joueurs issus de Pro A aussi, comme toi, Dounia Issa, Williams Soliman... Quels souvenirs gardes-tu de cet épisode ?

Tu sais, sans mentir, je ne regardais pas les journaux à l'époque parce que je savais qu'on allait se faire allumer de toutes manières. Il y avait des gens qui pensaient que je n'avais pas ma place à ce niveau-là mais au final, je me suis retrouvé dans le 5 de départ de l'équipe de France, toujours par la même méthode, l'envie. J'avais envie de mouiller le maillot, et deux fois plus quand c'était le maillot de l'équipe de France. Après, on n'a pas eu les résultats espérés et c'est un de mes plus grands regrets mais voilà, pour moi c'était génial. Je n'avais jamais représenté mon pays, ma région, mon département. Je suis toujours passé sous le radar soit à cause de mon comportement, soit parce que quand j'étais jeune, je venais d'un petit club de quartier... Pour moi c'était une victoire d'aller en équipe de France.

Pour en revenir à l'actualité, vous pouvez encore terminer 6e, 7e ou 8e. 7e ou 8e, ça veut dire tomber au premier tour sur Nanterre ou Strasbourg, les deux poids lourds du championnat. Ces deux équipes sont-elles vraiment au-dessus du reste d'après toi ?

En ce moment, je pense plutôt que c'est à eux de nous éviter ! L'important c'est de se qualifier en play-offs et après, c'est play-offs time, et que le meilleur gagne. Strasbourg et Nanterre, ils ont des effectifs lourds mais Nanterre, Strasbourg, Limoges... Quand tu vois que Limoges en a pris 20 à domicile devant Boulogne, quand tu vois que Nanterre est champion en EuroChallenge mais qu'avant ça, ils en prennent 20 contre nous, tu te dis que tout est possible. Strasbourg, on a joué à 6 contre eux et on les tient jusque dans le dernier quart temps. Chez eux, on perd sur un coup de sifflet. Pour nous tout est possible et je ne pense pas que les mecs dans l'équipe ont envie de reculer. C'est le meilleur scénario qui puisse arriver. Franchement, si on m'avait dit que pour la dernière journée, on allait jouer un match couperet à domicile, avec nos fans qui vont être comme des dingues pour se qualifier en play-offs, et bien j'aurais signé tout de suite.

 

Source : LNB.fr

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