Jean Galle, l'entraîneur emblématique du basket français à la rescousse de Cholet

20.11.1995

La montre est retroussée jusqu'au coude, la cravate pendule et les souliers vernis patinent la laque du parquet. Jean Galle, le vieux sorcier blanc du basket, est de retour à Cholet, six ans après avoir entraîné l'équipe des Mauges, qui pour la première fois depuis vingt ans, traîne sa peine en queue du championnat. Sexagénaire dans quelques lunes, le visage mangé par les soucis, les sourcils taillés au sécateur, l'abdomen un peu plus rebondi, et le discours simplissime mais toujours mobilisateur: «Ce soir, les gars de Lyon, on va les faire pleurer!»

Le coach nomade et emblématique du basket français, deux fois champion de France avec Berck, entraîneur des Bleus, pigeon voyageur au verbe puissant, s'est cassé les dents cette saison à Gravelines sur fond de querelle politico-sportive. Subvention peau de chagrin et déficit immédiat ont poussé le Calaisien sur la touche: «Pendant quinze jours, j'ai bien pensé prendre ma retraite. On m'a fait porter tous les malheurs du club de Gravelines. Le déficit, les mauvais résultats. Certains joueurs pensent que je les ai abandonnés en partant à Cholet... Moi, je ne crois pas, je suis parti le coeur gros dans l'intérêt de tous. J'ai vécu les trois mois les plus difficiles de ma carrière. Je ne le souhaite à personne. Même pas à mes ennemis, et j'en ai pourtant quelques-uns..., ironise-t-il. Ils ont eu ma peau, voilà...»

Jean Galle a chuté à Gravelines par orgueil. «Je n'ai jamais dit que je n'en avais pas», explose-t-il en penchant son buste court d'avant en arrière. Il a toujours couru le succès, avec ce petit goût de revanche sur l'existence qui ouvre aux humbles les grandes faims. «J'ai commencé petit entraîneur, puis coach de club, enfin à la tête de l'équipe de France. Là, ce poste de directeur admistratif dans le Nord, c'était pour moi un aboutissement.» Depuis quinze jours à la tête de Cholet-Basket, Jean Galle fait maigre et prend pension chez «une paire d'amis». «Je suis un coach SDF.» Une louche de pathos pour sucrer de nouvelles ambitions: «J'ai aussi besoin de réhabilitation sportive.» L'ex-coach de l'équipe de France a pris soin de mettre en cave «ses blessures» et a aussitôt repris ses inimitables poses de ténor.

Il a la mémoire éléphantesque et la rancune sélective. «Je suis explosif. Je dis quand ça ne va pas. Je trouve dangereux ceux qui intériorisent. Moi, je gueule un bon coup, et j'oublie tout ensuite.» Galle ne peut cependant pas s'empêcher de faire sonner comme un cor de chasse son accent du littoral qui avale des syllabes. «Je ne suis ici pourtant qu'un étranger...» Cholet à la dérive a donc rappelé pour une mission de salut public celui qui fut, deux ans durant, son gourou-«gueulard». Lui prévient qu'il a besoin de temps. Mais Cholet, cette année, est une «équipe mal-née», comme l'explique un observateur bien au fait des incohérences du début de saison.

Samedi soir à la Meilleraie, face à Lyon, Bobby Parks «était le huitième Américain essayé depuis le début de la saison». Cholet l'a emporté d'un rien, 90-83, et a signé sa deuxième victoire en 10 matchs. Galle cuisine les soucis, à l'ancienne. Il a caché ses sentiments de peur de blesser le coach de Lyon, Yannick Le Manac'h. Echange exquis. «Pour battre un jour Jean, il faudrait que j'arrive à le haïr!» Mais surtout, Jean Galle est confronté à une équipe qui ne sort pas de la poche de son complet, ce qui ne l'empêche pas de mettre en joue les mauvais réflexes: «J'aurais pu aussi exiger un Américain à 400.000 dollars, des déplacements en avion, et que sais-je encore. Mais je sais que si on s'en sort, ce sera avec cette équipe-là. Si on avait perdu samedi, je suis certain que je ne les aurais pas engueulés. Il se sont battus comme jamais je crois depuis le début. Moi, j'aime les gens qui trempent le maillot. C'est un peu vieille école tout ça, mais je ne connais pas d'autre façon de faire.»

Galle, c'est un pédagogue, qui garde le goût de l'écrit. «J'aime rappeler au tableau noir les choses les plus simples: pénétration, fixation, écran. Avec la vidéo, on ne pas tout résoudre.» Il tire des leçons de tout, et à brûle-pourpoint. Exemple: «Le niveau monte d'une année sur l'autre, mais on oublie les choses les plus simples. La vitesse du jeu a gommé chez certains les bases de l'apprentissage. Une passe bien faite, c'est plus difficile que de monter un mètre au-dessus du cercle pour smasher.» Galle aime le travail «qu'on ne voit pas», ces mouvements de jeu «obscurs» qui ne trouvent jamais grâce auprès du public. «Peut-être parce que j'ai été un joueur moyen... J'aime l'abnégation de certains joueurs. 3-4 écrans consécutifs, des fixations de défense qui libèrent le shooteur, c'est ça le basket. Mais les stats ne mentionnent jamais ces mecs-là. Et sans eux, il n'y a pas de fluidité dans le jeu. Je prétends qu'avec des joueurs moyens, et un collectif pointu, on peut toucher la performance.»

Dans son dos se murmurent des réflexions pas très charitables, mais aussi des épanchements de sincérité sportive. Comme celui de Valéry Demory, capitaine-meneur de Cholet, ancien international, qui raconte le retour du coach prodigue. «On s'était promis de se retrouver un jour. Je rêvais de finir ma carrière avec lui. Je stopperai quand lui arrêtera. Techniquement, d'autres l'ont certainement dépassé depuis. Pour moi, c'est le plus grand coach des années 80. Avec lui, on partage tout. Il a surtout une grande qualité: avec lui, les salles sont pleines.»

(Source : liberation.fr)

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