Confessions de sportifs : Nando De Colo

Arras, Cholet, Valence, San Antonio, Toronto… Ces villes ont un point commun: elles ont toutes accueillit un de nos talents français, Nando De Colo. Cette semaine, je mets Nando à l’honneur, pour 4 jours de Coups de Cœur !
Des terrains Ch’tis à l’école du basket choletais, de l’Espagne aux USA, de la chaleur texane à la fraîcheur canadienne, le moins qu’on puisse dire, c’est que Nando voyage. Mais ça tout le monde le sait. Finalement, de tous ces joueurs qui nous font vibrer, de cette NBA qui nous fait rêver, que savons-nous vraiment? On lit leurs vies, on suit leurs carrières, on félicite leurs réussites, on peste leurs maladresses. Mais que se cache t’il derrière? Dernièrement, m’a été contée la vie de Nando De Colo. Pas celle que vous voyez sur vos écrans, ou que vous lisez dans les journaux, non, la vie de Nando, par Nando. Et croyez moi ça change tout. Parce que NBA ou pas, un basketteur, ça reste un homme avant tout. On peut être un joueur majeur de l’équipe de France victorieuse de 2013, la vie n’en reste pas moins faite, certes de succès et autres beaux moments, mais aussi de déceptions et de décisions parfois difficiles, et surtout, de choix et de prises de risques.
NANDO 1ère PARTIE : SON INTERNATIONALE DE VIE
Alors, à quoi ça ressemble une journée à Toronto ?
Je n’ai pas de voiture la bas car c’était trop compliqué de faire venir ma voiture de San Antonio car j’avais un « leasing » et je n’étais plus sur le sol américain. De plus, j’habite près de la salle, donc généralement c’est aller à l’entraînement à pied, puis retour à la maison vers 14h après quelques soins pour me poser, manger et me reposer. Après en fonction du calendrier, on s’adapte au jour le jour. On prend le temps de se balader et sortir. On va à des matchs de football, de baseball, on a un aquarium pas loin, et un ciné. On essaie de s’occuper.
Débarquer à Toronto, après l’Espagne et le Texas, ce n’est pas trop dur en termes de temps ?
Ah ça ici il fait froid ! On est arrivé il faisait -15 degrés. Donc oui il ne faisait pas chaud ! Le froid n’est pas quelque chose qui me dérange, même si j’avais perdu l’habitude du froid une fois arrivé en Espagne. Mais je suis originaire du nord de la France, donc j’avais plus au moins l’habitude étant jeune. C’est plus ma copine qui a eu du mal. Elle était habitués aux chaleurs de l’Espagne et de San Antonio… mais bon on est arrivé c’était la fin de l’hiver, donc on a eu 1 mois de vrai froid avec neige et tout. Depuis les températures ont remonté. Le seul problème c’est qu’on arrivait de la côte ouest au moment du trade, alors on avait rien de chaud à se mettre, on a vite été acheter ce qu’il fallait.
Alors qu’est ce qui te manque de l’Espagne, de l’Europe ?
La famille. Ne pas voir tes amis et tes proches aussi souvent. Mais c’est quelque chose auquel tu dois t’habituer quand tu joues au basket. Tu apprends à mettre ça de côté. Tu manques beaucoup d’événements, et n’as finalement pas le temps de voir tout le monde pendant tes vacances. Certains aliments me manquent aussi. Aux USA tu peux trouver tous les petits ingrédients pour te faire un plat, mais côté céréales, biscuits et yaourts par exemple, ils sont moins bons. Tu ne trouves pas certains gâteaux que tu avais l’habitude de manger, comme les Pépito par exemple, rires.
Donc quand tu rentres en France tu te fais une cure de Pépito ?
Rires, pas une cure, mais t’es content d’en retrouver quand tu rentres en France, et l’Oasis aussi. Pareil, en Espagne je ne trouvais pas de sirop pour mettre dans l’eau par exemple, c’est un truc qui m’a manqué un moment. Mais ce qui me manquait vraiment à San Antonio, c’était de pouvoir faire des trajets à pied. Tout y est tellement étendu, que tu es obligé de prendre la voiture pour aller voir le gardien à l’entrée de ta résidence…
Alors justement, si tu devais choisir une ville ou un pays où t’installer ?
J’ai passé de bons moments à Valence, et dans le Nord de la France. La famille, les amis tu prends plaisir à les retrouver quand tu rentres en vacances. Mais retourner m’y installé je ne pense pas. Donc, une ville je ne sais pas, mais un pays je dirai l’Espagne.
Mais tu parlais déjà espagnol avant d’arriver à l’époque ?
Je l’avais étudié à l’école, donc je pouvais plus ou moins comprendre quand les gens parlaient lentement. Pour la petite histoire, mon 1er rdv en Espagne s’est passé sur une plage autour d’une paella. Avec les présidents du club qui ne parlaient qu’espagnol, mon agent qui ne parlait pas un mot d’espagnol, et moi qui comprenais vaguement. Donc c’est le General Manager qui faisait la traduction. Puis une fois sur place, tu sors, rencontres des gens, fais l’effort d’apprendre avec tes co-équipiers, les kinés, etc… Au début les gens te parlent en français, en anglais, puis s’aperçoivent que tu parles de mieux en mieux espagnol alors ils commencent à ne te parler qu’en espagnol. Donc t’apprends plus vite.
Donc avant San Antonio, tu parlais déjà anglais ?
Oui, bon, si on veut. Je parlais l’anglais de Cholet. Rires.
L’anglais de Cholet ? Rires ! C’est quoi l’anglais de Cholet ?
C’est celui que tu apprends quand tu joues pro à Cholet. Quand les américains arrivent pour jouer dans ton équipe, et que tu comprends que ce n’est pas eux qui vont apprendre le français. Donc tu dois te mettre à l’anglais. Après à San Antonio y’a beaucoup de mexicains, donc je pouvais parler espagnol.
Y’a aussi beaucoup de français à San Antonio, dans l’équipe des Spurs…
Oui on était 3 français, et y’avait aussi Tiago (Splitter) et Manu (Ginobili) qui parlent portugais, espagnol, argentin donc on pouvait tous parler ensemble sans trop utiliser l’anglais.
Donc tu n’as pas trop de problème à t’intégrer dans les différentes équipes où tu as joué car tu as toujours parlé la langue…
Oui en effet. Après je ne suis pas encore allé jouer en Russie…
En Russie ? Ça fait partie de tes plans ? Rires.
Non, non du tout ! Rires! Je ne me suis juste pas retrouvé dans un pays où je suis obligé d’apprendre une nouvelle langue.
Donc ta copine t’a suivi de Valence, à San Antonio puis à Toronto. Pas trop dur de demander à quelqu’un de tout quitter pour te suivre ?
Ma copine est de Valence, on s’est rencontré là-bas. Elle a aussi été joueuse professionnelle de basket donc elle sait ce que c’est de devoir voyager. Bien sûr on en a discuté. On était ensemble depuis un an, et on n'avait plus 19 ans. Certaines décisions sont plus faciles à prendre quand on est plus mature et que tu sais ce que tu veux. Le plus dur finalement c’était pour sa famille. C’était la 1ère fois qu’elle quittait l’Espagne. Ce qui a été compliqué ça a été de lui obtenir un visa. Elle venait 3 mois, repartait, et risquait à termes de se voir refuser l’entrée aux USA. Jusqu’à ce qu’on réussisse à lui obtenir un visa sur mon visa de travail. Après une fois au Canada, y a plus eu aucun souci.
Alors finalement quelle langue que vous utilisez à la maison ?
L’espagnol. Elle tente le français parfois. Elle le parle beaucoup mieux qu’il y a 3 ans. Elle apprend avec ma famille et mes amis. Mais à la maison c’est strictement espagnol. Bon, on regarde des films en français quand même : on a regardé la trilogie des Bronzés, de la Vérité si je mens, Bienvenu chez les Ch’tis, le Dîner de cons, en versions originales.
Les classiques en fait ! Rires ! Et côté musique, c’est quoi ton style ?
Tout ! Rires. Je vais être re-lou sur les questions comme ça, mais c’est la vérité. J’écoute de tout. Après, j’ai une préférence pour le rap français, mais dans mon Ipod j’ai des sons des années 70-80, de la variété française, du zook, du R&B, du son américain bien sur , de la techno, de la pop… Je me mets aussi un peu au jazz pour faire plaisir à Wassim. Pour te dire, j’ai 180 artistes dans ma playlist : Barry White, Stromae, Jean-Jacques Goldman, Sniper… Tu vois, vraiment de tout.
Et la musique d’avant match alors c’est quoi ?
Du rap français : la Fouine, Sinik, Soprano, Maître Gims… Y’a un rappeur originaire d’Arras, qui n’est pas forcément connu, mais qui fait du bon son et que j’écoute aussi parfois avant les matchs : Rask. Des gens m’envoient des sons via les réseaux sociaux aussi, et quand ça me plait je les rajoute dans mon Ipod.
Alors en parlant de musique : ça fait quoi de travailler pour Drake ?
Aha ! J’allais justement en venir à ça. Je l’ai vu pour la 1ère fois après le match contre les Pacers d’Indiana. Je l’ai rencontré dans les vestiaires. Il est venu me voir pour me saluer, me dire «bravo, bon match ». Je l’ai remercié, « enchanté », « enchanté aussi », voilà… mais je ne le connais pas plus que ça. Il était déjà là quand je suis arrivé, il avait déjà une grande dimension ici à Toronto. Je ne sais pas quel rôle il a exactement en dehors des Raptors. Ce que je sais c’est qu’il a 2 sièges à côté de notre banc, et qu’il y a genre une « Drake zone » en haut derrière notre panier… Rires.
Il ne vous a même pas invité à un de ses concerts ?
Pour l’instant je n’ai pas encore eu vent de tout ça. Mais bon, on est invité aux matchs de football et de baseball, donc j‘imagine que s’il fait un truc à Toronto on doit pouvoir avoir des places…
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