Nando De Colo : «Se concentrer sur nous»

06.05.2013

Nando De Colo découvre et décortique les play-offs NBA au sein des Spurs, plus ou moins favoris à l’Ouest depuis la blessure de Russell Westbrook. Et même s’il n’est pas satisfait de son temps de jeu, le meneur reste serein. Une attitude qu’il applique aussi concernant l’équipe de France et l’homosexualité dans le sport.

Nando, ce sont vos premiers play-offs NBA, comment avez-vous vécu la différence d’intensité, surtout connaissant les ambitions des Spurs ?

Nando De Colo : Aux entrainements, ça ne change pas beaucoup de la saison à San Antonio. Gregg Popovich aime bien donner du repos à ses joueurs, car il croit en eux et fait confiance au fait qu’ils seront prêts pour le match. Au niveau de la préparation vidéo, je trouve que ce n’est pas forcément différent qu’en saison, car il faut toujours gagner tous les matchs aux Spurs. Mais ceci dit tous les détails sont vraiment mis en avant, car tu sais que tu dois faire au moins quatre matches face à chaque équipe. Là en plus, on a fait quatre matches de qualité face aux Lakers donc on n’avait pas vraiment d’ajustement à faire. On a aussi des entrainements plus spécifiques, centrés sur l’équipe que l’on aura en face pendant toute une série. Mais notre style de jeu, tout le monde le connait chez nous et sait comment il doit le jouer. Par contre, tu sens effectivement une différence d’intensité pendant les matches de play-offs. C’est un autre championnat qui commence, les équipes sont vraiment concentrées et se disent que l’objectif n’est plus très loin.

La blessure de Russell Westbrook rend Oklahoma City plus vulnérable. Cela fait un peu de vous des favoris à l’Ouest, mais motive aussi les équipes juste en dessous, non ?

Oui, c’est sûr qu’en considérant le fait qu’ils étaient premiers sur la saison et qu’ils avaient fait les finales l’an dernier, ils étaient au moins favoris à l’Ouest. Après, il faut quand même rester concentré et savoir se préparer... Cela te fait dire aussi que ça ne tient pas à grand-chose et qu’il ne faudrait pas que l’on ait des blessures de notre côté. Car de toute façon, dans ce type de compétition, le plus important c’est toujours de se concentrer sur soi-même, sur sa propre équipe.

Vous aurez en plus une autre série à jouer avant d’éventuelles finales de conférence, et ce n’est pas sûr qu’ils passent non plus...

Oui voilà, il faut se concentrer sur Golden State ou Denver, car ce ne sera pas une série facile du tout. Cela va être totalement différent de ce que l’on a vécu face aux Lakers. Ce sont deux équipes qui courent beaucoup. Ils font beaucoup de contre-attaques. Et puis pour le Thunder, sans Westbrook, ça ne va pas être facile non plus face aux Clippers ou Grizzlies.

Arrivez-vous à suivre tous les matches ?

Je rentre chez moi après les entrainements et j’essaie de regarder oui. Forcément, quand c’est ton adversaire, tu essaies de faire plus attention. Avec trois matches par jour, tu mets la télé et tu essaies de regarder, mais c’est surtout les prochains adversaires que je regarde. J’avais pu voir presque tous les matches entre les Warriors et les Nuggets, sauf le quatrième car on jouait en même temps. C’est vraiment impressionnant de voir ce qu’a fait Stephen Curry, il a réussi à imposer son jeu sur toute la saison et il a continué de monter en puissance pendant les play-offs. En plus, vu comme ils courent, même si un joueur met 30 points, le danger continue de venir d’ailleurs, et puis il y a du banc derrière en plus. Pour Denver, ce sera dur, mais tout reste possible, l’équipe est jeune donc il faut voir comment ils vont réagir.

C’est vraiment serré dans votre conférence. Est-ce dû aussi au système de play-offs en sept matchs, que vous découvrez ?

Oui. Je pense que, peut-être les extrêmes mis à part, les 3, 4, 5 et 6èmes se valent, et cela se voit avec des matches et des séries serrés, avec les Clippers et les Grizzlies aussi. Et puis même entre Oklahoma et Houston, depuis la blessure de Westbrook. Il suffit de prendre l’avantage à l’extérieur et c’est pratiquement gagné. Même à l’Est c’est serré en milieu de tableau. Après, il y a quand même la logique du classement, au moins sur les premiers tours, mais surtout il faut savoir ne pas perdre les matches à domicile. Et puis quand tu joues en 7 matches, les surprises sont moins fréquentes qu’en France ou en ACB (championnat d’Espagne). Tu fais déjà 3 bons matches, et c’est bon. Même si ce n’est pas facile de rester concentrer sur toute une série. Mais j’aime bien ce système ici : si tu fais quelque chose sur la saison, ça compte vraiment ensuite. Il faut savoir rester dur mentalement, et ça passe. Je trouve ça très intéressant en tout cas de découvrir cela et le vivre, c’est une bonne nouvelle expérience. Par rapport à la France - ou même l’Espagne où les logiques restent plus respectées - ici ce sont les «vrais» play-offs. Quand tu parles de play-offs dans le monde du basket, tout le monde pense plus au système NBA que ce que l’on voit en Europe. Mais c’est normal aussi, sportivement, après une saison de 82 matches, de ne pas jouer les play-offs en 3 matches.

Il y a aussi les enjeux financiers derrière...

Ça, c’est un autre débat !

Individuellement, après avoir finalement eu du temps de jeu régulier en Mars et Avril, vous retrouvez le banc. Avez-vous eu des indications du staff technique par rapport à cela ?

Ça a été aléatoire toute la saison, même si cela m’a fait du bien de jouer régulièrement à la fin, c’était plus facile pour moi au niveau du jeu du coup. Il y a beaucoup de joueurs qui peuvent être le back-up de Tony. Il faut rester concentré et prêt. Je ne dirai pas cela pendant cinq ans, mais c’est ma première saison donc il faut apprendre de l’équipe et se perfectionner. Forcément, j’ai été déçu de ne pas jouer pour l’instant, surtout après avoir joué plus lors des deux derniers mois. Mais ce n’est pas le moment de baisser la tête ou de pleurer là-dessus. Le plus important c’est les play-offs et l’équipe, et tout le monde sera plus heureux à la fin. Les coaches connaissent certains joueurs et il faut bien dire que sur la première série cela a plutôt bien marché. Et puis ça reste plaisant d’être dans un système comme celui des Spurs. Ça reste la NBA, donc il y aura toujours beaucoup d’isolation par moment, mais ça reste très collectif et on a de super individualités qui jouent dans cet esprit-là.

Êtes-vous impatient tout de même ?

Non. Je sais que j’ai deux ans de contrat donc j’essaie de gagner du temps de jeu sur cette période. Il n’y a que comme cela que tu peux te faire une place dans ce championnat. Cela a été pareil pour mes débuts en France ou en Espagne. Donc évidemment, il faut recommencer à chaque fois, mais c’est comme ça. J’ai fait mes choix, je veux savoir jusqu’où je peux aller et je sais que je peux faire quelque chose. Bien sûr, ce n’est pas facile, mais qui a dit que cela allait être facile ?

Allez-vous travailler individuellement cet été, et peut-être plus spécifiquement sur ce qui est demandé par le jeu NBA ?

Comme chaque été, tu continues de travailler et tu essaies aussi de décompresser. Cela va dépendre aussi de jusqu’où on va aller et combien de temps je vais jouer. Je vais essayer de bosser par rapport au jeu NBA et au système de San Antonio et voir si je peux reproduire cela en équipe de France. La différence ici, c’est que contrairement à l’Europe ou généralement on joue vraiment les 24 secondes, tu peux vite te faire surprendre en transition, donc il faut toujours être prêt. Tu veux toujours être un peu plus rapide, costaud et tonique, mais il faut aussi travailler ce qui est demandé par le système des Spurs.

Comprenez-vous l’argument de Kevin Séraphin, qui explique en partie sa non-participation à l’Euro pour pouvoir travailler individuellement ?

Moi, je comprends toutes les logiques. S’il faut favoriser un contrat individuel ou du travail physique, chacun fait ses choix. Il a dû en discuter avec Vincent Collet et avec Tony (Parker) et Boris (Diaw), pour avoir aussi l’avis des cadres. Pour l’équipe, le plus important ce sera de se concentrer sur le fait d’y aller avec ceux que l’on aura. Il ne faut pas y aller avec une équipe de «bras cassés», certes. Évidemment quand on a gagné une médaille (argent à l’Euro 2011) on avait Joakim (Noah). Bien sûr, si on l’a, tant mieux. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut pleurer s’il n’est pas là. Il faut se concentrer sur et avec qui on a et se dire que l’on reste une grosse équipe quoi qu’il arrive. Il y a d’autres joueurs derrière. Ils ne sont pas aussi grands que Joakim ou aussi costaud que Kevin, certes, mais ils peuvent apporter.

Pour vous en tout cas, c’est clair, vous y allez...

Oui, jusque-là je n’ai pas eu de problème. Ceci dit, cela peut arriver et ça ne veut pas dire que l’on renie l’équipe de France, comme certains peuvent le penser par rapport à Kevin. Il faut se mettre à sa place, ce n’est pas facile et ce n’est pas un choix qu’il a pris en claquant des doigts. Et puis ce n’est pas forcément facile d’aller en équipe de France, pour pleins de raison. Même en dehors du basket, moi par exemple j’ai une copine, je n’ai pas encore d’enfants, mais ce genre de raisons peut interférer parfois aussi. Bon, il ne faut pas être non plus «un coup j’y vais, un coup je n’y vais pas.

Hors-terrain, le grand sujet en NBA fut la déclaration de Jason Collins, premier athlète d’un sport collectif majeur aux États-Unis à annoncer son homosexualité. Comment avez-vous réagi ?

Moi, cela ne m’a fait ni chaud ni froid. Je n’ai aucun problème avec tout ça. Tant mieux pour lui, si cela lui a permis de se sentir mieux maintenant. D’ailleurs il a dit que cela avait été difficile de retenir tout ça. Je ne peux pas dire comment cela va se passer pour lui ensuite dans un vestiaire NBA. Avec moi, il n’y aurait pas de problème, à lui de voir comment cela va se passer ensuite, mais ce ne sont pas des choses faciles. Aux autres de s’adapter, mais chacun a sa façon de voir les choses et tu ne peux pas changer ça. Il y a des cons aussi... Quand tu n’es pas à la place du gars, ce n’est pas facile d’avoir un avis. Mais perso, je préfère avoir un gay qu’un con dans mon équipe et je lui souhaite qu’il n’ait pas de problème.

Cela vous est-il arrivé de côtoyer un coéquipier ou un adversaire qui cachait son homosexualité ?

Peut-être y en avait-il. Ou tu le savais ou tu te posais la question. Peut-être, je n’en sais rien exactement. Tu te doutes de quelque chose, parfois tu le sais. Personnellement, cela ne me dérange pas tant que personne ne prend la tête de l’autre et que chacun fait sa vie. Tant que tu ne te fais pas draguer toutes les deux minutes... Et puis certains voudront le dire et d’autres pas. Moi je n’irai pas insulter quelqu’un qui le dit en tout cas, ou un autre qui veut être tranquille et ne le dit pas.

Pensez-vous que ce serait possible en France ?

Je n’en sais rien, il faudrait qu’il y en ait un qui essaie ! Mais ce sera pareil, tu mets des cons dans une équipe NBA ou dans une équipe française, ça reviendra au même. Et idem pour ceux qui sauront comprendre. Ça dépend des mentalités et de ceux qui t’entourent. Et ça dépend aussi de qui tu es, si tu es un gars bien et que tu n’as fait de mal à personne, les gens respecteront cela et la vie suit son cours.

Source : Sport24.com

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