Est ce que tu peux nous dire ce que tu fais aujourd'hui ?

J'ai mis un peu de coté le basket pour préparer ma reconversion et j'ai intégré une formation à la Sorbonne, un DU en droit du sport depuis début janvier.

Pourquoi as-tu décidé d'arrêter ta carrière professionnelle l'année dernière ?

J'avais la possibilité de continuer à jouer au basket à Évreux ou dans un autre club mais le problème se posait au niveau de l'emploi du temps et du programme de formation qui est en début de semaine (les lundis et mardis). ça risquait de tomber les même jours que les matchs. Il a fallu faire un choix, soit de mettre ma formation de coté et de continuer le basket soit de favoriser ma reconversion. À 36 ans j'ai pensé que jouer une ou deux années de plus n'allait pas forcément m'apporter grand chose et qu'il valait mieux que je prépare ma deuxième vie.

C'est pas un peu surprenant qu'après une aussi longue carrière au plus au niveau où tu as fait deux entraînements par jour presque tous les jours, un club qui soit réticent à te donner un peu de temps libre pour préparer ta reconversion ? Cela devrait être l'inverse non ? Il devrait s'enthousiasmer d'une telle démarche !

Oui ça c'est sur c'est d'ailleurs ce qui m'a un peu déçu. Quand j'ai évoqué avec eux la possibilité de suivre une formation ils étaient emballé mais dès que je leur ai donné le planning j'ai bien senti qu'il y avait un problème. Pour eux rater des matchs en semaine c'était pas envisageable. De mon côté je ne voulais pas avoir de pression du club, tu sais si y les résultats sportifs ne suivent pas, y'a toujours quelqu'un pour te dire que tu n'est pas concentré à 100% sur le basket et vraiment je n'avais pas envie de ça. J'ai trouvé ça un peu décevant dans la mesure ou j'ai joué a Évreux 3 saisons avant de commencer à penser à ma reconversion ! J'ai trouvé un peu bizarre de devoir me justifier auprès de tout le monde pour devoir commencer une formation. Je pensais vraiment que ça pouvait rentrer dans un projet du club et puis même pour eux en terme d'image je pense que c'était intéressant comme projet à présenter à des partenaires ou à des institutions, ça aurait prouvé qu'il ne laissait pas tomber les joueurs. Cela aurait pu ce passer tranquillement, la formation est sur Paris et Évreux c'est à coté, Mon rôle dans l'équipe dépassait le cadre d'un simple joueur et peut être ça qui a fait pencher la balance en ma défaveur ? Je ne le saurai jamais.

Au SNB, on s'aperçoit qu'il y a de plus en plus de club de Pro B qui font signer des contrat à mi-temps à des basketteurs sans réel projet derrière, et là pour une fois qu'il y a un projet cohérent, ça ne marche pas, c'est vraiment étonnant ?

Exactement, au départ dans ma réflexion je voulais vraiment associer les deux mais apparemment il faut croire que c'est pas encore dans les mentalités. Les gens des clubs se doivent de proposer ce genre de compromis pour des joueurs en fin de carrière. Moi je me sentais capable de faire les deux à fond. On a pas réussi à s'entendre mais je ne suis pas parti en mauvais terme avec eux.

Quel a été le processus pour intégrer la formation ?

Déjà il a fallu réfléchir, réfléchir à mon projet d'après carrière. Je savais que je voulais rester dans le monde du sport, mais pour faire quoi ? Il a fallu que je me pose des questions. Ensuite j'ai pris contact avec le SNB avec qui j'a pu échanger et construire mon projet, on a regardé pas mal de choses ensemble. J'avais envie de faire une formation sur une année donc j'ai opté pour la Sorbonne. Ensuite, il y a eu toutes les démarches administratives jusqu'à l'entretien pour intégrer la formation en janvier dernier.

Aujourd'hui dans ta nouvelle vie d'étudiant tu côtoies quel genre de personne ?

Ce qui est super avec cette formation c'est que le public est très hétérogène. Il y a des sportifs de haut niveau en reconversion (Brahim Asloum, Christine Arron), il y a une chef d'entreprise qui évolue dans le milieu sportif mais aussi des avocats, des journalistes. Vraiment tous les profils. Il y a même un autre basketteur avec moi qui joue en N2. C'est vraiment le mélange qui est intéressant. On s'apporte tous les uns aux autres, on échange beaucoup, chacun arrive avec son expérience et ses connaissances dans son domaine. J'avais un peu peur d'être en décalage avec tous les autres, parce que ça faisait longtemps que j'avais arrêté les études mais finalement je suis tout à fait dans mon élément car je suis capable d'expliquer au gens certains trucs sur la vie d'un sportif pro et les autres sont capables de m'expliquer les règles de base des contrats de travail.

Tu es engagé pour combien de temps dans cette formation ?

Depuis début janvier et ça va jusqu'à fin décembre 2010. J'ai un mémoire à faire et aussi un stage dans une structure sportive que je suis entrain de chercher.

Est ce que tu as commencé à réfléchir à quelle orientation tu allais donner à ta vie avec ce diplôme ?

Je veux profiter de cette année scolaire pour faire valider mon expérience professionnelle. Faire valider les études que j'ai faites entre la France et les État-Unis. J'ai envie de passer ma licence d'agent sportif. J'espère que la formation va m'aider à définir avec encore plus de précisions ce que je vais faire après c'est vraiment pour ça que je l'ai intégré. Depuis le début ça ce passe vraiment bien, si j'arrive a avoir un stage intéressant je pense que ça va m'ouvrir des portes.

Cela ce passe comment la fin de carrière d'un sportif ?

C'est particulier, parce que quand on est athlète ce sont les gens qui viennent nous voir pour nous solliciter alors que dans la vrai vie c'est totalement l'inverse. On devient demandeur aux autres. Il faut vraiment se mettre dans cet état d'esprit que tout n'arrive pas tout cuit et qu'il faut aller le chercher. En fait on se retrouve seul du jour au lendemain. Il n'y a plus l'équipe, le vestiaire, les avant matchs, c'est vraiment autre chose. On devient «normal». Si part malheur on a pas d'idée d'après carrière, à mon avis c'est dur à encaisser cette transition. En plus moi j'ai coupé d'un coup le basket donc tu passes de tout à plus rien en un jour.

En fait il faut retrouver un emploi du temps avec des objectifs ?

Oui exactement, il faut pouvoir se raccrocher à quelque chose de tangible. Tous les jours pendant 15 ans je suis aller faire mon métier et du jour au lendemain tout ça s'arrête. Tu n'as plus aucunes contraintes, t'es vraiment livré à toi même donc si tu trouves pas quelque chose qui t'intéresses et auquel tu peux te raccrocher ça devient vite difficile. Il faut se motiver et pas attendre que les choses se passent.

Tu as un truc à rajouter ?

Oui j'aimerais bien dire un mot sur les moyens de financement de la formation professionnelle, je trouve vraiment que certains club abusent un peu de leur position en refusant aux joueurs l'utilisation de leurs crédits de formation.. Faut pas oublier que l'on a cotisé comme tous les autres salariés.. Déjà que pour obtenir un financement c'est long et compliqué pour un sportif, si la dessus les clubs en rajoutent et ne jouent pas le jeu, tu te retrouves en fin de carrière sans pouvoir utiliser l'argent qui normalement est disponible pour toi... Il faut vraiment que tous les joueurs réfléchissent à ça et le travail de sensibilisation que fait le SNB part rapport à ces problèmes est très très important.

(Source : snbasket.com)