ITW Mérédis Houmounou (Boulazac) : « En défendant dur, le groupe s'est libéré ! »

11.03.2015

À 26 ans, Mérédis Houmounou est devenu l’une des valeurs sûres de la Pro B. Le meneur de Boulazac compile 10,1 points (à 47,2%), 3,8 rebonds, 2,9 passes et 2,4 steals pour une évaluation de 12,4. Défenseur féroce, il rêve de retrouver la Pro A dès la saison prochaine avec Boulazac.

Mérédis, vous faites partie d’une génération dorée du basket français, celle des joueurs nés en 1988 (Batum, Diot, Ajinça…) qui a glané beaucoup de titres chez les jeunes. Pourtant, vous n’avez participé qu’à la dernière aventure, celle des U20 à l’EuroBasket 2008. Est-ce que vous étiez aux portes de la sélection auparavant ?

Non pas du tout. Je n’étais même pas dans la présélection cet été-là, en 2008. Ils avaient rajouté quatre noms, ensuite, pour faire face aux blessures ou aux forfaits, dont le mien. Et j’ai fini par intégrer les douze pour l’EuroBasket. Au final, j’en garde un excellent souvenir. C’était mon premier championnat d’Europe. On porte le maillot de l’équipe de France, on représente son pays et, en plus, on a la chance d’affronter ce qui se fait de mieux sur le continent dans notre génération. D’un coup, on découvre un niveau qu’on n’a pas l’habitude d’affronter. Après, il y a un petit regret parce qu’on avait vraiment un groupe hyper talentueux et qu’on n’a fini que 7e. Moi, j’ai quand même eu beaucoup de temps de jeu (20 min par match pour 4,3 pts et 5,3 rbds, ndlr), dans un rôle de booster défensif, alors qu’il y avait un groupe de meneurs-arrières vraiment dense (Antoine Diot, Edwin Jackson, Abdoulaye M’Baye, Thomas Heurtel, Antoine Eïto et Rudy Jomby). J’ai adoré jouer avec le top de ma génération, comme Antoine (Diot) par exemple, et je pense que cette aventure m’a vraiment aidé à progresser.

Est-ce que vous gardez des liens avec les joueurs de cette génération ?

Un peu, oui. Avec Rudy Jomby, mais nous étions aussi ensemble au Havre, avec Abdoulaye M’Baye également. On garde des liens, on suit nos carrières respectives, mais ensuite, chacun fait son chemin. Après, je suis comme tout le monde, je regarde la progression des Batum, Diot, Jackson, Heurtel, ou Kevin Séraphin aussi, qui était de l’aventure cet été-là. C’est vrai que quand on y songe, c’est une génération de dingue. Surtout qu’il y a aussi Rodrigue Beaubois du même âge, mais il était blessé à ce moment-là. Je ne crois pas qu’on imaginait que cette génération avait autant de talent à l’époque, mais je me souviens que la bataille pour être sélectionné était féroce !

Vous êtes né à Nancy et avez débuté le basket à Bondy puis avez été formé au Havre, à une époque où le STB était le centre de formation numéro 1 en France. Quels souvenirs de cette époque havraise ?

Je garde un excellent souvenir du centre de formation. C’était vraiment une école de vie. Quand j’ai débarqué là-bas, nous étions 10 nouveaux, tous arrivants en même temps. Nous avions tous envie de réussir et, ce que j’ai appris là-bas, ce ne sont pas seulement les fondamentaux du basket. J’ai découvert l’histoire du basket, mais aussi les comportements que l’on doit avoir si l’on veut devenir pro. Ce sont de belles années, avec aussi pas mal de finales perdues, au Trophée du Futur notamment, mais on a quand même terminé l’aventure par un titre de champion de France. Sans cette expérience au Havre, je ne serais jamais devenu basketteur professionnel.

À 19 ans, vous avez choisi de signer en Pro B, à Évreux, vous aviez fait le tour du championnat espoir ?

Ce n’est pas ça, c’est juste que je pensais aller aux États-Unis, en NCAA, où j’avais une proposition de bourse. Mais je m’y suis pris tard pour les formalités administratives et je n’étais plus certain de pouvoir jouer dès la saison suivante. Évreux m’a alors fait une proposition et, sachant que j’avais dit au Havre, à Jean-Manuel Sousa, que je partais en NCAA, ils avaient déjà recruté quelqu’un à ma place. Pourtant, le coach des pros, Christian Monschau, voulait que je m’entraîne avec le groupe et grappille des minutes en Pro A, mais je n’avais rien de garanti. Alors qu’à Évreux, je savais que j’aurais du temps pour m’exprimer et gagner en expérience. Dès le début, j’ai joué 15 ou 20 minutes, dans un rôle très défensif encore, et ça se passait plutôt bien. J’ai vraiment appris mon métier à Évreux.

Après trois bonnes saisons là-bas, Erman Kunter vous recrute à Cholet. Mais malgré sa réputation de coach formateur, cette expérience choletaise ne doit pas figurer parmi vos meilleurs souvenirs…

Cholet… (Long soupir) D’abord, ça m’a beaucoup appris sur le plan mental. C’est vrai que ça a été une année très dure car c’est l’enfer de ne pas jouer, mais j’allais tous les jours à l’entraînement en essayant de donner le maximum. Mais comme je ne jouais pas, il fallait que je me dépense. Alors, j’ai travaillé la musculation et pris beaucoup de masse musculaire, mais ça a aussi ralenti mon jeu. Côté basket, je ne vais pas dire que j’ai progressé là-bas, mais mentalement, ça m’a appris à faire face, à rester fort et prêt pour tout ce qui pouvait arriver. Il a fallu apprendre à gérer la frustration aussi…

Vous avez réellement explosé ensuite, à Aix-Maurienne, en Pro B, avant de poursuivre l’aventure à Boulazac. Avez-vous privilégié le temps de jeu plutôt que la Pro A à tout prix ?

Très clairement, après Cholet, je ne croulais pas non plus sous les propositions. Aucune venue de Pro A et finalement très peu de Pro B aussi… Il y avait juste Antibes et Aix-Maurienne. Moi, mon but, c’était de retrouver du temps de jeu et de reprendre du plaisir. Voilà ! J’ai préféré aller à Aix parce que le club jouait régulièrement les playoffs, avec un coach expérimenté qui pouvait m’apprendre des choses. Je voulais progresser à tout prix au contact de joueurs comme Thomas Darnauzan ou Joakim Ekanga-Ehawa qui figuraient dans l’effectif. La première année, il a fallu que je me remette la tête à l’endroit et que je retrouve le rythme, mais dès la seconde saison, j’ai repris ma marche en avant et j’ai commencé à me sentir mieux, à progresser et donc à obtenir plus de responsabilité dans le jeu.

Boulazac possède une très belle salle et un public fidèle et nombreux. Mais l’an dernier, avec une sorte de malédiction au Palio, la saison n’a pas dû être très facile ?

Oui, c’était difficile. On nous attendait dans le haut du tableau et on a très vite eu du mal à enchaîner les victoires. Après, cela devient un cercle vicieux parce qu’on devient stressés, on ne sait plus comment faire pour gagner, on panique. Le groupe, aussi, n’était pas aussi soudé qu’il peut l’être cette saison, ce qui ne facilitait pas les choses. En plus, on a eu pas mal de changements de joueurs, le changement de coach, tout ça. Moi, c’était ma première saison au club et il m’était difficile de prendre le leadership par rapport aux joueurs expérimentés qui étaient déjà au club depuis un moment. En plus, j’ai moi-même été touché par une tendinite aux deux genoux, de novembre jusqu’à la fin de la saison. Donc les difficultés étaient autant physiques que mentales. Bon, nous avons réussi à nous maintenir sans trop de frayeurs, c’est déjà ça…

Cette année, après un départ un peu poussif (4-4 après 8 journées), le club semble avoir trouvé sa vitesse de croisière (11-3 depuis, le BBD étant remonté à la 3e place). Qu’est-ce qui a été le tournant ?

Au début de saison, on se cherchait un peu. Nous avions intégré pas mal de joueurs, avec des gars qui découvraient aussi la Pro B. Après, on enchaîne une défaite contre Roanne, puis deux autres, contre Antibes et Lille, assez rapidement. Et je pense que quand on a pris 30 points à Lille, cela nous a permis de nous recentrer, de nous remettre vraiment en question. On a décidé de changer notre manière de défendre, en passant en homme à homme stricte, sans trop de changements de défense, mais en essayant d’être durs et constants pendant toute la durée des matches. Et à partir de ce moment-là, quand tout le monde s’est senti concerné en défense, nous sommes parvenus à installer mieux notre jeu en attaque. Et le groupe s’est libéré, avec chaque joueur à sa place, personne pour tirer la couverture à soi. Non, on a trouvé un vrai équilibre, je crois.

La défense, c’est vraiment votre fonds de commerce, non ?

Bah… J’aime gagner ! Et gagner, ça passe par la défense. Et puis, je n’aime pas me faire marcher dessus… Donc, montrer un vrai impact en défense est important. En plus, cette saison, j’assume un peu plus un rôle de leader et un leader doit montrer l’exemple, à commencer par la défense. En attaque, il y a vraiment du talent dans ce groupe : des shooteurs, des gens qui peuvent driver ou sont très présents au rebond offensif, donc le danger vient de partout. Mais la défense, c’est surtout une question de volonté. On m’a catalogué défenseur, parce que j’ai cette volonté de m’imposer dans ce secteur et… ça me va bien.

Boulazac peut-il, selon vous, viser une montée dès cette saison ?

Nous sommes 3e donc… J’y pensais tout à l’heure : avec un championnat aussi dense, nous ne sommes pas certains d’aller en playoffs, mais mathématiquement, nous avons aussi nos chances d’aller chercher la première place de la saison régulière et la montée directe. Il faut jouer le coup à fond en essayant de poser le plus de problèmes possibles au HTV et à Monaco qui sont devant nous au classement. Ne pas les lâcher ! Après, en playoffs, cela devient presque une deuxième saison. Il faut avoir les jambes et la tête fraîches. On ne va rien s’interdire…

Après deux saisons galères pour le public, une descente en 2012-13 et la saison passée, sentez-vous un frémissement dans le public qui garnit les tribunes du Palio ?

Vous savez, l’an passé, le public a été admirable même dans la galère qu’on vivait. Il y a eu du monde toute la saison alors que ce qu’on montrait n’était pas top ! Cette année, les fans nous soutiennent énormément et nous poussent à fond. Maintenant, il ne faut pas s’enflammer. Nous sommes 3e, mais derrière, c’est vraiment serré. On va essayer au moins de garder cette place et tenter de gravir petit à petit les marches qui nous séparent des deux premiers. Mais le public est là et, contre Lille récemment (victoire 61-60), je ne pense pas qu’on serait passé sans l’appui du public.

Votre but, c’est de retrouver la Pro A avec Boulazac…

C’est ma dernière année de contrat. Alors, oui, je souhaite retrouver la Pro A, mais ce n’est pas une fin en soi. J’ai aussi envie de jouer et de prendre du plaisir. Je ne veux pas répéter l’erreur de Cholet. Aller en Pro A pour faire banquette, ça ne m’intéresse pas vraiment. Alors, oui, l’idéal, ce serait la Pro A avec Boulazac. Je pense avoir ma place dans l’élite et c’est bien sûr le but, quand tu es basketteur pro, de jouer au meilleur niveau possible, mais pas à n’importe quel prix…

En 2011, vous avez disputé le Mondial 3x3 à Athènes, en Garçon comme en Mixte. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?

C’était une super expérience. On a gagné une médaille d’Or et une d’Argent. Cela m’a apporté de la confiance, notamment dans mon jeu offensif. Parce qu’en 3 contre 3, tu as beaucoup la balle dans les mains, tu dois créer. En fait, ça m’a ouvert l’esprit et aussi permis de vivre une expérience unique.

(Source : LNB.fr)

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