Stéphane Ostrowski, menuisier du basket

18.07.2012

A 16 ans, il n’avait jamais touché un ballon de basket. A 21, il signa ses débuts en équipe de France, dont il fut plus tard le capitaine. Stéphane Ostrowski, alias « Ostro », fut l’une des plus grandes stars tricolores de la discipline. Un modèle de professionnalisme, de régularité et de longévité. Sa seule erreur : quitter Limoges en 1992…

Si vous fêtez bientôt vos 16 ans, ne désespérez pas. Il n’est pas trop tard pour devenir le meilleur joueur de l’équipe de France de basket. Et même son capitaine ! Suivez la trace de Stéphane Ostrowski, l’une des plus grandes stars tricolores de la discipline avec Alain Gilles, Richard Dacoury, Hervé Dubuisson ou Antoine Rigaudeau. « Steph » en avait ras-le-bol du foot. Dix ans à se les geler sur les terrains de Bron, dans la banlieue lyonnaise, à passer du poste d’avant-centre à celui de gardien de but. Tout cela à cause d’une croissance qui n’en finissait plus. Alors Stéphane change de sport. « Parfois, j’allais me réchauffer dans la voiture de mon père à la mi-temps. J’en avais marre, j’en pleurais… Et puis un jour, j’ai suivi un ami à l’entraînement de l’A.S. Beaumarchais Basket. Juste pour voir. Le jeudi suivant, j’ai participé. Ça m’a plu. J’avais 16 ans et demi. » Nous sommes en 1978.

Au jeu du « Qui teste reste », Stéphane gagne. Lorsqu’il ferme ses yeux bleu azur pour se remémorer les meilleures photos de sa carrière, deux flashes lui viennent instantanément à l’esprit. « Pour la beauté du titre, pour la compétition elle-même, pour le formidable groupe de copains que nous formions à l’époque avec Don Collins, Richard Dacoury, Clarence Kea, Hughes Occansey, Jacques Monclar, George Vestris et Greg Beugnot, je n’oublierai jamais la prolongation face à Badalone en finale de la Coupe des Coupes (ndlr : en 1988 avec le CSP Limoges). Plus égoïstement, je retiendrai le McDonald’s Open 1991 à Bercy face aux Lakers de Magic Johnson, qui devait bientôt révéler sa séropositivité », dit-il avec le sérieux qui le caractérise.

Parti de Limoges au plus mauvais moment

Limoges, quitté un an avant l’obtention du titre européen 1993, après sept années de bons et loyaux services. Direction Antibes. C’était le plus mauvais moment pour s’en aller, évidemment. Dégoûté ? Même pas. « Je ne suis pas partisan de la politique de la terre brûlée. « Partout où je passe, rien ne repousse »… Non. Je ne peux pas dire que je n’ai pas envié leur situation mais tout ça aurait pu tout aussi bien survenir l’arrivée précédente, quand j’étais encore là. En tout cas, je n’ai pas de regrets. Partir ne fut pas facile, je quittais un cercle d’amis auquel je tenais depuis sept ans. Mais c’est la même chose pour toute personne qui change d’environnement professionnel. A Limoges, toute la ville est derrière son équipe. Je n’ai jamais vu un public aussi concerné par son club. A Antibes, l’environnement n’était pas forcément favorable au basket. »

Pour « Ostro », comme on le surnomme, « sérieux » rime avec « professionnalisme ». Son secret à lui, c’est peut-être d’avoir commencé sur le tard. Il a fallu mettre les bouchées doubles. « A l’âge où j’ai débuté, je me suis toujours dit que j’avais du retard. J’ai tenté de le combler en travaillant un peu plus que les autres. Je me suis imposé des séances individuelles supplémentaires. » Son leitmotiv, c’est l’équilibre. A tous les niveaux. « A aucun moment, je ne me suis forcé à avoir une certaine discipline dans ma vie. Simplement, il fallait avoir un mode de vie compatible avec la pratique du sport de haut niveau. Essayer d’être le plus équilibré possible. Dans ma vie familiale, dans mon alimentation, dans mon sommeil. C’est aussi ma manière de vivre. » Les lendemains de défaite, dès 10h du mat’, il est à la salle. Il pousse, soulève, arrache les barres de musculation. « Besoin de défoulement. Et puis plus le temps a passé, plus l’enthousiasme faisait partie de mon jeu », explique-t-il.

Jacques Monclar, son ancien partenaire au CSP et son entraîneur à Antibes, lui déclara un jour : « Tu as banalisé les bonnes performances ». Joli résumé d’un parcours sans faille. Ostrowski, c’est toujours 20 points par match, 10 rebonds et 5 passes. Bon des deux mains, polyvalent, mobile pour sa taille (2,05 m, 100 kg), performant dos au panier mais aussi face au cercle avec un shoot à mi-distance tout à fait fiable, « Steph » est l’ailier fort dont rêvent tous les coaches. Ce n’est pas le joueur le plus flashy et spectaculaire du circuit mais c’est assurément l’un des plus réguliers et performants, avec des fondamentaux parfaits. Et puis le garçon est professionnel jusqu’au bout des ongles. « Ostro » ne laisse rien au hasard dans sa préparation. Sur le parquet, c’est pareil : les gestes sont toujours précis, tournés vers l’efficacité. Dans sa panoplie, il a ajouté un tir à 3 points tout à fait rentable.

Passionné de meubles anciens

Au début des années 90, sa renommée a franchi les frontières. Etre reconnu dans la rue, à Milan ou Athènes, c’est toujours sympa. Depuis sa première cape en équipe de France en décembre 1983 contre la Chine, à Paris, il n’a pas changé. Le cheveux ras, le corps svelte - il n’a jamais été très épais mais le talent a fait le reste -, le natif de Bron a simplement évolué, mûri. Normal, nous direz-vous, lorsqu’on vous confie le capitanat d’une sélection nationale. « L’équipe de France ? Je n’ai jamais traîné les pieds pour y aller. Porter ce maillot est un honneur. La première fois, j’ai réalisé l’un de mes rêves. Ensuite, j’ai toujours éprouvé le besoin d’y être, de jouer le mieux possible, d’apporter mon efficacité. J’ai été flatté d’être le capitaine de cette équipe, même si j’ai un peu gambergé au début. Je pensais d’abord à jouer pour les autres. Sans doute un peu trop. »

La gamberge, c’est un peu sa faiblesse. Quand tout va, pas de problème. Si Ostrowski a raté son match, il gère beaucoup moins bien. Mais difficile de lui faire des reproches. « Ostro », c’est le coéquipier modèle, hyper présent sur le terrain, très sobre et discret en dehors. Sans doute cet effacement lui a-t-il coûté l’exposition médiatique à laquelle il aurait pu légitimement prétendre avec sa longévité et son degré d’excellence. On le compara à Kevin McHale, ailier fort de référence du grand Boston des années 80. Stéphane regrette un peu de ne pas avoir tenté sa chance aux Etats-Unis mais il a apprécié le confort de sa vie et de son basket. « Je ne suis pas le type de joueur qui intéresse la NBA. Bon, une petite année aux Celtics n’aurait pas été pour me déplaire… Mais je suis trop vieux maintenant », confiait-il au début des années 90, alors qu’il avait passé la trentaine.

« Ostro » est aussi réaliste. Le capitaine tricolore est alors le joueur français le mieux payé du championnat. « Je n’ai pas la folie des grandeurs, précise-t-il. Je garde les pieds sur terre. Le basket a évolué. Je ne me sens pas mal à l’aise par rapport à mon salaire. Le marché fonctionne sur le mode de l’offre et de |a demande, avec la part de rêve apportée au public. » Son autre passion, Stéphane la cultive depuis l’enfance. Depuis que son grand-père, ébéniste, lui transmit l’amour du travail du bois. Quand le sport faisait relâche, Stéphane et sa femme Marie (qui lui a donné une fille, Jeanne) fouinaient chez les antiquaires. « Nous étions attirés par les meubles anciens, commente « Ostro ». Ce sont des meubles qui vieillissent beaucoup mieux, dont on ne se lasse pas et qui prennent de la valeur. »

« Steph » joua en pro jusqu’à l’âge de 43 ans. Il évolua successivement au Mans (1982-85), à Limoges (7 ans), Antibes (3 ans, troisième titre de champion de France à la clé avec la triplette US David Rivers-Micheal Ray Richardson-Willie Redden), Cholet (3 ans), Antibes (1 an), Châlon-sur-Saône (2 ans) et à nouveau Antibes (4 ans) où il se retira en 2005. Il entraîna l’Olympique d’Antibes Juan-les-Pins la saison suivante, en Pro B. Deuxième meilleur marqueur du championnat derrière Hervé Dubuisson (17.1 pts, 6 rbds et 3.1 pds de moyenne… sur 23 saisons !), international à 193 reprises (2 815 pts, record à 33), « Steph » restera comme l’une des plus grandes stars du basket français. Sélectionné pour la dernière fois en février 1996 contre la Pologne, il participa à six championnats d’Europe (6e en 1985, 9e en 87, 6e en 89, 4e en 91, 7e en 93, 8e en 95), un championnat du monde (13e en 1986) et il fut aussi de l’aventure des J.O. 1984 à Los Angeles (11e).

Au sujet de l’évolution de son jeu, il déclarait ceci : « A Antibes mais aussi en équipe de France, j’ai changé. A mes débuts, je pensais plus à l’attaque. J’ai appris à faire autre chose, j’ai évolué. Les forces se sont démultipliées. En fait, je shoote rarement plus de huit fois par match. » « Ostro » a atteint la cinquantaine en mars dernier. Il est aujourd’hui responsable marketing et communication au CSP Limoges.

(Source : starstory.fr)

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