Cholet Basket en 50 dates, épisode 2 : Mickaël Gelabale, le pionnier.

28.06.2025

C'était il y a 20 ans, jour pour jour. Alors que Mohamed Diawara est devenu hier le 8ème joueur choletais drafté en NBA, l'histoire entre Cholet Basket et la grande ligue a démarré un soir de juin 2005, le 28 très précisément. Antoine Rigaudeau avait ouvert la voie américaine en rejoignant les Dallas Mavericks en janvier 2003, mais là, nous parlons de draft, de jeunes prospects, et c'est bien ce qu'était Mickaël Gelabale, alors joueur du prestigieux Real Madrid et tout juste champion d'Espagne.

Ses anciens coéquipiers, coachs, dirigeants, nous racontent l'histoire de Mickaël Gelabale à Cholet Jusqu'à sa draft.

" Sa particularité, c'est qu'il sortait en moyenne de ses matchs à 20 d'évaluation. "

Jean-François Martin : “Mickaël, il arrivait de la Guadeloupe, il faisait un tournoi U15 à la Roche-sur-Yon avec la sélection de la Guadeloupe. J'étais allé voir, et il m'avait interpellé. Il repartait le jeudi d'après, nous il y avait un match de Coupe d'Europe qui avait lieu là, donc on avait vu avec la délégation pour qu'il vienne faire un match contre une équipe du centre. Et puis c'était l'occasion justement d'inviter la délégation, de renforcer les contacts avec les Antilles, ce qui avait été commencé avec Michel Léger et Jacques Catel au début.” Ce contact avec les Antilles, c'est un lien fort avec CB depuis de nombreuses années. “Jacques m'a transmis cette mission de garder des relations saines avec les Antilles pour construire. C'est comme ça notamment qu'on a fait après un camp en Guyane, qui a permis de faire venir par exemple des garçons comme Christophe Léonard, Steeve Ho You Fat, Karlton Dimanche…” C'est ainsi que Mickaël est venu à Cholet. ça a été l'occasion de lui faire visiter la ville, de prendre contact avec sa maman. “C'est la base qui a permis à Mickaël de venir faire son BEP. C'est un garçon qui était très calme, très posé.”

Jacques Catel lui, se souvient très bien de la première fois qu'il l'a vu : “Mickaël, je me souviens de son arrivée à Cholet. Jean-François Martin faisait des tests dans la salle, et y avait Stephen Brun qui était là aussi. Jean-François faisait des tests avec un ballon, assis sur une chaise, il fallait lancer le ballon le plus loin possible. Et donc il y avait Stephen qui était déjà un peu plus âgé, il était installé dans l'équipe. Mickaël a lancé beaucoup plus loin que lui. Jean-François les a mis en un-contre-un ensuite, Stephen s'est fait bâcher deux fois de suite sous le cercle.”

Jean-François Martin : “Mickaël il avait des qualités, c'était un garçon, un peu comme Rodrigue, très fluide sur le terrain, avec beaucoup de facilités, une aisance. Lui sa particularité, c'est qu'il sortait en moyenne de ses matchs à 20 d'évaluation. Soit c'était parce qu'il avait bien défendu et peu marqué, soit il avait fait beaucoup de passes, ou pris des rebonds. Ce n'était pas forcément par le scoring qu'il émergeait, mais parce que ce n'était pas quelqu'un qui était égoïste, c'était quelqu'un qui était capable de donner aux autres. Il avait une aisance sur le terrain, un placement, de l'envergure, donc tout ce qu'il était capable de faire… Enfin c'était un garçon hyper polyvalent. C'est ce qui a fait qu'il est parti au Réal de Madrid, puis qu'il a été drafté. Mickaël, il fait partie de ces garçons qui ont toujours su s'adapter au niveau. C'est la marque des grands joueurs."

Ruddy Nelhomme l'a aussi côtoyé à Cholet Basket, lorsqu'il était Assistant de l'équipe première. “Je le connais depuis longtemps, car on vient tous les 2 de la Guadeloupe. On a tissé des liens par rapport à notre parcours à Cholet. C'est un garçon qui est arrivé tardivement, car il n'est pas arrivé sur son année de détection en Minimes, il est arrivé, il était déjà Cadets. Il a grandi, il a su s'adapter au jeu de la métropole, car c'est un garçon qui a une grosse intelligence de jeu, qui d'abord était un athlète énorme, et qui après a su travailler son shoot. Il a évolué progressivement avec la formation choletaise, avec tout le travail qu'a pu faire Jean-François avec lui, et il a été mis sur le terrain par Savo Vucevic, donc tout ça a fait qu'il a continué à grandir, avec tout ce que Cholet a pu lui apporter.

Thierry Chevrier : “Quand j'arrive en 2003, mon premier dossier joueur, c'est Mickaël Gelabale. Cholet Basket était en grosse difficulté financière, moi, je découvrais un nouveau métier, car j'étais coach avant. La situation était très compliquée, on était proche du dépôt de bilan, et là, j'ai Pau-Orthez, qui connaissait bien notre situation puisque Pierre Saillant était à la ligue, et il me disait “Vous n'allez pas pouvoir vous en sortir”, et il nous fait des propositions financières extrêmement alléchantes. J'en parle au Président Chiron, et le problème, c'est qu'on allait perdre un joueur avec une petite rémunération, qui pouvait nous porter s'il explosait. Pour retrouver un autre joueur, il aurait fallu mettre de l'argent. Donc on décide de décliner la proposition, mais après ça Erman Kunter était bloqué dans le recrutement car on avait une toute petite masse salariale qui était encadrée.”

" J'ai senti qu'il avait beaucoup de talent. "

Jim Bilba : “Je me rappelle la première année où je jouais avec lui, le Président Chiron m'appelle, j'étais en vacances et il me demande “Tu penses vraiment que c'est un bon joueur ?” Et je lui ai dit : "aucun doute, c'est un gars qui a un gros potentiel, qui sera très haut", et c'est ce qu'il s'est passé car après il est parti à Madrid puis en NBA. La porte était désormais ouverte. On était connu au niveau européen, mais là on était connu au niveau mondial. Et en plus, c'est un Guadeloupéen !”

Erman Kunter : “Quand je suis venu à Cholet, c'était un peu compliqué psychologiquement pour lui, car il s'était blessé la saison d'avant, il n'avait pas beaucoup joué, mais comme j'ai vu un talent exceptionnel, tout de suite, on a commencé à le faire jouer, je pense 25 minutes par match. J'ai senti qu'il avait beaucoup de talent. Je me souviens très bien que dès le début de saison, il défendait les meneurs de l'équipe adverse. C'était un peu bizarre pour Mike, mais comme il a de longs bras et que c'est un bon défenseur, avec un bon mental, il a réussi.”

Cédric Ferchaud : “Mickaël il fait parti de ces talents purs, ce joueur qui est capable de tout faire sur un terrain. Généralement dans nos années à cette époque là, on avait des grosses qualités dans un secteur, y avait peu de joueurs hyper complets, et lui était capable de tout faire. Il était capable de dunker, il était hyper impressionnant car il avait un jump de fou, puis il était capable de mettre des tirs extérieurs aussi. C'était un joueur tout fluet qui a su s'envoyer quelques séances de musculation pour passer le cap, pour passer en NBA. Moi je l'ai regardé avec une grande fierté en me disant, j'ai joué avec Mike c'est quand même pas rien, et puis hyper content pour lui parce que c'est mérité, c'est un talent, qui bosse, qui est hyper agréable dans un groupe. Des gars comme lui, ce sont des gars sur qui on peut compter en match.”

Nando De Colo : “Je suis arrivé à Cholet, c'était sa dernière année avec les pros. Je me souviens, t'arrives à Cholet, on te parle de Mike Gelabale, c'est un nom dans le club, le jeune joueur qui a un rôle important avec l'équipe première. Ce que n'importe quel club ferait, mais Cholet, c'est le club formateur par excellence. J'ai eu la chance de faire un entrainement avec lui, au centre. C'était impressionnant car c'était facile. Je me souviens d'une action sur un de nos intérieur les plus costauds, il prend la balle poste bas, et en un drible il lui dunk sur la tête avec une facilité incroyable.”

" J'ai pris l'opportunité et je suis parti, mais avec un peu de regrets. "

Thierry Chevrier : “A la fin de la saison, il a une clause donc il part au Real Madrid. On ne pouvait rien faire, c'était comme ça, il avait prit une telle dimension. À Cholet Basket, il avait été mis totalement en avant.”

Jacques Catel : “C'est quelqu'un de très attachant. Quand il est parti au Réal, il était en train de faire ses valises et il me disait : Tu sais Jacques, moi je me plais bien ici… Mais bon qu'est-ce que tu veux, on peut pas refuser ça, tout le monde me dit que je ne peux pas refuser, mais moi j'suis bien ici.”

Mickaël Gelabale : “Mon départ au Réal a été un peu précipité, car j'avais re-signé au club, mais j'ai eu l'opportunité de partir au Real et jouer dans ce club ce sont des offres qui ne se refusent pas. J'ai donc pris l'opportunité et je suis parti, mais avec un peu de regrets, car je venais de passer une saison formidable avec Jim Bilba, Deron Hayes, Erman Kunter et les autres, donc partir à 20 ans sans savoir où est-ce que j'allais vraiment, ce n'était pas facile. Mais aujourd'hui, je ne regrette pas, ça fait partie de ma carrière, de ma vie. En Espagne, ça s'est bien passé, j'ai rencontré pleins de joueurs, j'ai découvert une autre façon de jouer que ce que j'avais vu jusqu'à présent, il y a eu la barrière de la langue. J'ai du apprendre à me débrouiller tout seul, grandir.

Après je me suis fait drafter, après avoir été Champion d'Espagne. C'était mon premier titre en tant que pro, ce sont des moments inoubliables. La draft, c'est quelque chose dont j'avais entendu parler mais je ne connaissais pas vraiment donc j'ai découvert à New York quand j'y suis allé. Ce sont des moments inoubliables que je ne regrette pas, dont tu rêves quand tu es basketteur et que tu veux devenir un grand joueur.”

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Mickaël Gelabale avec sa casquette des Seattle Supersonics, juste après que son nom ait été appelé à la draft 2005.

Jean-François Martin : “Quand Mickaël est drafté, le matin, je me réveille, Mickaël m'appelle. “Jean-François, j'ai été drafté”. Je ne savais pas moi, j'apprends à ce moment-là. Et donc on se rappelle le temps qu'on avait passé ensemble. Il me dit “Merci, merci, merci” mais c'est moi qui lui dit merci.”

Thierry Chevrier : “On avait suivi sa draft de loin car il était sous la casquette du Real Madrid. On était fiers, car il était un produit formé au club, mais notre déception c'est qu'il n'était pas sous l'étiquette Cholet Basket.”

Cyril Akpomedah : “Par rapport à son profil, sa façon de jouer, les qualités athlétiques qu'il avait à l'époque, c'était normal pour moi qu'il soit à la draft, c'était une suite logique. Tu voyais sa facilité, il était très très athlétique, jouait sur différents postes, défendait sur des petits, il avait un shoot très fiable.

La draft ? À l'époque, même si tu étais bon, il était possible qu'on ne sache même pas que tu existes. Quand il y avait un joueur non-américain à la draft, c'était un évènement. Je pense qu'il y avait déjà de très bons joueurs à l'époque, mais ce n'était pas aussi ouvert donc quand tu avais la chance d'y être, tout le monde regardait car on se disait : Qui est celui qui, malgré tout ça, a réussi à y aller quand même.”

Cédric Ferchaud : “Des draftés, il y en avait beaucoup moins. Au début, tout le monde s'imaginait que c'était mission impossible, et puis après, grâce à ces joueurs dont Mickaël a fait partie, il a montré que c'était possible.”

Ruddy Nelhomme : ” Oui, c'était plus rare, c'était quelque chose d'incroyable. Pour nous le staff, pour les gens qui le côtoyaient, c'était quelque chose d'incroyable, c'est un joueur qu'on a vu évoluer, grandir, et qui a participé à cette draft, on était très content pour lui. On parle de draft aujourd'hui, mais lui il a été parmi les pionniers, parmi les Tony Parker, les Boris Diaw, les Ronny Turiaf à être drafté.”

Patrick Chiron : “Un premier joueur drafté pour Cholet, c'était une reconnaissance, et après, ça a amené une très belle aventure avec la NBA.”

Thierry Chevrier : “Mickaël, c'était l'ambassadeur désormais. Il y avait eu Antoine Rigaudeau, Jim Bilba, d'autres aussi comme Aymeric Jeanneau, Cédric Ferchaud, mais Mickaël c'était l'apothéose. Premier joueur drafté avec une formation Choletaise, donc il y avait une fierté de tout un peuple, et nous on était les plus heureux du monde, pour lui d'abord, et pour la formation choletaise.”

Mickaël Gelabale : “C'était plus rare, ce qui est bien, c'est que j'ai été drafté par Seattle, et je suis resté une année au Real. Pendant cette année-là, ils m'ont très bien accompagné. Un club NBA qui t'envoie des vêtements, j'avais du mal à y croire. À l'époque avoir une équipe NBA qui t'appelle, c'est quelque chose que je n'aurais jamais imaginé. Mon but, ce n'était vraiment pas de partir de Cholet l'année d'avant.

On était loin d'imaginer autant de draftés derrière, mais je savais que la formation à Cholet, c'était la première classe. Antoine et Jim nous avaient montré le chemin, et on a juste suivi le chemin tracé en prenant d'autres voies. C'est important de laisser une trace pour les jeunes, de leur montrer que tout est possible dans la vie et qu'il faut s'en donner les moyens. À l'époque, j'étais avec Jean-François Martin, tu voulais travailler, il n'y avait pas de problème, et je ne doute pas que ce soit pareil pour les coachs qui sont là aujourd'hui. Ils sont là pour bosser et pour faire bosser les jeunes. Quand j'avais un trou dans mon emploi du temps, Jean-François me faisait venir, Ruddy aussi. Je me rappelle en passant en pro, les pros des fois avaient repos, moi jamais. Ce sont des moments où parfois, j'étais fatigué, que j'avais envie de me reposer, mais au final, c'était pour mon bien-être et aujourd'hui, je le vis très bien. Dans la vie, il faut bosser, et des fois, il faut l'inculquer aux jeunes.”

L'aventure de Mickaël Gelabale avec Cholet Basket ne se terminera néanmoins pas avec cette draft, mais ça, on vous le garde pour un prochain épisode de Cholet Basket en 50 dates.

Avec les témoignages de : Mickaël Gelabale, Jean-François Martin, Jacques Catel, Ruddy Nelhomme, Thierry Chevrier, Jim Bilba, Erman Kunter, Cédric Ferchaud, Nando De Colo, Cyril Akpomedah et Patrick Chiron.

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