Cholet Basket en 50 dates, épisode 7 : Riga et la grande confusion
Avions-nous déjà vécu scénario aussi étrange et absurde que cette fin de match face à Riga le 25 octobre 2023 en Basketball Champions League ? Pas certain. “Improbable dénouement : Cholet s'impose face à Riga… sur une erreur de la table de marque” C'est ce que titre le Courrier de l'Ouest au soir de cette étrange victoire d'un point face aux Lettons.
Remise en contexte. Nous sommes lors de la saison 2023/24. CB a remporté son tournoi de qualification avec brio à Antalya, se qualifiant ainsi pour la Basketball Champions League. Les débuts ont été difficiles à Tenerife, face au favori du groupe qui compte dans ses rangs des joueurs tels que Marcelinho Huertas, Giorgi Shermadini, ou encore un Sasu Salin qui va littéralement prendre feu avec un incroyable 8/9 à 3pts. La marche était trop haute pour les Choletais qui s'inclinent 95-75. La semaine suivante, CB joue son premier match de la compétition à domicile, face à un adversaire qui semble déjà beaucoup plus à sa portée. C'est en tout cas un match à ne pas perdre, dans l'optique de se qualifier au Top 16. Cet adversaire, c'est Riga.
Jusqu'au buzzer de fin du 4ème quart-temps, ce match ressemble à n'importe quel autre match de BCL, si ce n'est le passage symbolique de la barre des 1000 points dans la compétition de Vojtech Hruban, alors meilleur marqueur de la Basketball Champions League. CB a contrôlé le match pendant la quasi-totalité de la rencontre, comptant sur le scoring de Gérald Ayayi ou Emmanuel Nzekwesi, mais surtout s'en remettant à son capitaine T.J. Campbell (en l'absence pour blessure de Kim Tillie) qui en plus de ses 9 points va distribuer 11 caviars à ses coéquipiers. Seulement voilà. En fin de matchs, les Lettons grappillent leur retard et CB n'arrive plus à repousser son adversaire. Maris Gulbis égalise à 26 secondes de la fin, T.J. Campbell n'arrive pas à lui répondre. 74-74, prolongation. Alors que Cholet Basket n'avait été mené que pendant 5 minutes sur l'ensemble de la rencontre. Ce match semble prendre le chemin d'un scénario catastrophe.
"Ça dure peut-être 10 minutes et 10 minutes, c'est très long, on ne sait pas ce qu'il se passe".
Les équipes rejoignent leur banc, le public attend patiemment les 5 minutes de jeu supplémentaire… Mais cette pause devient subitement bien longue. Surtout, du côté de la table de marque, il y a du mouvement. Chacun s'interroge sur ce qu'il se passe et la rumeur commence alors à se répandre : Il y aurait un point de trop pour Riga. Pour comprendre, il faut rembobiner jusqu'à 6mn43 plus tôt. Elijah Clarance se présente sur la ligne des lancers francs. Son premier lancer est trop court et pourtant, un point est ajouté à son équipe. Dans son article paru dans le Courrier de l'Ouest, Pierre-Yves Croix écrit alors : “Pris dans l'ambiance, personne ne bronche, ni sur les bancs ni dans la salle. Selon nos informations, les statisticiens auraient alors alerté la table de marque de l'erreur, mais les officiels n'auraient pas rectifié. Une erreur qui aurait pu être sans effet si CB s'était, comme pressenti, imposé largement. Mais la remontée de Riga, jusqu'à égaliser à 74-74 à 26 secondes de la fin, a évidemment changé la donne”.
Que faire dans cette situation ? Quelle est la marche à suivre ? Retirer un point à Riga pour rétablir le score exact ? Au risque d'accepter que cela ait pu fausser la fin de match ? “Pensant que nous allions en prolongation, on retourne vers le banc. On comprend alors qu'il y a un problème à la table. Les arbitres retournent à la table de marque, et tout le public attend. Ça dure peut-être 10 minutes et 10 minutes, c'est très long, on ne sait pas ce qu'il se passe” déclare Enzo Goudou-Sinha en se remémorant ce match. Pour coach Vila, c'est une situation très particulière à gérer. “Tout de suite, il faut envisager les différents scénarios. Si la décision est que l'on gagne, ok là on relâche, on souffle, et on savoure. Mais pour autant, s'il faut continuer, on reste concentrés. Voilà le plan, qui est aligné, qui a des fautes, qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire, comment on a fini ce match. Il faut garder la chronologie du match, ce qu'il y a à mettre en place sur les prochaines possessions pour la prolongation”. Son de cloche similaire du côté de l'assistant Julien Zoa : “A ce moment-là, le plus dur, c'est de garder les joueurs concernés, car si une autre décision avait été prise, on aurait dû jouer une prolongation. Donc tu les gardes sur le qui-vive et tu n'arrêtes pas de leur répéter : préparez-vous pour la prolongation !”
Gérald Ayayi lui était prêt, peu importe la décision. “Au-delà de la confusion, il y avait déjà cette première frustration de devoir se rendre en prolongation malgré les efforts produits. À ce moment-là, je ne pense qu'à récupérer afin d'aller en prolongation. J'essaie de faire abstraction de la confusion autour, et je me prépare au pire scénario afin que dans le meilleur des cas, nous ayons une bonne surprise et c'est ce que nous avons eu. Avec le recul d'aujourd'hui, c'était une situation assez marrante de notre point de vue, mais cela a dû être tellement frustrant pour Riga”. Frustrant, c'est peut-être même léger pour décrire la colère des Lettons. Kim Tillie s'en souvient très bien. “ Riga, ils étaient furieux. Parce que bien sûr, si tu vois le score différemment à l'affichage, tu gères le match autrement. C'était quelque chose de surprenant, que je n'avais jamais vu auparavant, vraiment un scénario incroyable”. Car oui, la décision qui va être prise sera bien de retirer le point supplémentaire qui avait été accordé au VEF Riga, ramenant le score à 74-73 et offrant la victoire à CB. “Le commissaire du match fait le nécessaire déjà pour vérifier, et comme c'est en effet le cas, avec une erreur de la table de marque, il appelle les instances de la FIBA, pour savoir ce qu'il faut faire. Ça prend un peu de temps, parce qu'il faut pouvoir vérifier, appeler, discuter, expliquer la situation, et finalement, ils prennent la décision de nous donner le match, parce que c'était une erreur de la table de marque. Donc c'était une victoire un petit peu bizarre à vivre, dans le sens où on attend finalement la décision à 1000km de là, de gens qui n'étaient pas présents dans la salle, pour savoir comment gérer cette erreur de marque. Bon, nous, on prend. De toute façon, le match aurait été en prolongation”. Neal Sako lui résume la situation par un “les règles sont les règles” et c'est en effet à partir de l'article 48.3 des règles officielles de la FIBA que la décision est prise, article qui stipule que si une erreur de score est reconnue après la fin du temps de jeu et avant que l'arbitre principal ne signe la feuille de match, l'erreur doit être corrigée, même si cette correction a eu une influence sur le résultat final du match.
"Romain Palussière et moi, on se demandait : Mais à quel moment cela a pu arriver !"
Toujours est-il que l'histoire retiendra que sur le moment, personne ne s'est vraiment rendu compte de l'erreur dans la salle. “Ce dont je me souviens, c'est que j'étais tellement à fond dans le match que je n'ai pas du tout remarqué qu'il y avait un point en trop pour l'adversaire. Quand on a eu l'information sur le banc, tout était confus : Antoine Chevrier regardait sur son ordinateur avec ses rapports détaillés, Romain Palussière et moi, on se demandait : Mais à quel moment cela a pu arriver !” se rappelle Julien Zoa, qui a d'ailleurs pu reparler de tout ça avec son nouveau coach à Strasbourg un certain… Janis Gailitis, alors coach de Riga ! D'ailleurs, tous notent le scénario cruel pour les adversaires. “C'est vrai que c'est bien tombé pour nous, parce que pour l'équipe adverse, se prendre un truc comme ça… Tu ne joues pas pareil quand il te manque un point”, nous dit le président Jérôme Mérignac. Enzo Goudou-Sinha a lui aussi sa vision de cette fin de match : “C'est clair que la fin de match n'est pas du tout pareille. Je suis sûr qu'ils ne prennent pas les mêmes shoots, au lieu de tirer à 2pts ils vont tirer à 3pts ect. Donc c'est clair que la fin de match est faussée. Je pense qu'ils ne pouvaient rien faire, du coup, ils ont dit, on laisse comme ça, on ne peut rien faire d'autres”. Laurent Vila lui, nous déclare ceci : “C'est assez cruel. C'est sûr que je souhaite ne jamais vivre ce genre de scénario de fin de match, parce qu'on peut avoir le sentiment d'être volé, ou de ne pas avoir laissé le terrain décider de la victoire. Donc ça, c'est toujours très frustrant forcément. Bien sûr, ils sont partis que ce soit le coach ou l'équipe avec ce sentiment de frustration énorme. Bon, nous, on n'a rien demandé à personne. Ça a été finalement un scénario, qui a été plus de la table de marque que du terrain, mais oui, en effet, il faut éviter de vivre ce genre de scénarios là, parce que c'est un peu catastrophique”.
D'ailleurs, Nathan De Sousa lui note ceci : “Une victoire, c'est une victoire, mais tu sais très bien que si tu les rejoues après chez eux, il va falloir faire gaffe parce qu'ils risquent d'être remontés, et au final…” Au final, CB s'inclinera de 7pts à Riga, concédant par la même occasion le goal average. Cela n'empêchera pas les Choletais de s'emparer de la 2ème place du groupe et d'affronter Sassari en Play-In, mais ça, c'est une autre histoire que nous vous raconterons prochainement dans Cholet Basket en 50 dates !
Avec les témoignages de : Gérald Ayayi, Kim Tillie, Enzo Goudou-Sinha, Neal Sako, Nathan De Sousa, Laurent Vila, Julien Zoa et Jérôme Mérignac.
Sources : Site officiel de Cholet Basket et archives Le Courrier de l'Ouest.
Crédit Photo : Etienne Lizambard
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