Timoré depuis le début du championnat, Lamine Kanté</a> a enfin fait parler son talent, vendredi soir, lors du succès de l'ALM Evreux face à Rouen (87-74).

Cela faisait six mois que Laurent Sciarra, l'entraîneur de l'ALM, attendait ça. Qu'il attendait de voir Lamine Kanté</a> (2m, 29 ans) réaliser un match digne de son CV (99 rencontres de Pro A, 172 de Pro B), un match où il se montrerait efficace aussi bien en attaque qu'en défense. Et vendredi soir, miracle ! Propulsé dans le cinq de départ, l'ailier ébroïcien a enfin réalisé une sortie haut de gamme (16pts, 4/7 à 3 pts, 4rbs, 5 pds, 21 d'éval' en 24mn) et entraîné dans son sillage tous ses coéquipiers. « Il n'avait pas fait un bon match depuis celui en présaison, contre Rouen, où il avait marqué 31 points, rappelle le coach eurois. Tu imagines ? À chaque fois, tu es en attente de quelque chose, c'est dommage. » D'autant plus regrettable que, de l'avis général, Kanté possède un physique et un bras qui devraient lui permettre de surnager en Pro B. Le problème, c'est qu'après être arrivé au club avec une surcharge pondérale, le natif de Courbevoie s'est blessé (genou). Derrière, il a parfois négligé les soins nécessaires à son retour et Sciarra ne l'a pas loupé. À partir de là, jusqu'à la trêve quasiment, Kanté a régulièrement fréquenté le banc car son coach attendait qu'il prenne ses responsabilités. Qu'il se montre plus professionnel au quotidien, bref qu'il mérite sa place sur le parquet.

« J'ai fait un travail sur moi-même »

Depuis la reprise, il semblerait que Kanté ait quelque peu changé d'attitude, une évolution constatée lors de la venue du RMB. « J'ai fait un travail sur moi-même, un gros boulot de concentration, précise l'intéressé. J'espère tout exploser sur cette deuxième partie de saison et montrer que j'ai, dix mille fois, le niveau pour jouer en Pro B. » Ce qu'il a déjà fait par le passé, notamment à Denain (14.8pts, 3.6rbs, 1.4pds en moyenne par match), mais dans un cadre peut-être un peu plus souple que celui que Sciarra lui avait jusque-là proposé. Jusque-là car, contre Rouen, on a retrouvé l'ailier incontrôlable, celui capable de sortir des systèmes pour débloquer une situation figée. « Avant la rencontre, je me suis dit qu'il fallait que j'arrête de me prendre la tête et que je joue mon jeu, explique-t-il. Mon jeu est basé sur la folie, j'aime bien faire ce que je veux sur le terrain, c'est comme ça que j'ai toujours fait et c'est ce que je dois faire ici. » Bien sûr, cela risque de ne pas toujours plaire à son coach mais, si c'est pour le bien du collectif, cela devrait passer. « Depuis le début de saison, Laurent ne me lâche pas, souligne le numéro 5 de l'ALM en souriant. Il me dit de prendre des shoots. Il me demande de jouer comme un leader. Si je n'apporte pas en attaque, j'essayerai de participer un peu plus en défense, dans l'intensité. Et puis, je dois aussi faire profiter les autres de mon expérience pour qu'on gagne et qu'on joue les playoffs. » Dès lors, tout serait oublié.