ITW Erman Kunter : « On n’est pas bien »

30.10.2014

De retour en France au Mans, accablé par les blessures, Erman Kunter vit un début de saison compliqué.

Vous venez de vous incliner de 21 points à domicile face à Cholet, une défaite lourde et qui met un terme à votre série de deux victoires. Est-ce un simple coup d’arrêt ou le signe que quelque chose ne va pas ?

Comme j’ai eu l’occasion de le dire après le match, on a fait des erreurs dans le recrutement. C’est la première chose. La deuxième chose c’est qu’on avait bien commencé la préparation avec les tests médicaux mais très vite, on a eu des problèmes. Déjà, il y a eu un problème de visa avec Mouphtaou Yarou qui n’est arrivé que mi-septembre. Charles Kahudi était en Équipe de France et quand on a récupéré ces joueurs, on a eu des blessures avec les matches amicaux. Contre Limoges, on perd Michal Ignerski et Rodrigue Beaubois. Quand on perd un JFL comme Rodrigue Beaubois, sur qui on comptait beaucoup, c’est impossible de le remplacer. S’il se blesse en juillet ou en août, c’est déjà très difficile mais fin septembre, c’est impossible ! Avec l’équipe au complet, en comptant Charles et Rodrigue, on a fait un match et un entraînement. Comme on avait besoin d’un joueur absolument, on a fait venir Daniel Ewing mais il s’est rapidement fait une contracture. Aujourd’hui, il va mieux et Rodrigue devrait reprendre lundi prochain, donc on sera enfin au complet. Mais on est en retard. On a perdu déjà trois matches et ce sera difficile de refaire le retard.

Vous évoquez les blessures et absences qui expliquent votre début de saison raté. Mais malgré cela, y a-t-il des choses qui vous déplaisent ?

Aujourd’hui, il y a des choses qui ne me plaisent pas mais il faut d’abord se concentrer sur l’équipe au complet et travailler.

Après le dernier match contre Cholet, vous avez évoqué un « recrutement raté. » Cela s’est déjà traduit par l’éviction d’Armon Johnson, remplacé par Daniel Ewing qui était initialement venu en qualité de pigiste. Armon Johnson, c’est l’erreur de recrutement que vous évoquiez ?

Oui. Je pense qu’on lui a donné suffisamment de chance. Peut-être que dans un autre championnat, une autre philosophie, un autre système de jeu, il peut réussir. Mais pour le championnat de France, je trouve qu’il n’est pas adapté. La ProA, c’est atypique, c’est la vitesse et l’intensité. Et Armon, depuis le 11 août on ne l’a pas vu. S’il avait progressé un peu on aurait pu se dire… Mais là on a assez attendu. Et on n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Antoine Eïto joue 28 minutes par match et je ne sais pas s’il a déjà eu autant de responsabilités dans sa carrière. C’est trop, ce n’est pas possible. En plus, on a la Coupe d’Europe (L’EuroChallenge) qui va commencer bientôt… Je n’ai pas vu beaucoup de meneur en ProA qui joue 28 minutes de jeu jusqu’ici. On va peut-être me dire que je n’ai pas réagi assez vite mais comme Daniel Ewing s’est blessé dès son arrivée, je devais bien faire jouer quelqu’un !

Y a-t-il d’autres joueurs dont vous n’êtes pas satisfait ? Peut-on s’attendre à d’autres changements ?

Aujourd’hui, mon premier objectif c’est de voir mon équipe complète sur le terrain, ne serait-ce qu’à l’entraînement. Parce que jusqu’à présent, je n’ai pas pu sentir mon équipe. Il manquait toujours deux ou trois joueurs sur le terrain, des joueurs majeurs en plus et qui jouent au même poste. Quand on a deux extérieurs blessés, c’est très difficile de gérer alors que quand on a un intérieur et un extérieur blessé, on peut se débrouiller. Donc il faut d’abord que je voie l’équipe, comment elle joue parce que je ne sais pas ce qui me manque aujourd’hui. C’est pour ça que je ne pense pas qu’il y aura beaucoup de changement, du moins pas pour l’instant.

Ce recrutement est-il le vôtre ? Avez-vous le champ complètement libre pour choisir vos joueurs au Mans ?

C’est un travail d’équipe. Mais je ne veux pas parler de ça. On a une équipe, c’est moi le chef. Je ne veux pas rentrer sur les détails.

Il y a tout de même une satisfaction, c’est la forme de Charles Kahudi (15,6 pts, 7,2 rbds, 19,4 d’évaluation sur les cinq premiers matches). Est-ce une surprise pour vous de le voir jouer à ce niveau-là ?

Non. J’ai une anecdote qui date de mon époque à Cholet. Quand je suis parti à la fin de ma première saison là-bas (2002-03), Charles était en Centre de Formation à Cholet. Et quand je suis revenu à Cholet ensuite (en 2006), la première chose que j’ai demandé c’est : où est Charles Kahudi ?! On m’a expliqué que ça ne s’était pas bien passé et qu’il était parti à Evreux. Mais c’est un joueur que j’aimais déjà beaucoup quand il était jeune à Cholet. Je pense que c’est un joueur qui a encore une marge de progression, même s’il n’est plus tout jeune. Un joueur qu’on aime beaucoup dans le basket moderne, capable de faire beaucoup de choses : il peut prendre des rebonds, c’est un bon défenseur, il peut marquer des paniers, courir, et physiquement c’est très intense. Tous les clubs européens aiment ce genre de joueur. Et il ne faut pas oublier que c’est un joueur de l’équipe de France, il ne faut pas oublier ça. Vincent Collet l’aime beaucoup parce que c’est un stoppeur et je suis sûr et certain que le jour où l’Équipe de France sera au complet, quand tous les joueurs répondront présents, Charles Kahudi sera encore sélectionné.

Vous avez eu beaucoup de blessure en début de saison et vous venez de perdre lourdement face à Cholet mais avant cela, vous restiez sur deux victoires et même lors de vos deux défaites sur les deux premières journées, vous avez perdu de très, très peu (-2 contre Rouen, -1 contre Dijon). En fait, vous avez été en mesure de gagner 4 fois sur 5. N’est-ce pas rassurant tout de même ?

Je suis 100% d’accord avec vous. Peut-être même que si on avait gagné nos 4 premiers matches, le match contre Cholet aurait été différent. Mais moi je ne raisonne pas comme ça. La vérité, c’est qu’on a que deux victoires. Contre Cholet, on a complètement lâché en 5 minutes. On n’est pas bien. On sait que c’est un championnat très dense donc on peut gagner des matches mais on peut aussi les perdre. Chaque match est important et c’est pour ça qu’on n’est pas dans une bonne situation. Contre Cholet, je crois qu’on prend 18 points sur des situations d’un-contre-un. Pourquoi on n’est pas capable de défendre en un-contre-un ? On fait des erreurs sur des choses basiques.

Faire venir Rodrigue Beaubois à l’intersaison était un joli coup mais, étant donné sa propension aux blessures depuis le début de sa carrière, n’était-ce pas risqué de tant miser sur un joueur aussi fragile ?

S’il continue à être blessé et à ne pas jouer, ça voudra dire que vous aviez raison, que c’était trop risqué. Mais quelque fois, je crois qu’il faut prendre des risques avec certains joueurs. Il n’y a pas beaucoup de JFL du talent de Rodrigue qui peuvent venir en France. Les autres sont en NBA. Donc pour moi c’est un coup intéressant. S’il revient de blessure, je pense que ce sera un joueur avec beaucoup d’impact et on a déjà vu en préparation sur certaines séquences que ce n’est pas facile de le stopper. Alors on a pris un risque, oui, mais un risque avec un joueur qui le mérite.

Vous êtes de retour en France après deux années en Turquie, était-ce une volonté de votre part de retrouver la ProA ?

Oui. Avec le Besiktas, on a fait l’Euroleague donc c’était bien. Et puis c’est un club que j’aime beaucoup et où j’ai joué huit ans. L’année dernière, il y avait de gros problèmes financiers au club donc je suis passé dans la direction pour éponger les dettes. Ensuite, je voulais retrouver le terrain. J’aurais pu remplacer le coach à Besiktas parce que c’est moi qui l’avais recruté mais comme j’estime qu’il fait du bon boulot, je me suis dit que ce serait une mauvaise idée. Et puis Le Mans cherchait un coach et me proposait un contrat de trois ans. Je me suis dit pourquoi pas ? Je connaissais un peu le club, ses ambitions et puis je connais beaucoup mieux le championnat de France que le championnat turc. Outre l’équipe nationale (Kunter a coaché la sélection turque de 1997 à 2000), j’ai entraîné deux ans Darussafaka, un an Galatasaray et un an Besiktas. Ca fait quatre ans au final. En France, j’ai coaché huit ans, donc je connais beaucoup mieux les jeunes joueurs français que les jeunes joueurs turcs.

À Cholet, vous avez lancé beaucoup de jeunes joueurs dans le grand bain : Nando De Colo, Rodrigue Beaubois

(Il coupe), Kevin Seraphin, Rudy Gobert… Oui, il y en a eu beaucoup ! Je connais très bien le basket français mais il ne faut pas oublier que je cherche encore mes repères parce que Le Mans est un autre club. Aujourd’hui, on a des bons joueurs au centre de formation mais il faut encore que je les découvre. En préparation, on a fait jouer pas mal les jeunes, Antoine Wallez a commencé deux matches par exemple, c’est pas mal. On a un peu plus de pression aujourd’hui mais ça ne veut pas dire que ça va continuer comme ça. En deuxième partie de championnat, ce ne serait pas surprenant qu’on mette beaucoup plus de jeunes sur le terrain.

Votre prochain match sera contre Châlons-Reims, une équipe qui après avoir eu du mal au début reste sur deux victoires. Que vous inspire cette équipe ?

Très dangereuse ! Ils ont perdu quelques matches mais de peu et puis ils sont revenu de moins 20 en dix minutes contre Pau. Ce n’est pas un hasard ! Il faut qu’on fasse attention. Les 5 Américains sont très bons, les Français apportent et ils ont un très bon coach, on voit qu’il contrôle bien son équipe. C’est un jeu basé sur des joueurs très polyvalents, des 2/3, des 3/4... Ce sera très difficile pour nous.

(Source : LNB.fr)

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