ITW Jean Galle (Gravelines) : « Le basket est devenu un sport d'athlètes »

15.02.1995

Un peu soupe au lait, accent calaisien, moustache à la Errol Flynn, Jean Galle, 59 ans, est le plus ancien entraîneur de Pro A. champion de France avec Berck en 1971-1972 et 1972-1973, entraîneur de la Jeanne d'Arc de Vichy, de l'équipe de France, de Cholet, Jean Galle est arrivé à Graveline en 1989. Après quelques saisons au poste de manager général du Basket club maritime, il a retrouvé cette saison le banc d'entraîneur. Tour d'horizon de la planète basket avec la mémoire ombrageuse des parquets français qui approche les 600 matchs professionnels.

À vos yeux, qu'est-ce qui a le plus changé depuis vingt ans dans le basket ?

C'est devenu un sport d'athlètes. Il n'y a pas eu de révolution dans la façon de jouer. On construit toujours les équipes sur les mêmes bases: un meneur, un pivot, puis un deuxième intérieur (le numéro 4), après, on choisit un ailier pur et un deuxième arrière; on peut également opter pour la formule avec deux ailiers, un pur et un autre fort. C'est là qu'interviennent des petites variantes. Une équipe peut très bien tourner avec un ailier shooteur ou avec un deuxième arrière shooteur, par exemple.

L'élargissement des compétences techniques des joueurs n'a-t-il pas réduit le rôle du meneur de jeu ?

Non. En revanche, ces dernières années on a vu, notammment en NBA (la ligue professionnelle américaine, ndlr), des meneurs de jeu de plus de deux mètres sur le modèle de Magic Johnson. Aujourd'hui, c'est un poste pour lequel il n'y a pas de norme. Alors que les autres postes sont soumis à la loi de la grande taille.

Quelles sont les qualités d'un meneur ?

C'est un type qui est capable de mettre des points, de faire dix passes décisives et de voler cinq ballons. Mais ceux-là sont excessivement rares. A Antibes, David Rivers possède ce profil, assez proche de l'idéal. Il fait des passes, intercepte, lit le jeu, donne le tempo, casse le jeu, gère le match, prend des responsabilités quand la machine ne tourne pas rond. Lui, c'est la voix du coach. Il fait passer sur le parquet les consignes du banc. L'entraîneur doit cultiver des relations étroites avec le meneur, qui, en fait, est un deuxième coach. On dit qu'un arrière peut éventuellement mener le jeu... C'est un rôle qui incombe parfois au deuxième arrière. Il peut soulager le meneur de jeu quand celui-ci est soumis à une grosse défense. Il doit être capable d'organiser et de shooter. On lui demande surtout de marquer des points. Antoine Rigaudeau, à Cholet, est un exemple de deuxième arrière-meneur.

En NBA, on fait bien la différence entre ailier et ailier fort. En quoi les postes sont-ils différents ?

Il n'y pas d'ambiguïté sur les rôles des uns et des autres, même dans le championnat de France. Les strong forwards, ailiers forts, et les small forwards, que l'on appelle ailiers purs, ont des tâches biens distinctes. Le premier, se rapproche du cercle et joue dos au panier, souvent en pénétration. L'ailier pur est un shooteur. Certains joueurs cumulent les deux fonctions, se rapprochent du panier, ou bien sont capables de mettre des paniers à trois points.

La spécialisation extrême du basket condamme-t-elle forcément les joueurs polyvalents ?

Après avoir excessivement spécialisé les joueurs dans les universités américaines, puis en ligue professionnelle, les coaches se sont aperçus qu'en dehors d'un registre de jeu bien balisé, ces joueurs étaient incapables de permuter. En France, ona vite réalisé: les Américains recrutés étaient incapables de changer de registre. En Europe, au contraire, on a laissé les joueurs cultiver leur polyvalence. Les Américains sont d'ailleurs en train de rectifier le tir : les strong forwards s'écartent du cercle et les small forwards jouent à l'intérieur.

Existe-t-il, dans le championnat de France, un joueur qui représente l'archétype de l'ailier-shooteur ?

Michael Young, à Limoges, par exemple, me vient à l'esprit. Mais il n'est pas le seul. Désormais, c'est l'ailier shooteur qui fait éclater les défenses. Dans la pratique, le rôle des «forts» et des «shooteurs» se confondent. Michael Ray Richadson, à Antibes, ou Rickie Winslow, à Pau-Orthez, aiment bien venir jouer dos au panier. Thierry Gadou, à Pau-Orthez, est à la fois un numéro trois et un numéro quatre: il est capable de jouer ailier fort, mais ne possède pas tout le registre de l'ailier pur. Il vient jouer à l'intérieur, puis bascule à l'extérieur. Ce va-et-vient des ailiers, c'est vraiment la grande évolution de ces dernières années.

Peut-on bâtir une équipe sans recruter un pivot de 2,15m ?

Oui, la preuve, les Chicago Bulls ont remporté trois fois le titre NBA sans véritable pivot. Mais Chicago pratiquait alors un basket très organisé avec des schémas de jeu en triangle et beaucoup de mouvement. Michael Jordan canalisait toute l'énergie en défense. Pour cela, Chicago reste une équipe atypique. Mais cependant il semble quand même difficile de gagner un titre sans un pivot de 125 kg et de plus de 2,10m.

Doit-on réduire pour autant le basket à un enjeu de titans ?

L'année dernière, la finale NBA s'est un peu résumée à une bataille physique entre Houston et New York, et entre les deux pivots Olajuwon et Ewing. C'était un match très défensif qui a déplu au public. Cette finale a d'ailleurs été la moins suivie de ces dernières années. Cette année les matchs sont plus ouverts et le jeu plus fluide.

En Europe, on reproche à Limoges de jouer de manière très défensive. C'est aussi votre avis ?

Quand Limoges a remporté le titre de champion d'Europe en 1993, c'est grâce à son jeu fondamentalement construit sur la défense. Aujourd'hui j'ai l'impression que Limoges a ouvert son jeu. Même si en championnat d'Europe, Limoges ne déroge pas à ses principes défensifs, comme face à Barcelone ou Le Pirée.

L'équipe de Limoges demeure-t-elle pour vous un modèle ?

Il faut rendre grâce aux Limougeauds d'avoir mis en application une telle défense. A Gravelines, j'ai bien essayé de monter des défenses. Je n'avais pas le matériel dont dispose Limoges. On avait des défenses agressives, parfois compétitives, mais pas toujours compétentes. Il nous manquait le côté physique. C'est ce que Bozidar Makljovic a apporté à Limoges. Mais le basket en ce moment est en train de se rééquilibrer. L'attaque est train de prendre le pas sur la défense. La finale du championnat d'Europe l'année dernière, avec 18 points marqués en deuxième mi-temps, c'était de la destruction. Mais en revanche une défense peut-être spectaculaire. L'idéal c'est une défense qui cherche à attaquer. C'est le basket d'Antibes.

(Sourec : liberation.fr)

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