15.04.2013

Arrivé à Limoges au début de la saison 1992-1993, Jim Bilba a fait partie de la campagne qui a vu le CSP décrocher le premier titre de champion d’Europe de l’histoire du sport français.

Sport24.com : Dans quel état d’esprit le groupe limougeaud était-il arrivé à Athènes pour y disputer le Final Four de la Coupe d’Europe des clubs champions 93 ?

Jim Bilba : Le groupe était dans un état d’esprit de guerrier. On avait vécu une déconvenue quelques temps auparavant au Tournoi des As (Ndlr : défaite en demies). Du coup on était reparti sur les bases du début de saison à l’entraînement. Ça nous avait remis la tête à l’endroit. On avait retrouvé nos valeurs. Du coup, on était en mode «gladiateurs» en arrivant là-bas (rires) ! On voulait tout faire pour aller loin. On avait un état d’esprit conquérant.

Frédéric Forte nous expliquait que le coach, Bozidar Maljkovic, était presque plus confiant que les joueurs avant le Final Four. Est-ce votre sentiment également ?

C’est vrai. Lui, il avait déjà remporté ce trophée auparavant avec Split (Ndlr : 1989 et 1990), tandis que la plupart d’entre-nous n’avait jamais joué de Final Four. On ne savait pas ce que ça représentait, ce que c’était. Il fallait bien qu’il y ait un guide. Et pour cela, il n’y avait pas mieux que notre coach. Il nous a préparés, modelés. En arrivant en Grèce, nous n’avions pas de doute. Ça ne veut évidemment pas dire qu’on était persuadé qu’on allait gagner, mais en tout cas, on était sûr de nos valeurs, sûrs de ce qu’on allait faire sur le terrain. On était tous sur la même longueur d’onde. Il nous avait préparés dès le début de saison. Les trois premières semaines, en présaison… Je ne les oublierai jamais (rires) ! Et ce en raison de la charge de travail que le coach nous avait imposé. D’ailleurs, il avait dit par la suite que c’est la seule équipe qu’il a «chargé» à ce point. Mais il avait peut-être tout de suite compris qu’il avait les joueurs pour encaisser cela aussi, physiquement et psychologiquement. Juste avant le Final Four, il nous en a remis une bonne dose. Même la veille de la demi-finale face au Real, on s’était entraîné et on avait enchainé avec un peu de physique. Les Grecs qui étaient là se demandaient ce qu’on faisait. Ils nous prenaient pour des fous et s’imaginaient qu’on ne pourrait plus avancer sur le parquet face au Real… Mais bon, le coach savait ce qu’il faisait.

Et vous, les joueurs, aviez une confiance aveugle en lui…

On ne se posait pas de question. On avait effectivement une confiance aveugle. Quand c’est comme ça, c’est très bien. Ce n’est pas donné à tous les coaches d’avoir une équipe qui fonctionne comme cela, qui adhère autant, qui ne se pose pas de question et qui passe outre la douleur. Ils nous avait un peu modelés dès le départ à ce sujet, en nous disant que la douleur n’existait pas et qu’il faut passer au-dessus (rires). D’un point de vue personnel, ça m’a beaucoup aidé pour la suite de ma carrière. Je lui dois tout. Je lui serai toujours redevable, même si c’était toujours dans la souffrance, on ne peut lui dire que merci, merci, merci. Il nous a propulsés au firmament du basket français et européen.

Vous étiez effectivement un jeune joueur de 24 ans et arriviez en provenance de votre club formateur, Cholet, au début de la saison 1992-1993…

C’est ça. J’étais tout jeunot. Je découvrais l’Euroligue et j’ai commencé par un titre de champion d’Europe. Ce n’est déjà pas mal ! Il y a pire pour commencer (rires).

Revenons sur le Final Four. Vous affrontiez le Real Madrid, une formidable machine en attaque, en demi-finales. Et vous aviez totalement fait déjouer cette équipe…

Oui. Le coach nous avait préparé psychologiquement pour cette rencontre et surtout, il nous avait demandé d’essayer de canaliser Arvydas Sabonis, de l’empêcher de rendre ses coéquipiers meilleurs. C’est ce qu’on a fait. Moi, il m’avait simplement dit de m’occuper du poste 4, Rickey Brown. Il n’avait finalement inscrit que 6 points. Contrat rempli pour moi, mais pour les autres aussi. Sabonis avait inscrit 19 points, mais il n’avait pas rendu les autres meilleurs. C’était le plus important. On a suivi nos consignes. C’était un match très abouti. On était bien en place. Mike (Young) l’était également (Ndlr : 20 pts).

Comment était le groupe après cette victoire quasi inespérée ? Sur un nuage ?

On était resté concentré. On ne réalisait pas trop ce qui nous arrivait. Heureusement qu’on était dans un hôtel qui était relativement loin du centre, qu’on ne comprenait pas le grec et qu’on ne regardait pas trop la télévision et les journaux. On essayait de rester concentré. Le coach nous disait qu’on avait fait un très bon match mais qu’il ne fallait pas oublier que, parfois, les entraînements sont plus durs que les matches (rires). On était en vase-clos. Donc on ne se rendait pas compte. Ça a été différent quand on a commencé à se rapprocher de la salle le jour de la finale. Mais avant, on se mettait un peu la pression tous seuls entre nous, à l’hôtel (sourire). C’était bien. On était dans les meilleures conditions. Si on avait été en France, on aurait été plus parasités par l’extérieur, on se serait peut-être un peu perdu. Mais quand on est entré dans la salle, on a compris tout de suite qu’on y était (rires).

Justement, vous aviez sorti l’Olympiakos en quarts de finale de cette fameuse Coupe d’Europe 1993 et vous jouiez ce Final Four dans la salle du Pirée, le Stade de la Paix et de l'Amitié. Le public n’était-il pas trop hostile ?

Non. Je n’ai pas senti cela. C’était 50-50. D’ailleurs, sur la deuxième mi-temps de la finale, une grosse partie du public était en notre faveur, sûrement du fait qu’on était le petit Poucet. Ça aide. Ça aurait sans doute été différent si on avait dû jouer le PAOK Salonique à la place de Trévise en finale, mais c’était écrit comme ça. On a su provoquer cette victoire et notre qualification. On a parfois de la chance. Mais là, on a provoqué notre chance.

Limoges avait souffert lors de la première mi-temps en finale, avec un Michael Young pas très adroit et Richard Dacoury rapidement ennuyé par les fautes. Mais Trévise n’avait que six points d’avance à la pause (22-28 MT, 59-55 score final)…

Oui. Je pense qu’on était un peu crispé par l’enjeu et on n’était pas en réussite. Mais il n’y avait effectivement que deux possessions d’écart à la mi-temps. Qu’est ce que c’est que deux possessions ? Surtout qu’on jouait de façon très moyenne… Boja nous a donc dit de nous lâcher, d’être confiant et de tout donner. C’est ce qu’on a fait. Ça n’a pas été simple. Mais on a grignoté des points ici ou là, fait des stops, et on a relancé la machine. Mike a retrouvé l’adresse, il y a eu l’interception de Fred (Forte) et on était au nirvana !

Vous allez retrouver la plupart de vos anciens coéquipiers ce lundi, à Limoges…

Ce sera un bon moment. Ça fait un petit bout de temps qu’on ne s’était pas vu. C’est avec le temps qu’on a vraiment réalisé ce qu’on avait accompli. Ce n’était pas forcément complètement le cas sur le coup. C’était beau ce qu’on avait réalisé. C’était l’exploit de toute une équipe. C’est la récompense du travail et de tous les sacrifices qu’on a faits. C’était aussi super pour tout le basket français.

Quelle a été la clef de votre succès ?

C’est l’abnégation de ce groupe, qui ne s’est pas désuni, même dans la difficulté. On a toujours fait front. Par exemple, quand Jimmy Vérove a contracté un staphylocoque doré en cours de saison, on ne s’est pas apitoyé. On s’est soudé au contraire et on a travaillé. Quand il est revenu, ça nous a donné une bonne bouffée d’oxygène et ça nous a fait très plaisir. A partir de là, le coach a vu que le groupe était encore plus soudé. L’équipe était en outre composée de joueurs très complémentaires, qui étaient tous prêts à se sacrifier en défense.

Est-ce le plus beau souvenir de votre carrière ?

J’en ai eu quelques-uns, mais il fait quand même partie des très bons souvenirs. Il est énorme. Et le public était énorme. Et tout le monde était énorme, les joueurs, les coéquipiers ! Énorme (rires) !

Source Sport24.com

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