ITW Kevin Seraphin : « C’est ma faute »

10.05.2016

Après une saison noire, le pivot français des Knicks Kevin Seraphin assume ses responsabilités et essaie d’anticiper pour cet été, notamment après ses réunions avec Phil Jackson.

Kevin, comment vous sentez-vous ?

Bien, en forme, comparé au début de saison. J’avais une blessure mais bon, ce n’était pas vraiment une grosse blessure. C’était gênant surtout. 

Cela a influencé le reste de la saison du coup ?

Ça a énormément influencé le reste de la saison. Derek (Fisher, le coach des Knicks en début d’exercice, ndlr) cherchait sa rotation. Or, il ne pouvait pas compter sur moi. Je jouais un match, mon genou gonflait. Même les médecins lui disaient que je ne pouvais pas jouer plus de tant de minutes… Donc ça m’a un peu fait mal pour le reste. 

C’était la première impression avec lui en plus…

C’était les premières impressions. Ça compte. 

Y a-t-il une part de regret du coup ?

(Il hésite longuement). Ça dépend. Je ne regrette pas du tout d’être venu à New York. Après, il y a beaucoup de facteurs où c’est de ma faute, un peu ou beaucoup, donc j’aimerai plutôt pouvoir corriger cela en fait. Plutôt que la décision de venir ici. Je ne peux pas blâmer les Knicks. C’est ma faute. 

Où avez-vous péché ?

J’aurai dû arriver en meilleure forme. Il y a eu beaucoup de choses. La free agency, c’était la première fois pour moi. J’attendais beaucoup de choses qui ne se sont pas forcément passées comme je le voulais. Donc mentalement j’étais «off», ce qui est très rare. Mentalement, je n’ai jamais lâché. Mais là, c’était un peu dur pour moi. Je n’ai pas fait attention comme chaque été et cela m’a pénalisé. Erreur que je ne ferai pas cet été. Quoiqu’il arrive.

Cette question de surpoids, qui influe derrière sur le genou, c’est vraiment récurrent chez vous, depuis le début en NBA en fait…

Toujours. J’ai une morphologie comme ça… Et ça ce n’est pas moi qui l’ait inventé ou qui le raconte. Ça a été prouvé, on a fait les tests. Je prends facilement du muscle, donc je ne fais pas beaucoup de muscu. Il ne faut pas que j’en fasse trop même, sinon je prends trop. Mais je prends aussi du gras vite si je ne suis pas à un rythme d’activité élevé. Comme je suis à 126 kg en poids de forme, je peux facilement me retrouver à plus de 130 kg, surtout vu mes proportions. Là, je suis à 126 et a 8,5% de taux de graisse, ce qui est très bas. C’est le plus bas que j’ai atteint. Je travaille. 

Le fait d’être à New York, cela avait compté dans le fait de signer aux Knicks ?

Bien sûr. Après, la ville… Je ne te cache pas que le basket influe beaucoup sur ta vie quand tu es en NBA. Donc bon, si tu ne joues pas, tu en profites moins. Si je ne joue pas, c’est plus dur de profiter de la ville. Après, les gens vont dire « Ouais il dit ça mais bon il est en NBA... » Chacun ses problèmes. 

Les problèmes en NBA, c’est surtout de savoir si on fait les bons choix ?

Ça, c’est vraiment la question qui revient souvent : « Est-ce que je fais vraiment la bonne chose pour moi ? » Quelle que soit la décision, tu te poses tout le temps des questions : « Est-ce que je devrais resigner avec Washington ? » Même le travail que tu fais pendant l’été… C’est d’ailleurs dès le début en NBA, avec la draft. La NBA, mine de rien, si tu n’es pas fort mentalement, ça peut te détruire.

Vous avez moins joué que lors de votre saison rookie. Cela aussi a été difficile à gérer ?

Oui. Mais c’était pareil pour Kyle (O’Quinn) par exemple. La vie de remplaçant en NBA, ce n’est pas facile. On a tous le même problème. Tous ceux qui veulent prouver quelque chose dans la ligue. Surtout qu’on a tous confiance en nous. Tout le monde, les 15 joueurs, se disent qu’ils pourraient être les titulaires et faire de grosses performances. Ce qui n’est pas vrai. On n’a pas tous les moyens de le faire. Mais dans notre tête on est tous calibrés comme cela. C’est pour ça qu’on est en NBA. Si tu n’as pas ce truc en toi, tu ne peux pas être ici. Si tu es timide, que tu hésites, que tu as peur… Tu ne peux pas. Il faut avoir une mentalité de requin. Je crois qu’en France, les gens ne s’en rendent pas compte. Ils pensent qu’on a la grosse tête. Mais c’est la NBA. C’est ce qu’il faut se dire. C’est la même chose avec les chefs d’entreprise ou… avec vous, les journalistes ! Si tu ne vas pas chercher les infos, personne ne va te les apporter. A un moment, il faut avoir faim. Et nous, on est tout le temps dans ce mode-là. 

Après le départ de Derek Fisher, vous avez eu un meeting avec son remplaçant, Kurt Rambis, avant le match contre Washington, votre ancienne équipe...

Je l’ai vu deux heures. Il s’est passé un truc qui fait que j’ai attiré son attention. Et ce n’était pas positif… Je me suis énervé. 

Rixe d’entrainement par exemple ?

Je ne peux pas vraiment dire ce que c’est. Il ne voudrait pas que je le dise. Mais bon, ce n’est pas positif. Mais c’est devenu positif car à partir de là, j’ai joué tous les matches. (Il repense à la scène) Bon, je me suis pris une amende ! Il n’était pas content. Il m’a invité dans son bureau et on a eu une conversation. Je lui ai dit ce que j’avais à lui dire et ensuite on a parlé d’homme à homme. Au début, on s’est parlé 25 minutes, sans la relation joueur-coach. Les yeux dans les yeux. Ensuite on a parlé du triangle, de jouer au poste 4… Et à partir de là, ça a commencé à basculer en fait. Contre Washington juste après, j’ai assuré donc il m’a laissé et ensuite j’ai pu jouer tous les matches. A la fin, j’ai moins joué, je ne sais pas pourquoi. Mais il m’a dit qu’il voulait travailler avec moi cet été et me développer (s’il signe aux Knicks à nouveau

Vous avez aussi parlé  avec Phil Jackson (le président des Knicks) à l’issue de la saison...

20 minutes. Avec le GM (Steve Mills) aussi. De bonnes choses en sont ressorties. On verra.

Que vous a-t-il dit en particulier ?

Pour lui, il pense que je suis hyperactif, que j’adore les réseaux sociaux et tout, que je suis un peu différent. Et il me dit : « Ecoute, moi je te comprends. Personnellement, je ne te juge pas et je ne pense pas que cela fasse de toi quelqu’un qui n’est pas professionnel ». Il m’a même parlé de (Dennis) Rodman, il m’a dit qu’il était différent de tout le monde mais que pour autant c’était un des mecs les plus professionnels qu’il ait rencontré. Il m’a dit qu’il n’avait aucun problème avec moi. Et qu’il a compris que j’étais grave proche du groupe. D’ailleurs, souvent les assistants ou les préparateurs physiques venaient me voir et me disaient d’aller dire cela ou cela à untel. Dans le groupe, je pense que ma voix a de l’importance. Je pense qu’il y a toujours besoin d’un gars comme moi dans une équipe. 

Si vous signez à nouveau à New York, qu’allez vous devoir travailler ?

Si on trouve un accord avec New York, je vais regarder beaucoup de vidéos. Mentalement, je vais travailler beaucoup plus pour comprendre les systèmes, tout ça. Je pense avoir un très bon QI. Les joueurs européens, généralement, c’est le cas pour nous. Mais il y a encore des automatismes que je dois avoir. Beaucoup de choses viennent avec le temps de jeu aussi. C’est ce que Kurt Rambis m’a dit lors de beaucoup de réunions d’ailleurs. Quand tu ne joues pas, beaucoup de choses se présentent sur le terrain et tu ne sais pas comment les gérer. 

Pensez-vous que les Knicks vont vous faire une offre ?

Aucune idée. Ils sont intéressés. Avec la NBA, moi j’ai compris maintenant : on verra. Je pense que j’aurai une offre et que je serai toujours en NBA. J’ai déjà entendu cela : « Pourquoi est-ce que tu ne vas pas en Europe ? ». Mais mon but, ce serait d’aller en Europe pour revenir ici en fait ! J’ai une grosse confiance en moi et je sais que je suis capable de jouer ici. Donc voilà quoi. Et puis, imagine que je prenne la décision d’aller en Europe et que je me blesse. (Pause) Voilà, je serais cloué en Europe. Personne ne va pleurer pour moi.

(Source : Le Figaro)

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