ITW Nando De Colo : « Je ne pense pas faire d’ombre au RC Lens »

03.06.2016

Interview de Nando De Colo.

Salut Nando, comment vas-tu ? Où es-tu en ce moment ?

Je suis encore à Moscou. On vient de gagner l’Euroligue, mais on a encore la finale des playoffs de la VTB League. On a gagné le premier match hier, contre les UNICS de Kazan, et maintenant il faut rester bien concentré pour remporter cette confrontation qui se joue sur le meilleur des cinq matchs.

Tu as eu l’occasion de fêter un peu le titre d’Euroligue ?

Un petit peu à Berlin (ndlr : la finale, remporté face au Fenerbahçe, se jouait en Allemagne) mais dès le lendemain, on était dans l’avion pour revenir à Moscou. On n’a pas trop eu le temps de gamberger en fait !

Parle-nous de ta saison au CSKA… Plus que le RC Lens, tu sais que tu deviens LA fierté de notre région aujourd’hui !

Je ne pense pas faire d’ombre au RC Lens (rires), mais si jamais ça devait arriver un jour, alors j’en profiterai pour les mettre en avant autant que je peux ! Même si pour être honnête, je suis un peu déconnecté, entre les saisons, l’enchaînement des matchs et le peu de vacances que j’ai.

Au CSKA, tu formes une doublette explosive avec Milos Teodosic. Comme se passe l’entente entre vous deux ?

Milos, c’est vraiment un mec super. Quand il est arrivé au CSKA(ndlr : en provenance de l’Olympiakos), il m’a tout de suite proposé qu’on aille dîner ensemble. On a un superbe entente, une vraie proximité. On aime parler de tout et de rien. Parfois, c’est même lui qui m’annonce les nouvelles de France !

Ça veut dire qu’un jour, tu ramèneras Milos à Bollaert ?

Why not ! (rires), même si tu sais, on a des agendas super chargés.

Honnêtement, est-ce que le CSKA, qui est considéré comme le meilleur club d’Europe, pourrait aujourd’hui taper des franchises NBA ?

Oui, on pourrait taper des franchises NBA, sans doute. Malgré le fait que les règles sont totalement différentes, ce qui rend la comparaison compliquée, je pense que le CSKA a le niveau pour rivaliser avec certaines franchises. Après, rivaliser avec les top teams, ça serait certainement beaucoup plus compliqué, les joueurs qui les composent sont quand même physiquement et techniquement hors norme.

Tu as fait un passage en NBA, aux Spurs et Raptors, ainsi qu’en D-League (ndlr : la réserve de la NBA). Cette saison, tu as explosé les compteurs en Euroleague, avec cherry on the cake, le titre de MVP. Mais au fond, est-ce que les US, tu y penses encore ?

Oui bien sûr que j’y pense encore un peu dans un coin de ma tête. Mais ce n’est plus du tout une priorité. Je me sens bien à Moscou, en Europe. Aux Spurs, j’ai clairement manqué d’opportunités. Je jouais peu, du coup j’ai été prêté en D-League, aux Toros d’Austin. Puis, à mon retour aux Spurs, j’ai demandé au coach d’être transféré dans un club où j’aurais plus de temps de jeu, car c’est ça qui m’importe ; avoir des responsabilités, du temps de jeu. Quand je suis arrivé à Toronto, tout se passait parfaitement bien. J’avais envie de rester là-bas. Puis, il y a eu un changement de coach, qui nous a appelé mon agent et moi pour me signifier que j’allais avoir moins de temps de jeu. Au final, je suis parti au CSKA Moscou, où je m’épanouis.

Une carrière NBA, cela peut aussi reposer sur le facteur X « timing favorable »…

Oui, il m’a certainement manqué ce timing. Une carrière, ça se joue à pas grande chose… Ou plutôt, ça dépend de plein de facteurs ; les opportunités, la réussite au moment M, les personnes, la forme, les blessures etc… Mais dans un sens, si c’était facile, tout le monde le ferait !

Bientôt, tu vas t’envoler pour les Philippines, afin de disputer le TQO(ndlr : Tournoi Qualification Olympique). Pour y avoir été récemment, lors du championnat du monde 2014, j’y ai découvert une nation mordue de basketball. Vous allez tout casser pour nous faire vibrer à Rio, n’est-ce pas  ?

Je ne suis jamais allé aux Philippines. Après, beaucoup de personnes m’ont parlé de la ferveur basket dans ce pays. Mais chaque chose en son temps. Je te l’ai dit, je suis concentré à fond sur les playoffs de VTB League, puis après je prendrai quelques jours de vacances, avant de partir aux Philippines pour aller chercher cette qualification aux Jeux Olympiques ! Mais je m’efforce à rester le même ; que ce soit en club ou en Equipe de France, ce que je cherche, c’est jouer le plus possible, et avoir des responsabilités afin d’aider l’équipe au maximum !

A l’instar de TP à l’ASVEL, tu t’es investi personnellement dans le basket régional…

Oui je suis actionnaire minoritaire à Orchies depuis maintenant deux ans, même si mon investissement n’a rien à voir avec l’investissement de Boris Diaw à Bordeaux, qui en est président, ou encore TP, par exemple. J’ai vraiment envie d’aider le club d’Orchies le plus possible. Quand tu vois ce club d’Orchies, et le nombre de fans derrière… Au BCO, un peu dans le même style que le RC Lens, la salle est constamment pleine, avec un taux de remplissage qui atteint 95% à quasiment chaque matchs. En France, tu as d’autres teams qui ont ce taux, mais pour des salles qui font 1,000 voire 2,000… Ce projet BC Orchies m’a tout de suite beaucoup plu !

Ta fin de carrière idéale ?

Avec le plus de titres possible, bien sûr ! Et je me vois pourquoi pas finir en Espagne, ma compagne étant espagnole. Cela me permettrait de profiter du beau temps toute l’année ! Alors oui, finir dans le championnat d’Espagne, ça pourrait être pas mal. Le championnat français ? Je ne l’écarte pas non plus.

Ta relation de supporter avec le RC Lens, elle remonte à quand ? Tu allais souvent au stade quand tu habitais dans la région ?

Mes premiers souvenirs remontent de la saison 1997/1998, quand on a été sacré champions ! Je me rappelle, j’étais à fond dedans. J’allais à tous les matchs à domicile avec mon père. Je crois que sur toute la saison, j’ai du en louper qu’un seul, parce que mon père ne pouvait pas venir et que j’étais trop jeune (rires). Et puis, y’a ce souvenir du match d’Auxerre qui restera gravé à jamais… Je me vois encore mater cette finale avec mon père dans le canapé !

On est de la même génération, donc on devrait avoir plus ou moins les mêmes souvenirs. Si tu devais me citer un joueur qui t’as fait rêver ?

Difficile ta question (rires) mais si je dois en garder un, ce serait Tony Vairelles ! En fait, ce joueur me fascinait parce qu’il était ultra combatif, capable de marquer du pied gauche, du pied droit, de la tête. Il courait partout ! Ce match, contre le PSG, il avait fait des ravages dans la défense parisienne ! En fait, ce que j’adore chez lui, c’est le fait qu’il soit complet. J’ai toujours admiré les sportifs qui n’étaient pas reconnus que pour une seule qualité, à l’instar de Scottie Pippen au basket.

D’ailleurs, quand j’étais tio, j’allais souvent aux entraînements du RC Lens, et j’ai eu alors l’occasion d’échanger avec Vairelles directement. J’aimais beaucoup Guillaume Warmuz également ! Le RC Lens de 1998, c’était une superbe équipe, qui faisait vraiment plaisir !

As-tu noué des relations avec certains joueurs du RC Lens actuels, ou anciens peut-être ?

Comme je te disais, j’étais un temps assez proche de Tony Vairelles. Aujourd’hui, je ne connais pas grand monde dans l’effectif, si ce n’est que je discute parfois via les réseaux sociaux avec certains jeunes du club comme Cyprien par exemple. Je trouve ça sympa de pouvoir échanger avec les gens qui ont les mêmes passions que toi ! J’ai aussi eu l’occasion de croiser le président Gervais Martel plusieurs fois, au golf d’Arras, ou encore de déjeuner avec le maire d’Arras, pour l’inauguration d’une salle de sport.

Tu pourrais venir nous les motiver de temps en temps, à l’instar de Yannick Noah au PSG du temps de Luis (rires) ?

Ahah ! Non mais pour être sportif, je sais très bien ce que les joueurs du RC Lens peuvent, ou ont pu ressentir, cette saison. Je sais exactement ce que ça fait d’être dans une mauvaise passe, et tu sais, nous joueurs, tous sports confondus, on aimerait être constamment au top, n’obtenir que des résultats positifs. Au final, quand tu regardes la saison lensoise, elle est plutôt bonne. En dépit d’un démarrage complètement foiré, où on n’a pas gagné un match (ndlr : on a du attendre la 10ème journée et le derby contre VAFC), les joueurs ont finalement su remonter la pente, et ils ont plutôt bien fini !

Un « entre-deux » Nando de Colo – Abdoul Ba, qui gagne ?

Franchement, tu sais, je n’ai pas une détente de malade. Je ne suis pas sûr de battre Abdoul Ba. Il fait quoi, presque 2 mètres non ? Moi je fais 1m95… Et puis, c’est un défenseur central, donc il est supposé avoir une grosse détente, non ? (rires).

Plusieurs fois, tu as FAV des tweets dans lesquels je te suppliais de venir investir au RC Lens, c’est toujours en projet (rires) ?

Ahh mais tu sais, je ne suis pas sûr d’avoir les moyens ! Si je les avais, pourquoi pas (rires). Cela coûte très cher d’investir dans le sport, et on ne s’en rend pas toujours compte, mais les clubs ont de plus en plus de mal à trouver des investisseurs. A Lens, on a malheureusement rencontré ce problème ces dernières années…

Une chance de revenir à Bollaert pour la prochaine saison pour donner un coup d’envoi ?

J’aimerais bien pouvoir revenir. Maintenant, comme je te le disais, les agendas sont extrêmement chargés. Et si j’aime donner, j’ai aussi parfois besoin de rester tranquille en famille.

Petite sessions de « passe et va » avec Nando

La qualité que vous souhaitez voir chez un sportif ?

Le mental.

Le plus grand malheur pour un sportif ?

La blessure.

La plus grande qualité chez un basketteur ?

Les fondamentaux.

Les russes, en un mot, ils sont comment ?

Ahah, bonne question. Je dirais, froid au premier abord, et délicieux par la suite !

Jordan ou LeBron?

Jordan pour les titres, mais j’ai le sentiment que LeBron n’est pas encore arrivé à son apogée. Alors, si on compare les titres, Jordan est au dessus. En talent pur, y’a débat !

Le plus grand joueur avec qui tu as joué ?

Tim Duncan.

Contre qui tu as joué ?

LeBron.

Les Espagnols, tu les aimes bien ?

Bien sûr, même si c’est vrai que ces dernières années on a développé une sacrée rivalité avec eux. A la maison, on en rigole, car ma femme est espagnole. France – Espagne, c’est devenu un Classic, comme Real Madrid – FC Barcelone au foot, ou Celtics – Lakers dans les années 1980 !

Plutôt Ligue fermée comme en NBA, ou ouverte comme en France ?

Ligue ouverte, j’aime bien le renouvellement d’équipes.

Ta bière préférée ?

La Despé !

Est-ce qu’il y a de la jalousie quand un basketteur français qui devient MVP de l’Euroligue passe après une simple rumeur de transfert en Une du seul quotidien sportif français?

Jalousie, non, mais peut-être un peu d’aigreur oui. Faire la Une de L’Equipe, ç’aurait été une sacrée reconnaissance.

(Source : Bollaert Mécanique)

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