ITW Nando de Colo : « On ne gagne des médailles qu’avec un groupe, pas avec une ou deux têtes d’affiche »

20.09.2016

Meilleur joueur de l’Équipe de France de basket lors des Jeux Olympiques de Rio (14,7 points -  2,5 passes décisives - 2,5 rebonds en moyenne par match), Nando de Colo a pourtant été la cible d’une attaque de Tony Parker dans la presse il y a quelques semaines. Après quelques jours de repos et à l’aube d’une nouvelle saison avec son club, le CSKA Moscou – avec lequel il souhaite à nouveau tout gagner cette année –, l’arrière international revient pour la première fois sur le parcours inabouti des Bleus lors des JO et se projette sur l’Euro 2017 “où l’objectif sera clairement de récupérer le titre de champion d’Europe”. Entretien avec un champion discret, mais ambitieux.

Avec un mois de recul, quel regard portez-vous sur la performance de l’équipe de France aux Jeux Olympiques ?

Les JO constituent évidemment une compétition exceptionnelle dans la vie d’un sportif professionnel, mais nous sommes quand même passés à côté de quelque chose de grand. On voulait aller chercher une médaille, je pense qu’on en avait la capacité, on ne s’en est pas assez donné les moyens. Et à ce niveau de compétition, ça ne pardonne pas. Ça a été particulièrement flagrant lors du quart de finale contre l’Espagne. Après, le fait d’être plongé dans un environnement regroupant toutes ces disciplines et tous ces très grands sportifs est une expérience incroyable. Je la souhaite à tous les sportifs de haut niveau.

Entre les trois défaites lors des matchs de préparation et votre mauvais match inaugural contre l’Australie, on a eu l’impression que vous avez eu du mal à vous mettre en jambes. Comment l’expliquez-vous ?

La saison a été très longue pour tout le monde. Et le tournoi de qualification olympique aux Philippines début juillet nous a pompé pas mal d’énergie. Il ne faut pas non plus oublier les arrivées tardives de certains joueurs dans le groupe… Résultat : on a eu un peu de mal à se remettre en route. On n’a pas su faire les efforts qu’il fallait à l’entraînement et le coach l’a souvent souligné. On s’en est rendu compte lorsque la compétition a commencé. En plus, pour notre premier match aux JO, nous sommes tombés sur l’Australie qui a fait une très belle compétition et qui nous a largement dominés.

Comment avez-vous abordé ce fameux match contre la Serbie [Les Bleus savaient qu’en perdant contre la Serbie en poule, ils éviteraient une éventuelle demi-finale contre les favoris américains, ndlr] ? Y a-t-il eu un débat pour savoir s’il fallait vraiment le gagner ?

Contre la Serbie, on ne voulait pas calculer, on l’avait déjà fait par le passé et on se souvient de ce qu’il nous était arrivé. Donc non, pas de débat. Et puis de toute façon ce n’est vraiment pas dans ma mentalité de faire « exprès » de perdre. Avec le recul, on se rend compte que si débat il y avait eu, il aurait été de toute façon inutile puisque nous ne sommes pas parvenus à passer l’Espagne pour affronter en demi-finale les Américains.

Cela fait 8 ans que vous jouez l’Espagne tous les étés. Considérez-vous cette équipe comme étant intrinsèquement supérieure à la France ? Y a-t-il des regrets à avoir sur ce match ?

Je ne crois pas que l’Espagne soit « intrinsèquement » meilleure que nous. C’est sûr qu’ils ont de très bons joueurs, mais nous aussi ! Leur équipe était peut-être mûre plus tôt que la nôtre, c’est vrai. Et à chaque fois qu’ils nous ont battus c’est lorsqu’ils déroulaient un très beau collectif et que nous faisions l’inverse. Reste que nous sommes parvenus dans le passé à les sortir à deux reprises, dont une fois chez eux et sans Tony et moi, alors que leur équipe, elle, était au complet. Depuis deux étés, ils ont repris le dessus, mais j’ai hâte d’être au prochain Euro pour inverser la tendance à nouveau. France-Espagne en basket, c’est une très belle rivalité.

Les États-Unis étaient-ils battables d’après vous ?

C’est évidemment toujours très difficile de jouer les États-Unis, mais je pense que oui. Certaines équipes, lors de ces JO, ont démontré qu’elles étaient en capacité de faire plus que de les inquiéter.

Comment avez-vous perçu les déclarations de Tony Parker à votre encontre fin août dans L’Equipe (« Maintenant, comme Nando monte la moitié du temps, je n'ai pas la balle sur le terrain. Je suis sur le côté et je regarde Nando jouer. Tout le monde ne peut pas tourner à 20 points de moyenne et, aujourd'hui, c'est Nando notre meilleur marqueur, c'est lui qui prend le plus de tirs (8,7 tirs en moyenne pour De Colo, 8,6 pour TP - ndlr) et qui a le plus souvent la balle dans les mains. C'est pour ça que je comprends que Nicolas Batum soit frustré. On était champions d'Europe, on était performants, on enchaînait les médailles, avec moi et Nico en tête d'affiche. Depuis l'année dernière, c'est Nando la tête d'affiche. ») ? La collaboration avec Tony et Nicolas aurait-elle pu être meilleure ?

Je comprends que Tony puisse être un peu frustré par sa dernière campagne avec l’équipe de France. Il aurait forcément préféré décrocher une médaille pour marquer encore un peu plus l’histoire du basket français, on le souhaitait tous. Après, en ce qui me concerne, je respecte les consignes du coach et je prends mes responsabilités quand il le faut. Je ne me pose pas la question des statistiques ou de savoir qui prend le plus de tirs ; lorsqu’un joueur est en réussite à un moment donné, il faut l’alimenter. Mais de toute façon, on ne gagne des médailles qu’avec un groupe, un bloc collectif, pas avec une ou deux « têtes d’affiche ». Un seul joueur n’a jamais gagné des tournois à lui tout seul, encore moins dans le basket FIBA.

Tony Parker, Mike Gelabale et Flo Pietrus ont tiré leurs révérences en équipe de France. Boris Diaw, lui, reste un an de plus. Qu’est-ce que cela vous évoque ?

Tony, Mike et Flo sont de très grands joueurs qui ont beaucoup donné à l’équipe de France. A nous de prolonger la période faste qu’ils ont entamée ! La présence de Boris Diaw, notre capitaine, sera très précieuse dans cette perspective. Mais maintenant qu’une génération part, je pense qu’il faut tout remettre à plat et faire le maximum pour créer un nouvel élan au sein de l’équipe de France et responsabiliser autant que possible tous les jeunes joueurs talentueux que nous avons en France. Je crois qu’il faut s’appuyer sur les résultats et l’expérience passée, non pas pour la reproduire, mais pour tirer les enseignements de ce qui n’a pas fonctionné et engranger encore plus de titres.

Quels sont désormais vos objectifs en bleu collectivement et individuellement ? Comment voyez-vous votre rôle l’an prochain lors de l’Euro ? Allez-vous devenir le leader de cette équipe avec Nicolas Batum ?

Le prochain objectif avec l’équipe de France est clairement de récupérer le titre de champion d’Europe [en septembre 2017, ndlr]. Je ne pense pas que mon rôle devrait fondamentalement changer : reproduire ce que je fais tout au long de l’année avec mon club. J’ai déjà le sentiment de faire partie des “anciens” en équipe de France donc ça ne va pas changer non plus. Concernant Nico, je n’ai pas de doute qu’il retrouvera le niveau de jeu qui était le sien avec l’équipe de France par le passé et qui nous avait fait tant de bien. Et à côté nous avons des joueurs dans les deux meilleures ligues du monde et qui n’y font pas que de la figuration, loin de là. Pour les Bleus, il y a plein de raisons d’espérer !

Concernant votre carrière en club, vous avez prolongé cet été avec le CSKA Moscou, équipe avec laquelle vous avez tout gagné l’an dernier. Comment allez-vous faire pour rester motivé ?

J’ai pris une grande décision cet été en choisissant de rester à Moscou pour marquer l’histoire de l’Euroligue et du club. J’ai trois saisons pour y parvenir. Le staff du CSKA est sur la même longueur d’onde et je peux compter sur eux pour faire le nécessaire afin que l’équipe se transcende à nouveau. Ma motivation ? Reproduire ce que nous avons fait la saison passée, en mieux.

Que faut-il te souhaiter pour cette nouvelle saison ?

De continuer à prendre le même plaisir.

(Source : Yahoo)

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