ITW Rudy Gobert : « On joue toujours pour aller le plus loin possible »

29.08.2014

Avant le Mondial espagnol, entretien croisé entre Rudy Gobert, qui évolue aux Etats-Unis, et Thomas Heurtel, qui joue en Espagne, sur la construction de l’équipe de France.

On en a croisé des joueurs de basket. Bon, pas des masses non plus, mais quand même, et on n’avait jamais vu un tel joueur : Rudy Gobert, 22 ans, 2,16 mètres, 111 kilos. En soi, les mensurations du pivot destiné à veiller sur la raquette française pendant la prochaine décennie (on a compris depuis longtemps que Joakim Noah avait d’autres priorités) n’ont rien d’inédites ; le basket mondial ayant connu des joueurs de 2,30 m et plus (le Chinois Yao Ming, le Roumain Gheorghe Muresan, le Soudanais Manute Bol) mais aucun n’avait la mobilité et l’envergure du défenseur des Jazz d’Utah : s’il reste une heure les bras écartés, une colonie d’étourneaux serait foutue de s’y poser, croyant trôner sur une ligne haute tension. Malgré son immaturité tactique, Rudy Gobert constitue l’arme principale pour interdire aux adversaires l’accès au panier des Bleus lors du Mondial qui s’ouvre ce samedi en Espagne, les Bleus débutant leur tournoi par un match difficile face au Brésil. A fortiori depuis jeudi et le forfait du rugueux intérieur d’Indiana, Ian Mahinmi, à cause d’un faux mouvement à l’entraînement. Dans une équipe limitée offensivement par l’absence du boss Tony Parker et de Nando De Colo, l’apport des rebonds et des contres de Gobert sera primordial.

Dans un tout autre style, Thomas Heurtel, 25 ans, meneur piquant évoluant à Vitória (Espagne), détient lui aussi une des clés de la réussite des Bleus. En relais d’Antoine Diot, l’homme-orchestre de Strasbourg, Heurtel, qui s’apprête à jouer au minimum vingt bonnes minutes par match, devra forcer sa nature et limiter l’impact des scoreurs adverses. Un sacerdoce pour ce créateur au shoot soyeux. Entretien croisé avec deux artificiers chargés par le selectionneur français, Vincent Collet, «de défendre le plomb» lors de la Coupe du monde, autour du thème de la construction de l’identité d’une équipe où cohabitent des éléments de tous horizons : NBA, grands clubs européens et Pro A française.

Le basket est un sport où la sélection arrive souvent derrière les clubs dans l’ordre de priorité des joueurs. Quel rapport entretenez-vous avec l’équipe nationale ?

Rudy Gobert : Les franchises américaines sont assez craintives par rapport aux compétitions internationales parce qu’elles ont peur que les joueurs se blessent. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en NBA, plus qu’un sport en tant que tel, le basket est un business. Les nations doivent donc payer des assurances pour indemniser les clubs américains si leurs joueurs reviennent en état d’indisponibilité. La difficulté, c’est que nous devons évoluer en permanence dans deux mondes parallèles, qui n’ont pas les mêmes codes. Moi, en arrivant à Utah, une des premières choses que j’ai négociées, c’est la possibilité de venir en sélection. Si les choses ne sont pas bordées dès le départ, c’est compliqué ensuite. Mais, à 20 ans, je ne pouvais pas aller au carton avec mon club seul. Mon agent m’y a aidé.

Thomas Heurtel : En Europe, la culture est tout autre. Les clubs ne voient pas la sélection comme un risque mais, au contraire, comme une opportunité de faire progresser leurs joueurs et d’augmenter leur valeur marchande. Les sommes d’argent qui transitent dans le basket européen sont mille fois inférieures à celles du basket américain. Une Coupe du monde ou un Euro sont perçus comme des vitrines.

Se prépare-t-on à la compétition de la même façon en Europe et en NBA ?

R.G. : Je ne suis pas parti depuis suffisamment longtemps pour saisir toutes les différences. Je sais qu’avant, en équipe de France, les joueurs étaient deux par piaule. Désormais, on est seul en chambre. C’est une évolution qui tend vers le modèle américain où les joueurs sont plus autonomes et responsabilisés. En revanche, ici, les repas sont tous pris en commun. L’encadrement est plus rigoureux. On ne commande pas de bouffe dans nos coins [Joakim Noah expliquait dans la presse qu’à Chicago, il commandait des steaks au petit-dej, ndlr]. Mais la véritable différence, ce sont les règles et les dimensions du terrain [en Europe la ligne de tir 3 points est à 6,75 m. En NBA, c’est 7,23 m]. Tactiquement, au départ, ça fait drôle. Il faut se remettre dedans.

T.H. : Je crois que l’on fantasme beaucoup sur les écarts. En sélection, c’est juste par manque de temps que l’on ne fait pas de travail technique individuel. Reste les réglages collectifs, l’assimilation de systèmes, la vidéo…

Mais le jeu aux Etats-Unis est moins académique : plus brutal, plus agressif, tout en courses. Faut-il que le sélectionneur français, Vincent Collet, s’en nourrisse ?

T.H. : Oui, c’est vrai que le jeu NBA est moins léché. Rudy joue de cette façon-là, d’ailleurs. Il court beaucoup plus que les pivots européens. Il est tellement grand que, moi, je fais des relances rapides en lui jetant la balle en l’air ! [Rires]

Donc il faut faire une synthèse entre les styles de jeu européen et américain ?

T.H. : Non, il ne faut pas faire une synthèse, il faut définir l’identité d’une équipe, son style. En équipe de France, on a une identité claire depuis des années : on défend fort, on court, on relance, on ne lâche rien.

R.G. : Oui, c’est ça en réalité le but d’une préparation : trouver son style en un minimum de temps en fonction des forces et faiblesses en présence. Au basket, ce n’est pas comme au foot, il faut souvent garder un tronc commun mais faire des ajustements d’année en année en fonction des absences des uns et des autres. Le coach est vraiment un jongleur, en plus d’être le garant de la continuité. Il est mis sous pression en permanence. Si une équipe a des résultats avec des effectifs différents plusieurs années de suite, c’est la marque d’un grand entraîneur.

Est-ce facile d’accepter l’idée que votre présence en sélection résulte de l’absence de certains cadres ?

T.H. : Je n’y pense pas. Le sélectionneur compte sur moi. Je suis là. Point.

R.G. : Pareil.

Une médaille, franchement, vous y croyez ?

T.H. : On a des grands joueurs. En plus, ils ont une sacrée expérience, comme Boris Diaw et Nicolas Batum. Le risque est que nos adversaires les ciblent systématiquement. Là, il faudra trouver d’autres solutions offensives. Moi, par exemple, je vais devoir prendre mes responsabilités.

R.G. : On joue toujours pour aller le plus loin possible. Maintenant, on sait que les Etats-Unis et l’Espagne sont au-dessus. Mais si on défend comme des malades et qu’on contient les adversaires autour de 60/70 points, ça peut passer. Moi, je suis hyper chaud.

(Source : Libération.fr)

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