Nando De Colo répond aux questions des lecteurs de BasketUSA

16.11.2012

Le site bien connu des amateurs de NBA, BasketUSA, offrait cette semaine à ses lecteurs la possibilité de poser leurs questions à Nando De Colo. L'ex arrière choletais revient sur son début de saison avec les Spurs, ses ambitions ou encore les différences entre le basket européen et le basket NBA.

Quelle différence t’a le plus marqué entre la NBA et le basket européen ?

C’est un rythme de jeu un peu diffèrent. En Europe, tu joues 40 minutes mais à fond. Ici le match est plus long, donc tu ne peux pas être à fond tout le temps. Mais quand certains joueurs le sont quand même, c’est très, très intense, il y a beaucoup de moments où le jeu va très vite. En Europe si tu rates un ou deux paniers, tu calmes tout de suite le tempo alors qu’ici les équipes n’ont jamais peur de vite attaquer en première intention.

Les ajustements pour t’adapter à ces différences sont plus difficiles qu’escomptées?

Si tu travailles et que tu fais attention à ce qu’on dit, ca va. Comme j’ai dit, y’a des petits détails qui diffèrent de l’Europe. Il faut rentrer dans le moule et travailler sous les conseils des coaches qui savent bien ce dont j’ai besoin pour progresser et c’est ce que je fais chaque jour.

Toi qui découvres la NBA, qu’est ce qui t’impressionne le plus dans cet univers si spécial et si différent de l’Europe ?

Les infrastructures surtout. A San Antonio, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. Tu vas à la salle et tu as tout à disposition, tu n’as pas besoin de faire 10 000 voyages pour la récupération, la musculation ou le shoot, tout est sur le même lieu d’entrainement. Ce qui est également impressionnant, c’est qu’il y a tout le temps quelqu’un. Si tu as besoin de quelque chose pour bosser physiquement, les préparateurs et les kinés sont tout le temps là. Si tu as besoin de shooter, tu vas à la salle et tu as tout le temps des rebondeurs qui sont là pour t’aider. Pour progresser et travailler, c’est parfait. Rien que pour les Spurs, on a deux terrains avec 6 paniers alors qu’Espagne avec Valence ou en France à Cholet, on devait partager la salle avec les jeunes et les filles. 

Es-tu prêt à jouer en D-League s’il le faut?

Non, je suis venu ici pour entrer dans l’effectif et je n’ai pas pensé à la D-League. On verra comment ça se passe au fil de la saison mais franchement ce n’est pas dans mon esprit. 

Nando, comment as-tu vécu les comparaisons avec Manu Ginobili lorsque tu es arrivé aux Spurs cet été ? Et à quel autre joueur NBA pourrais-tu te comparer ?

Les comparaisons étaient flatteuses évidemment. Manu reste un joueur exceptionnel compte-tenu de sa carrière. Mais dans le même temps, j’ai juste envie d’être moi, de faire mon travail et rien d’autre. On a des qualités qui peuvent être similaires, peut-être car on a tous les deux un style plus européen qu’américain. C’est sympa mais je n’ai pas trop envie de me prendre la tête avec tout ça, j’ai juste envie de travailler.

Depuis le début de l’entretien tu parles beaucoup de travail et de progrès. Ce n’est pas trop difficile quand tu ne joues que cinq, six minutes par ci par là ?

Ce n’est pas évident du tout mais maintenant que je suis là, qu’est-ce que je peux faire d’autre que travailler ? J’essaye de progresser sur tous les aspects de mon jeu et dès que le temps de jeu arrivera, il faudra le prendre et montrer que je suis capable de m’intégrer dans le groupe et de jouer à ce niveau là. Petit à petit ça va se faire, je dois attendre que mon temps de jeu augmente. 

Pour faire bouger les lignes de la hiérarchie, c’est quand même plus difficile en NBA non ? En Europe, tu as quasi deux entraînements par jour entre les matches alors qu’ici pendant la saison, tu as le shoot around le matin et basta.

C’est vrai que ce n’est pas facile à ce niveau là. En Europe, tu as beaucoup d’entraînements ça peut te permettre de passer devant quelqu’un et de gagner du temps de jeu. Ici tu as la pré-saison, ça dure deux semaines et après tu n’as plus de jeu collectif. Mais je suis dans une franchise où ils connaissent bien les qualités de tous les joueurs et savent comment utiliser chacun de nous. Il faut juste être patient, surtout que notre banc est très long. C’est une nouvelle expérience. Je ne dis pas que ça me plaît de jouer 5 minutes, mais je ne suis pas venu ici en me disant que j’allais recevoir 30 minutes de moyenne et que ça allait être facile.

Qu’est-ce que tu as ressenti lors de ton buzzer beater face aux Hawks ?

C’était sympa mais ça restait un match de pré-saison. J’étais en rythme et j’avais plus de temps de jeu car Tony, Manu et Tim n’étaient pas en tenue. Il fallait que je montre que j’étais en forme, que j’étais capable de jouer face à une équipe NBA. C’était quasi le premier match où j’avais un temps de jeu aussi conséquent. A la fin, ça s’est bien passé et puis c’était Tony qui coachait (rire). On était à +3, ils ont demandé un temps mort et on hésitait à faire faute ou pas. Tony a dit d’y aller, sauf qu’ils ont mis un trois points. On répond avec un temps mort tout de suite et on a décidé que je prenne la balle et joue le un contre un. J’ai pris mon shoot et c’est rentré. C’est bien car tu arrives dans l’équipe, les joueurs ne te connaissent pas très bien avec ça, tu montres que tu es capable de faire des choses. Le staff lui te connaît et sait ce dont tu es capable, pas les joueurs NBA. Je me doutais que la plupart n’avaient pas entendu parler de moi.

Pourquoi avoir choisi le numéro 25 ?

C’est mon âge ! C’est pour marquer le coup l’année où j’arrive dans un nouveau championnat. Quand j’étais à Cholet, j’avais le 12 en hommage à mon père, qui portait ce numéro. En équipe de France, j’ai aussi le 12. Quand je suis arrivé à Valence, je me suis dit que j’allais le garder mais il était déjà pris. J’ai réfléchis avec mon agent et on s’est dit que 22 ça sonnait bien. C’était mon âge. Aux Spurs, au départ je voulais prendre le 87 car c’est mon année de naissance mais à San Antonio, ils ne sont pas très fans des gros numéros et ne voulaient pas aller au-dessus de 45. J’ai alors pensé à reprendre le 12 mais il a été retiré car c’était le numéro de Bruce Bowen. Donc je me suis dit que j’allais continuer sur la lancée de l’âge, d’où le 25.

Comme Boris ou TP, penses-tu un jour investir financièrement dans un club français (Cholet par exemple) ?

Cholet ? (sourire). Non, je ne pense pas. Après on ne sait jamais de quoi l’avenir est fait mais a priori non, Cholet n’a pas besoin de moi (rires). Ce n’est pas facile d’investir dans un club, peut-être que je serais plus en enclin à le faire dans la formation des jeunes. C’est plus mon truc, d’ailleurs j’ai un projet de camp en tête.

Qu’est-ce que coach Pop veut que tu bosses en priorité dans ton jeu à l’heure actuelle ?

Rien de spécial. Il sait que j’ai une qualité de passe, donc il est satisfait de ça. Après pour le reste, ce qu’il veut vraiment c’est que je n’hésite pas à shooter quand je suis ouvert. Je le vois sur le terrain, il donne beaucoup de confiance à ses joueurs même s’il peut parfois gueuler. Pour le moment, il veut que je joue mon jeu et respecte ce qui est demandé défensivement. On verra ensuite au fil des minutes et des matchse, si mon temps de jeu augmente. 

La première grosse colère de Greg Popovich (le coach des Spurs), ça calme ?

Ça va encore (sourire). Il y a beaucoup de gros mots en anglais mais c’est davantage pour faire peur qu’autre chose. Comme nous n’avons qu’une seule défaite, pour l’instant il n’a pas encore vraiment gueulé. Mais je m’y attends, je suis préparé (rire). Je suis quand même passé par des clubs où étaient en places des coachs de l’est. Ce n’était peut-être pas Popovich ou Ivkovic, mais ils n’avaient pas peur de gueuler.

Tu peux jouer sur les deux postes 1 et 2, quelle est ta préférence en NBA ?

Toute ma carrière on m’a demandé, « t’es quoi, 1 ou 2 ? ». Je pense que si un coach sait bien m’utiliser, ça ne me dérange pas d’être les deux à la fois, ça dépend du style sur le terrain. Avec les Spurs, c’est vrai que je suis rentré avec Patty Mills ou Gary Neal, qui a aussi l’habitude de mener, et j’ai quand même pris le ballon. Je sais qu’il y a des écrans à jouer donc je les joue, c’est moi qui fait davantage de passes. Pour l’instant, ça s’est passé comme ça sur le peu de temps de jeu que j’ai eu. Il faudra plus de minutes pour juger où je serai le mieux. On est dans une équipe où beaucoup de joueurs sont capables de jouer différemment. Même Tony laisse parfois laisse la balle à Manu.

Est-ce que l’aspect familial est plus présent aux Spurs qu’au sein de ton ancienne équipe ?

C’est sûr que ça se ressent vraiment aux Spurs. L’image qu’ils veulent transmettre, les joueurs en sont tous conscients et ultra respectueux. Quand par exemple Tony a ouvert son bar à San Antonio, il a bien insisté sur le fait que ce soit un établissement très correct pour renvoyer une bonne image aux Spurs. Même chose cet été avec Manu, la première chose qu’il m’a dit aux JO c’était « bienvenue dans la famille ». Tu sens que les joueurs sont conscients de la valeur des Spurs et que tout le monde est soudé. Ils construisent leur effectif sur le long terme. Il y a vraiment un bon groupe avec de bons gars. Même au niveau des coaches, tu le ressens. Quand on est en voyage et que tu ne sais pas trop où aller, ils te proposent toujours de venir manger avec eux. Ce sont des petites choses qui te montrent qu’ils se soucient de l’équipe et des joueurs.

Justement, tu as franchi le pas car c’était les Spurs ou tu voulais connaître la NBA à tout prix ?

Non pas du tout. En fin d’année, j’étais en contact avec Barcelone donc c’était vraiment un choix important à faire. D’un côté, je reste un compétiteur avant tout : si je n’étais pas venu, je me serais peut-être dit à la fin de ma carrière que j’avais loupé quelque chose. Mais pour l’instant je ne me prends pas la tête, ce n’est encore que le début. Evidemment si ça avait été une autre équipe NBA, j’aurais analysé la situation différemment. Bien sûr jouer en NBA, c’est un rêve et des infrastructures pareilles, c’est quelque chose d’énorme. Mais moi ce qui m’importe le plus c’est de jouer au basket et je n’ai pas envie d’être là pendant dix ans à attendre ma chance.

Source BasketUSA.com

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