Interview : À Cholet comme ailleurs, Michael Stockton a toujours été maître de son jeu

25.09.2020

Pour la deuxième saison consécutive, Michael Stockton sera le maître à jouer de Cholet Basket. Plongée dans l'intimité familiale du meneur américain, qui a grandi sur les traces de son père John, légendaire joueur NBA.

Dans la famille Stockton, je voudrais… « Si vous désirez un sportif, c'est facile. On a ça dans les gênes. » Avec le sourire, Michaël Stockton détaille : « Ma sœur Lindsay (26 ans) a désormais arrêté le basket, mais elle a joué en Espagne. Laura (23 ans) vient d'arriver en Allemagne pour évoluer en Bundesliga. Samuel, mon plus jeune frère (19 ans), débute sa carrière à l'université, David (29 ans) est professionnel et Houston (32 ans) joue au football américain. Nada, ma mère, a elle aussi un passé très sportif. Elle était à la fois volleyeuse à l'université puis est devenue athlète, adepte du cross-country et des longues distances. » Et puis dans la famille Stockton, il y a inévitablement John, le père qu'on ne présente (presque) plus.

John Stockton : « Michael a tracé son propre chemin en restant lui-même »

Membre du Hall of Fame (le mur des légendes) de la NBA, dont il est - et restera sans doute quelque temps encore - meilleur passeur (15 806) et intercepteurs (3 265) de l'histoire, John Stockton a effectué l'intégralité de sa carrière professionnelle, de 1984 à 2003, en restant fidèle à la franchise des Utah Jazz avec qui il disputa deux finales NBA (1997 et 1998).
John, ce père légendaire dont l'ombre a inévitablement plané sur l'épanouissement de ses enfants. « Au regard de sa carrière, parler de lui fait partie du deal. Je m'y attends à chaque interview », sourit Mike Stockton avant de certifier que l'héritage paternel n'a jamais été un fardeau. « Porter le nom de Stockton n'a jamais été compliqué pour moi. C'est ma vie, je n'ai connu que ça. C'est donc naturel. Et un honneur. »

Ce qui est rarirssime, en revanche, c'est que le paternel s'exprime sur le sujet et ouvre publiquement son album de souvenirs familiaux. « Mike aimait me regarder jouer. Après les matchs, il adorait shooter sur le parquet du Delta Center (Ndlr : l'antre des Jazz). Mais il n'a jamais semblé affecté par les comparaisons ou les attentes parce qu'il est mon fils. Au contraire, il a tracé son propre chemin en restant lui-même », explique John Stockton.

Nada Stockton, la maman de Michael, confirme : « Être comparé à son père était un compliment pour Michael. Un défi aussi pour l'aider à devenir meilleur. À sa façon. »

Un avis partagé par Laura, la sœur cadette du meneur choletais : « Notre père était quelqu'un à admirer et une norme à atteindre pour nous. Mais Michael n'a jamais été dans son ombre parce qu'il a toujours été unique. Réellement unique à tous points de vue. Il a toujours été motivé, compétitif et passionné, dans tous les aspects de la vie, en particulier quand il s'agit de jouer au basket. »

Dans la famille Stockton, John n'a toutefois jamais obligé ses enfants à s'amouracher de la grosse balle orange. « Mike a toujours fait du sport : du football américain, du basket, du baseball, du soccer (Ndlr : notre foot à nous), du ski nautique, du tennis, du golf », relance John Stockton. « Il a testé tout ce qu'il pouvait faire. Et il avait le don d'être assez bon dans tout ce qu'il faisait. » Et notamment dans le basket, où le jeune homme se lança pleinement à 18 ans, en 2007, à l'université de Westminster à Salt Lake City (Utah) au contact de Tommy Connor.

Tommy Connor (son premier coach) : « Mike évoluait sans pression. Pas pour faire comme son père »

« C'est mon premier coach et mon deuxième père », décrit Mike Stockton. « Michael était un joueur universitaire génial ; sérieux et motivé. Il s'est mis au travail et s'est vraiment amélioré pendant ses quatre ans passés chez nous », juge en retour coach Connor. « Il était lui-même, en temps qu'homme et que joueur. Il évoluait sans pression et pas pour faire comme son père. »
« Dans la famille, profiter du fait d'être le fils d'un joueur NBA n'était pas permis », s'amuse Mike Stockton. « Nous étions des enfants normaux. Sur ce point, mes parents ont fait un travail formidable. Ils ont été géniaux. »

« Michael savait exactement ce que son père faisait, il ne le cachait pas mais ne s'en vantait pas », ajoute sa mère. « Pour le reste, c'est un garçon authentique, qui voue un amour incommensurable à sa famille. Petit, il était toujours le premier à dire qu'il irait à l'épicerie pour me dépanner. Il aidera toujours n'importe qui à n'importe quel moment. »

Les gènes de l'humilité ont effectivement été transmis. Tout comme ceux du travail. « Je me souviens très bien du jour où j'ai annoncé à mon père que je voulais débuter ma carrière universitaire. Il m'a dit : « Si tu crois que tu travailles assez dur, tu te trompes. Tu dois faire encore plus et consacrer encore plus de temps au basket. » Ce fut une très bonne leçon que j'ai retenue », raconte Mike.

Nada Stockton (sa maman) : « Son père connaît quelques bons trucs sur le rôle d'un meneur de jeu »

« Michael a grandi en regardant comment se comportait son père dans toutes les situations, sur et en dehors du terrain. Il a beaucoup appris en le regardant. John était le meilleur modèle et il connaît quelques bons trucs sur le rôle d'un meneur de jeu (sourires) », relance Nada Stockton.

« Des conseils, j'en donne à Michael uniquement lorsqu'il m'en demande, ce qui n'est pas souvent le cas », s'amuse John Stockton qui a accompagné son fils dans son désir de traverser l'Atlantique. « Michael est sorti d'une très petite université et ne « ressemblait » pas à un joueur NBA. Il fallait qu'il parte pour poursuivre sa propre carrière. » Chose faite en 2011 après avoir obtenu un diplôme de « business management ».

« Sur le Vieux Continent, il s'est réellement fait un nom », applaudit Laura Stockton. « Mike a prouvé qu'il peut jouer au plus haut niveau européen. C'était sa meilleure opportunité de réussite, il l'a saisie », enchaîne Tommy Connor.
Après des expériences en Allemagne (Karlsruhe, Ludwigsburg, Göttingen), Russie (Saratov) et même Grèce (Patras), c'est désormais à Cholet que Michael Stockton s'épanouit. « Il est devenu mon adjoint sur le terrain », savoure Erman Kunter, l'entraîneur de CB qui pourrait louer les qualités de son meneur pendant des heures.

L'intéressé, lui, préfère s'attarder sur ses points de progression. « Je suis un perfectionniste », clame-t-il. « Et un gagnant. Je déteste perdre, je veux être le plus rapide, le mieux préparé. Ce que j'aime, c'est la compétition. »

Mike Stockton : « Aujourd'hui, le meilleur de la famille, c'est moi ! »

« Avec Michael, nous n'avons jamais eu de problèmes de bêtises. En revanche, ce qui lui a parfois causé des ennuis, c'est sa compétitivité », explique Nada Stockton. « Il détestait perdre et cela provoquait des bagarres avec ses frères et sœurs. Dans son esprit, perdre n'était pas une option. » Cela ne l'est toujours pas, en compétition ou ailleurs… notamment lors des matchs improvisés sous le panier installé dans le jardin familial de Spokane. « Cela fait 26 ans qu'on a ce panier sur lequel on a beaucoup joué », sourit Mike Stockton. Le vainqueur se prénommait souvent John. « Mais aujourd'hui, il n'est plus le jeune joueur qu'il était. Le meilleur, j'ai envie de dire que c'est moi ! », conclut Mike Stockton dans un grand éclat de rire. « Enfin, toujours est-il qu'entre nous, la compétition reste grande. »

L'anecdote

L'apprenti journaliste et Charles Barkley

« Enfant, Michael était très verbal. Il parlait tout le temps et avait un vocabulaire important ». John Stockton n'a évidemment rien oublié des premiers mots de Michael, son deuxième fils. Ni de ses premiers pas sur les terrains de basket. Ou de ses conversations avec les joueurs des Utah Jazz ou les adversaires. « Tous mes héros étaient des Jazz, mais mon joueur préféré hors Jazz, c'était Charles Barkley (Ndlr : MVP NBA en 1993 et onze fois All Star) », raconte Michael Stockton avant de narrer un épisode inoubliable vécu avec son idole. « Après un match Jazz - Phoenix, je me suis retrouvé avec Charles dans les vestiaires. Je devais avoir 8 ou 9 ans seulement, mais nous étions en train de parler quand tous les journalistes sont entrés dans le vestiaire. Et tous se sont regroupés autour de Charles pour lui demander une interview. Charles a répondu OK, mais, en me montrant du doigt, il a ajouté « Mais c'est lui qui pose les questions. » C'est ainsi que je me suis retrouvé avec un micro en main en train d'interviewer Charles Barkley pour les éditions du soir à la télé. Je sais que cette séquence vidéo existe, mais je ne l'ai malheureusement jamais retrouvé. »

Le souvenir

John Stockton et le buzzer face à Miami

Dans sa jeunesse, Michael Stockton a assisté à un sacré paquet de matchs NBA. Son premier souvenir concret ? « Un match contre Miami, je devais avoir 5 ou 6 ans », se souvient le meneur choletais. « Je m'en souviens parce que, ce soir-là, mon père avait hérité d'un ballon et inscrit le panier de la victoire au buzzer. »

Dans l'immense carrière de John Stockton, un match correspond à ce critère : celui du 8 janvier 1996 et d'un succès (94-92) face aux Heats.

Photo : E. LIZAMBARD / Tristan BLAISONNEAU

Source : Le Courrier de l'Ouest - Vendredi 25 septembre 2020

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