ITW Erman Kunter (Le Mans) : « Rodrigue va faire une excellente fin de saison ! »

07.04.2015

Erman Kunter est devenu un personnage incontournable du basket français. Le coach stambouliote, qui restera aussi LE recordman de points marqués dans une rencontre de première division (153 !) a effectué la majeure partie de sa carrière de coach en France. Entretien…

Erman, il y a vraiment deux manières de regarder cette saison dans le rétro pour le moment. Le MSB n’est pas encore qualifié pour les playoffs (10e, 14V-13D) et a connu des résultats en dents de scie. Ou alors constater que vous êtes allés en finale de la Leaders Cup, en quart de l’EuroChallenge et que vous montez en puissance comme en témoigne votre victoire chez le leader, Strasbourg. Quel regard portez-vous sur les mois passés ?

Bah… (Long soupir) Ce que je sais, c’est qu’on a vécu, il n’y a pas longtemps, une semaine très, très difficile, pendant laquelle nous avons perdu trois matches de suite. La belle de notre quart de finale d’EuroChallenge, puis deux rencontres consécutives en Pro A, contre Nanterre et à Rouen. C’était compliqué à vivre, surtout pour les joueurs, parce que nous avons été mauvais alors que, jusque-là, nous étions en progrès. Bon, avant, nous sommes allés en finale de la Leaders Cup, avons atteint les quarts de finale de l’EuroChallenge alors… Ce n’est pas l’Euroleague non plus, mais un quart reste un quart ! Toutefois cette série de trois revers en une semaine, du mardi au mardi, nous a vraiment fait mal.



Erreurs de recrutement, blessures de Dounia Issa, Romero Osby, ou pépins à répétition pour Beaubois voire Kahudi, qu’est-ce qui, en tant que technicien, vous a posé le plus de soucis cette saison ?

Ah ça, qu’on ait fait des erreurs de recrutement, c’est sûr et certain ! Mais bon, une fois qu’on a dit ça, il faut tourner la page. On a commencé à travailler dur et… (Erman s’interrompt) Après on a eu des blessés. Vous savez, c’est toujours pareil, quand une préparation commence mal, que certains joueurs sont déficients, vous tirez un peu plus, un peu trop sur certains autres et ils se blessent ! Le problème est là. Un recrutement raté, ça a d’autres conséquences que juste le fait de devoir changer les joueurs concernés. Là, au début, on a trop appuyé sur Mike Ignerski ou Dounia Issa, par exemple. Et on l’a payé ! Cash ! (Kunter éclate de rire !)

Quand Dounia s’est blessé, vous avez de suite dit ne pas vouloir le remplacer et opter pour donner du temps de jeu aux jeunes, dont Petr Cornélie…

Cornélie, l’an dernier, j’ai regardé les statistiques : il a joué une minute dans toute la saison. Et il n’avait pas pu prendre de l’expérience cet été avec les moins de 20 ans, puisqu’il a été coupé ! Mais le résultat, c’est qu’on a pu bien travailler avec lui, on lui a donné sa chance et… il a été très bon. Il a bien répondu à notre confiance. Petr a un gros potentiel. Vous savez, j’ai travaillé avec beaucoup de jeunes, des potentiels NBA. Alors quand je regarde un jeune comme lui et que je pense qu’il va pouvoir jouer, je me trompe rarement.

À l’intérieur, est-ce que l’arrivée de C.J. Wallace vous a permis de mieux stabiliser votre jeu ?

C’est vrai que ça va mieux dans ce secteur. Un petit peu mieux. C.J., ce n’est pas un joueur type pour le championnat de France. Il a toujours joué, avant, dans des équipes qui possédaient des effectifs très importants. Dans des clubs d’Euroleague, avec 12, 13 ou 14 joueurs dans la rotation. En France, on cherche, même avec des moyens limités, des joueurs d’impact. C.J., ce n’est pas un joueur qui va briller tout seul. Il peut prendre des rebonds, passer, shooter un peu, défendre, mais ce n’est pas le profil type du joueur de Pro A. Mais moi, je le connaissais pour avoir joué quatre fois contre lui quand il était en Italie ou au Barça, et je savais ce qu’il pouvait nous apporter. Aujourd’hui, je détaillais les stats et les effectifs de l’Euroleague et de quelques autres grandes ligues. En Euroleague, les stats montrent que les joueurs jouent 18, 20 minutes et tournent à 6 ou 8 points, 5 ou 6 rebonds par match. C’est comme ça que les grandes équipes tournent, pas forcément avec des joueurs d’impact ! (Erman martèle ce terme) C.J., il magnifie le collectif. Il n’aligne pas des stats. Il peut faire beaucoup de choses, mais dans un cadre collectif précis. Aujourd’hui, est-ce que ces joueurs d’impact, que l’on cherche absolument en France, aident nos clubs à performer en coupe d’Europe, ça je ne peux pas vous l’affirmer…

Mouphtaou Yarou a été décevant mais semble monter en puissance (15,8 d’évaluation sur les 5 dernières journées). Comment expliquez-vous ses difficultés pour s’adapter à la Pro A ?

Il a progressé ! Il sortait d’un championnat de Serbie un peu particulier, où il était entouré de 4 ou 5 joueurs qui connaissent parfaitement le jeu. Là, ce n’est pas pareil et il a dû s’adapter, mais il est en train de monter en puissance. Il doit encore avancer sur certains points, mais là, il progresse vraiment. Je pense que d’ici à la fin de la saison, Mouphtaou va être un joueur très important pour nous.

Vous venez de mettre fin à une série de 11 victoires de la SIG en tenant Strasbourg à moins de 70 points. Défense et jeu sous contrôle (premier en Pro A avec seulement 11,8 ballons perdus par match) sont votre marque de fabrique…

Oui, mais bon, même contre Strasbourg, nous étions très bien dans ce domaine, puis on a fini par perdre pas mal de ballons (14 au total, ndlr). Ce qui nous a parfois manqué cette saison, c’est plutôt l’agressivité en défense. Dans ce secteur, nous sommes capables d’être très bons par séquences, mais nous ne parvenons pas encore à être constants. Nous avons des hauts et des bas en défense, et quand on ne défend pas bien, vous pouvez être certain que vous n’attaquerez pas bien non plus de l’autre côté du terrain ! Il faut trouver le moyen de monter en puissance dans ce secteur, c’est indispensable.

Rodrigue Beaubois a montré d’excellentes choses sur certains matches mais paraît parfois plus en difficulté. Ce manque de régularité ou d’impact dans certains matches s’explique-t-il par le temps passé loin des terrains ?

Bon, à mon avis, je suis certain que d’ici la fin du championnat, Rodrigue sera redevenu décisif pour notre équipe. Rodrigue, tout le monde sait qu’il est un peu fragile sur le plan physique. J’ai travaillé trois ans avec lui, je le connais bien. Mais derrière une grande période de blessures comme il a connue, ça lui a donné aussi une forme de fragilité psychologique. Et ça, il est en train de le surmonter peu à peu. Il ne faut pas se le cacher, les résultats qu’on obtiendra ou pas lors de cette fin de saison, seront très dépendants de Rodrigue. C’est un joueur très important pour nous. Là, mon sentiment, c’est qu’il est en train de monter en régime et qu’il va nous faire une excellente fin de saison.

Avec Yarou et Beaubois qui montent en puissance, vous risquez d’être dangereux en playoffs. Mais… il faut s’y qualifier…

Bien sûr ! Aujourd’hui, je crois qu’il y aura vraiment une lutte acharnée entre 8 équipes pour cinq places. Strasbourg, Nanterre et probablement Limoges, avec l’arrivée de Jeter, devraient assurer leur qualification un peu au-dessus des autres, mais derrière, difficile de savoir qui va sortir de cette bataille. Nous avons un avantage, c’est qu’on va recevoir tous nos adversaires directs à Antarès, sauf Le Havre, où il faudra aller jouer.

Face à Strasbourg comme à Nanterre, les deux premiers, vous avez partagé les victoires et les défaites et été performants lors des matches à enjeu, à Disney. Que peut espérer Le Mans si l’équipe se qualifie pour les playoffs ?

Oui, mais d’abord, il faut y aller ! Les playoffs, c’est un nouveau championnat et personne ne peut prévoir ce qui va s’y dérouler. Je ne pense pas qu’on puisse terminer sur le podium, mais entre la 4e place et… la 9e, synonyme d’élimination, c’est vraiment ouvert.

Vous avez retrouvé la Pro A après deux années à Besiktas. Quelles comparaisons pourriez-vous faire entre ces deux ligues ?

La Pro A, c’est vraiment une ligue différente des autres. Avec son charme et ses particularités. Après… malheureusement, les résultats sur le front européen ne sont pas bons. Pourquoi ? Je pense que ça tient surtout à la profondeur des effectifs. Aujourd’hui, on tourne à 9 ou 10, alors que les clubs qui jouent toute la saison en Euroleague ou jusqu’au bout en Eurocup, tournent vraiment à 12 minimum. À mon avis, l’un des problèmes est là ! Après, ce n’est pas facile de gérer des effectifs aussi larges. Il faut en avoir conscience, mais c’est indispensable, je crois. Même quand on vous donne 10 millions d’euros à gérer, construire une équipe performante n’est pas si facile. Surtout quand on n’a pas l’habitude de gérer autant de joueurs. En France, on se cache souvent derrière le manque d’argent, mais ce n’est pas le seul problème. Moi, je crois qu’il faut qu’on s’ouvre un peu au monde. Si on reste trop enfermé dans nos certitudes, dans notre championnat, ce n’est pas bon. Je dis "mon championnat", car même si je suis Turc, ma carrière de coach est ici. Il faut regarder ailleurs. Sortir de notre cercle. Il faut peut-être que nos coaches s’exportent un peu plus, acceptent d’aller voir ailleurs…

Denain, l’une des bonnes surprises de la Pro B, est coaché par Jean-Christophe Prat, qui était votre assistant à l’ASVEL puis à Besiktas. Est-ce que sa réussite, basée sur le développement de jeunes joueurs, vous fait plaisir et, plus généralement, ne trouvez-vous pas que le cercle des coaches, en Pro A notamment, n’est pas un peu refermé sur lui-même ?

Ce que fait Jean-Christophe est intéressant. Cela me fait plaisir, parce que c’est moi qui l’ai fait venir à Besiktas. Et je crois que cette expérience a été importante pour lui. Aller voir ailleurs, c’est un enrichissement. Là, avec des moyens très, très limités, Jean-Christophe est 4e ou 5e de Pro B !

(Source : LNB)

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