ITW Jérôme Navier : « C’est bien de se rappeler d’où l'on vient »

13.01.2016

En battant Rouen la semaine dernière, vous avez repris une victoire d’avance sur Rouen mais aussi sur Nancy, les deux équipes qui se partagent actuellement l’avant-dernière place. Cholet est donc enfin passé au-dessus de la zone de relégation. Peut-on dire que le plus dur est fait ?

Non, pas du tout puisqu’on est qu’à un seul point de ces deux équipes. Alors certes, on a réussi à battre ces deux équipes à l’extérieur, on les recevra sur la phase retour mais ce n’est pas une fin en soi. Il reste 18 matches à jouer et qu’un point d’écart. Il y a du mieux, c’est indéniable, mais il faut continuer dans cette voie.

Il n’y a pas si longtemps que cela, Cholet restait sur 10 défaites de suite, une série assez effrayante. Aujourd’hui, vous ne devez plus être du tout dans le même état d’esprit.

Oui, parce que sur nos 4 derniers matches, on est à trois victoires dont deux à l’extérieur. On a mis derrière nous cette série malheureusement historique pour le club, mais c’est bien de se rappeler d’où l'on vient.

Ce qui avait surpris, c’est qu’avant cela, Cholet avait très bien commencé avec deux victoires sur les deux premières journées, notamment une sur le parquet de Villeurbanne. Comment expliquer un tel contraste entre vos bons débuts et cette série de dix défaites qui a suivi ?

Je pense que des fois, jouer les grosses équipes – et Villeurbanne montre qu’elle fait partie du haut de tableau – en début de championnat, c’est mieux car les grosses écuries ne sont pas encore rodées. Malheureusement, ensuite on perd deux fois à domicile consécutivement et là, le doute commence à se mettre en place. Ensuite, Nicolas De Jong se blesse, on a aussi changé des joueurs…

Comment vit-on une telle série noire et surtout, comment en sort-on ?

Déjà, on le vit chacun à son niveau mais que ce soit le joueur ou le staff, c’est très compliqué à vivre. En plus, il y avait des entraînements cohérents mais qui ne résultaient pas par des victoires, à un moment, on pouvait commencer à se poser la question si on avait le niveau. La confiance était très, très basse et on s’en est sorti avec un déclic qui fut la victoire contre Antibes à la Meilleraie. Elle a fait du bien à tout le monde, l’équipe, le staff mais aussi tous ceux qui travaillent à Cholet Basket, et puis au monde extérieur, les partenaires, les supporters.

Il y a aussi eu votre nomination en remplacement de Laurent Buffard. Cela ne s’est pas tout de suite traduit par des résultats positifs puisque vous avez perdu contre Le Havre et Paris-Levallois, mais après six matches, votre bilan est de 3 victoires pour 3 défaites. On parle souvent de l’électrochoc que peut induire un changement de coach, pensez-vous que cela a fonctionné pour vous ?

Ce n’est pas facile comme question (il hésite longuement). D’abord, je dirai que l’électrochoc n’a pas eu lieu dans le sens où le changement d’entraîneur a résulté sur deux défaites, contre l’équipe qui était dernière du championnat (Le Havre) et une autre qui n’était pas au mieux (Paris-Levallois). Le choc psychologique, je n’y crois pas trop, je crois plutôt au travail sur la durée. C’est cette première victoire contre Antibes qui a eu valeur de déclic, et puis nous les entraîneurs, on a une part à jouer dans les résultats mais c’est avant tout sur le rectangle que ça se passe.

« Je crois qu’il n’y a que la catégorie minime que je n’ai pas entraînée à Cholet »

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match_cb-jsf_4.jpg, par choletbasket

Jérôme Navier a connu Stephen Brun à l'époque où ce dernier était Espoir à Cholet

Vous n’aviez jamais coaché en Pro A avant cela, pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Je suis choletais pure souche, j’ai fait mes gammes de basketteur à Cholet Basket mais je n’avais pas le talent pour être au Centre de Formation. Par contre, j’ai vite attrapé le virus du coaching et dès l’âge de 18 ans, j’ai arrêté le basket pour coacher. À force de travail et aussi de résultats, j’ai réussi à intégrer rapidement le Centre de Formation de Cholet, en tant qu’entraîneur-adjoint avec les Cadets France au début des années 2000. C’était la génération Jean-Michel Mipoka, Mickaël Gelabale, Vincent Mouillard… Et on a fait le doublé. J’ai aussi été assistant des Espoirs. Ensuite, je me suis dit que si je voulais en faire mon métier, il fallait que je vois autre chose que Cholet donc je suis parti à Nantes pendant deux ans où j’étais responsable du Centre de Formation. En 2003, Éric Girard souhaitait m’avoir comme adjoint au Havre, en Pro A, et puis il m’a emmené avec lui vivre des saisons exceptionnelles à Strasbourg pendant 4 ans, où l'on a été Champion de France et connu l’Euroleague. Après cela, Éric a fait un break et j’ai lancé mon aventure de coach en N1 où ça s’est très mal passé. J’ai rejoint Éric Girard à Limoges en Pro B mais la non-accession en Pro A, après la finale perdue contre Poitiers, ne m’a pas permis de rester à Limoges. J’ai tenté une autre aventure en N2 avec Longwy mais au dernier moment, le club a été repêché en N1, et ça a été une saison très difficile tant professionnellement que personnellement. J’ai donc décidé de revenir à mes sources, à Cholet, où j’étais responsable du scouting en Euroleague pour Erman Kunter. J’ai ensuite fait un break et en 2013, j’ai retrouvé un poste à Nantes. Et l’année dernière, j’ai reçu un coup de téléphone d’Éric Girard pour le rejoindre au Portel mais quelques jours après, Cholet m’a proposé d’être assistant de Laurent Buffard en Pro A, jusqu’à début décembre où l'on m’a proposé le très gros challenge de maintenir cette équipe en Pro A.

Quand on est Choletais d’origine, comme vous, qu’est-ce que cela fait de se voir proposer les rênes de son club de cœur ?

C’est quelque chose de très fort parce que même si c’est une situation particulière, prendre la suite de la personne avec qui je travaillais tous les jours, je suis aujourd’hui le coach principal de l’équipe pro de Cholet et pour moi, c’est spécial. J’étais gamin dans les tribunes de la Meilleraie pour supporter cette équipe pour ensuite connaître quasiment tous les échelons sportifs de Cholet. Je crois qu’il n’y a que la catégorie minime que je n’ai pas entraînée à Cholet.

Durant toutes ces années, coacher en Pro A constituait-il un objectif à long terme ?

Je ne fais surtout pas de plan sur la comète, ce qui me plaît, c’est d’abord de travailler en staff. Cela a toujours été mon objectif, quel que soit le poste que j’occupe. Pour moi une équipe professionnelle, ce n’est pas qu’un coach et des joueurs. Mais aujourd’hui, je donne des directives, j’écoute, j’échange et au final c’est moi qui prends les décisions. Et c’est très intéressant.

Cholet est l’un des clubs historiques du basket français et qui a d’ailleurs connu de grandes réussites récemment, avec un titre de Champion de France en 2010 notamment, mais c’est aussi un club qui, depuis, est descendu dans la hiérarchie et n’a plus fait les Playoffs depuis 2012 et le départ d’Erman Kunter. Comment expliquez-vous cela ? Cholet n’a pas trouvé le bon successeur à Kunter, ou bien y a-t-il d’autres raisons ?

Je ne peux pas répondre à cela puisque moi, je suis revenu à Cholet la saison dernière. Et il ne faut pas oublier qu’il y a eu des titres avec Erman Kunter, notamment le plus glorieux, mais auparavant, le club avait aussi gagné des choses. Pour diverses raisons, le club est descendu ces dernières années. Médiatiquement, c’est toujours un gros plus d’être Champion de France, de faire l’Euroleague, il y a aussi un gros boom financier car c’est plus facile d’attirer des sponsors dans ces conditions. Et même si l’argent ne fait pas tout, ça réduit le risque de mauvais résultats. Depuis quelques années, la masse salariale diminue et automatiquement, il y a un risque de résultats plus compliqués. Et malgré cela, Cholet est avec Villeurbanne le seul club à n’être jamais descendu en Pro B.

« Je pense réellement que le recrutement doit se professionnaliser dans le basket »

Cholet a déjà utilisé 9 joueurs non formés localement cette année, avec l’arrivée récente de DaShaun Wood. L’année dernière, 9 aussi et la saison précédente, 8. Ces dernières saisons, il y a un gros turnover des joueurs étrangers. Cela ne traduit-il pas un problème dans le recrutement, le scouting ?

C’est une très bonne question. Je pense que le recrutement estival est très, très important pour la suite des résultats et je pense que ce ne serait pas idiot d’avoir un staff recrutement, composé d’une ou plusieurs personnes qui ne s’occupe que de cela à plein temps. Le marché est tellement ouvert, on a aujourd’hui un turnover de joueurs étrangers à chaque fin de saison - mais aussi dans la saison - qu’on ne connaissait pas il y a vingt ans. C’est aussi dû au fait qu’on a le droit à 5 joueurs étrangers par équipes. Tout cela fait que le recrutement est compliqué : il y a tellement de joueurs dans tellement de championnats différents, sachant que certains réussissent dans un championnat et pas dans l’autre, et même parfois dans un même championnat, certains joueurs réussissent dans une équipe et pas dans l’autre… Pour limiter le hasard, je trouve qu’une cellule recrutement dans un club, c’est très, très important. Car on ne peut pas simplement recruter sur des chiffres et un bout de vidéo. Avoir un regard sur tous les championnats européens, et même sur les championnats plus exotiques, car on se rend compte que des joueurs sortent d’on ne sait trop où et sont performants. Tout ça prend beaucoup de temps et ce n’est pas compatible avec le job d’entraîneur au cours de la saison. Or, quand il y a des blessures ou des erreurs de casting en cours de saison, ce serait bien d’avoir au moins une personne qui pourrait passer tout son temps pour voir des matches, rencontrer des agents, des joueurs, des coaches. Je pense réellement que le recrutement doit se professionnaliser dans le basket.

Vous avez d’ailleurs effectué un recrutement tout récemment avec l’arrivée de DaShaun Wood mais il y en a eu d’autres en cours de saison, comme JP Prince ou Junior Mbida. Aujourd’hui, l’équipe telle qu’elle est construite vous semble-t-elle mieux outillée pour le championnat ?

L’arrivée de Junior Mbida a eu un impact lors de nos victoires contre Antibes et Nancy car on a pu rééquilibrer l’absence de Nicolas De Jong. Malheureusement, Junior s’est blessé juste avant Noël donc on retombe dans une configuration avec un seul vrai numéro 5 qui est Murphey Holloway, mais ce sont les aléas du sport. L’autre recrutement que j’ai opéré, c’est celui de DaShaun Wood qui pour moi rééquilibre vraiment l’équipe au niveau de la mène. On est plus équilibré désormais sur l’organisation du jeu, le leadership et la complémentarité. Tout le monde va plus évoluer sur son poste naturel, et les résultats parlent pour l’instant en faveur de cet équilibre retrouvé.

Si pour la Leaders Cup il est trop tard, le 8ème n’est qu’à trois victoires aujourd’hui. Du coup, les Playoffs redeviennent-elles un objectif ?

Très clairement, non. Le premier objectif, c’est de gagner le prochain match, que l’équipe soit meilleure match après match sachant que l’objectif premier est de se maintenir le plus rapidement possible en Pro A. Si toutefois, il y avait une éventualité de Playoffs à la fin de la saison, on fera tout pour.

Votre prochain match, ce sera au Mans, chez l’un des 4 co-leaders du championnat. C’est donc un déplacement difficile. Mais c’est aussi le derby de l’Ouest entre Le Mans et Cholet. Pour vous qui avez connu de gros derby, à Strasbourg notamment entre la SIG et le SLUC, le derby entre Le Mans et Cholet est-il comparable ?

Non, pour moi les derbies existaient quand il y avait une continuité dans les équipes. Aujourd’hui, le turnover est tel que je ne sais pas si JP Prince a cette notion de derby contre Le Mans, ou si Mouphtaou Yarou a cet esprit de derby contre Cholet. Alors, il peut y avoir une grosse rivalité, comme entre Strasbourg et Limoges ces dernières années mais c’est parce que les effectifs ne changent pas beaucoup. La notion de derby, elle est vraiment présente chez les supporters qui eux connaissent l’historique de ces rivalités. Pour nous, Le Mans est un match à deux heures de bus de chez nous (Rires).

(Source : LNB)

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