Mickaël Gelabale : «C'était mon rêve de retourner en NBA»

28.01.2013

Mickaël Gelabale avait quitté la NBA par la petite porte en 2008, après une rupture des ligaments croisés du genou droit. Son retour sur les parquets a été compliqué, difficile, douloureux. Les sensations ont mis du temps à revenir. Son retour à Cholet, son club formateur, à l’orée de la saison 2009-2010, lui a permis de se réinventer. L’ancien double vainqueur du concours de dunk de la liga ACB ne tutoie certes plus les cercles, mais il se définit désormais comme un joueur plus complet. À 29 ans, ce cadre du basket européen se voit donner une nouvelle chance au sein de l’Association en signant un contrat de 10 jours avec les Minnesota Timberwolves.

Ton parcours cette année est plutôt surprenant. Comment t’es-tu retrouvé à Minnesota ?

J’ai signé en pige médicale à Cedevita (Zagreb) car je voulais jouer l’Euroleague, donc j’ai saisi l’opportunité d’aller là bas. Ensuite Bozidar Maljkovic, mon ancien coach au Real Madrid, est parti. Mon contrat se terminait un mois après son départ. Ils m’ont proposé de rester, mais j’ai eu une offre de Valencia. J’ai préféré aller là-bas car le championnat espagnol est l’une des meilleures ligues en Europe. Je me sentais bien à Cedevita mais, comme on dit, c’est un business, et ce n’est pas comme si j’étais à la maison. Je voulais revoir le championnat espagnol huit ans après.

Tu arrives à Valence, tout se passe alors bien…

Oui premier match (le 20 décembre) contre le Real Madrid. On fait un bon match là-bas, on perd (84-87) et ensuite on enchaîne. Je me sentais bien dans l’équipe, je me suis vite adapté, il y avait Flo (Piétrus) qui m’aidait bien. Je connaissais certains autres joueurs, donc l’intégration facile. J’étais bien utilisé, le coach savait ce que j’aimais faire.

Comment te retrouves-tu alors en NBA ?

Avant de signer mon contrat, j’y avais mis une clause NBA jusqu’à la fin du mois de janvier. Et après mes agents ont fait le boulot pendant que je vivais ma vie comme si j’allais rester à Valence jusqu’à la fin de la saison. Je n’avais pas de projet de départ. On a été jouer à San Sebastian (victoire contre Lagun Aro GBC le 12 janvier), et mes agents (Bill McCandless et Fabrice Sene) m’ont appelé pour me dire qu’ils m’avaient dégoté un contrat de dix jours.

Avant que tu signes à Valence, tes agents t’avaient donc laissé entendre que tu avais une chance d’aller en NBA ?

Oui, c’est pour cela qu’ils ont mis la clause. Moi je ne connais pas le marché. Il (McCandless) a dû sentir que le marché était intéressé.

Quand on t'a dit que tu partais à Minneapolis, comment as-tu réagi ?

J’étais content de retourner en NBA, donc je n’ai pas pensé aux conditions météorologiques. Mais bon? quand je suis arrivé j’ai été effectivement surpris (il rit). Mais tu sais, c’était mon rêve d’y retourner, j’avais l’impression de ne pas avoir finir ce que j’avais commencé car je suis parti sur une blessure. Si j’étais parti en fin de saison car personne ne m’avait re-signé, OK j’aurais fermé la parenthèse. Mais je suis parti blessé...

Estimes-tu avoir eu ta chance à Seattle ?

À des moments oui à d’autres non, c’était mitigé.

As-tu eu l’impression que les gens n’avaient pas eu la chance de voir qui était Mickaël Gelabale en NBA ?

Oui, c’est pour cela que je voulais finir ce que j’avais commencé. Un mois avant ma blessure, j’étais parti en D-League. Et quand je suis revenu, je tournais à 15 points. Ma blessure m’a laissé un goût amer.

Comment as-tu vécu cette période après ta blessure ?

C’était dur, j’ai mis du temps à revenir. J’ai été avec les D-Fenders en D-League, ensuite la summer league avec Dallas, le training camp avec les Lakers et j’ai pris la décision de revenir à Cholet car le basket me manquait, et le haut niveau aussi. Je ne regrette pas cette décision, on a été champion de France, et j'ai été MVP de la finale.

Quand tu prends la décision de revenir à Cholet, comment vis-tu ce retour à la case départ ?

Pour moi ce n’était pas repartir à zéro, mais commencer une nouvelle vie. Je t’explique ce que je veux dire par là. Je ne savais pas si j’allais retrouver mon niveau, c’était une nouvelle période de ma carrière. Un nouveau joueur qui démarrait, je n’étais plus le même. Là je me retrouve à faire des post-up, mon jeu a changé depuis cette blessure.

As-tu retrouvé les qualités athlétiques d’avant ta blessure ?

Oui j’en ai retrouvé pas mal. Mais avant, avec l’arceau, il y avait plus d’amitié entre nous. Maintenant, il y a plus de distance (il rigole). Mais je suis bien comme je suis, je ne pense pas qu’à ça, mais je sais que pour mettre un tomar, il n’y a pas de difficulté. J’ai grandi, j’ai plus de maturité. Maintenant je me dis deux points, c’est deux points. Mais si j’ai l’occasion de claquer un bon dunk, je ne vais pas faire un lay-up.

Penses-tu que sans cette blessure tu aurais réussi à ajouter cette dimension à ton jeu, ce jeu dos au panier ?

J’avais commencé à travailler beaucoup plus sur mon tir mes pénétrations. Lors de ma deuxième année à Seattle, un coach travaillait avec moi le matin sur mon jeu dos au panier. Et après ma blessure, j’ai commencé à faire des post up car je ne pouvais pas courir. Mais j’avais tellement envie de jouer, que sur le terrain je faisais des post up et je sautais plus sur ma jambe gauche.

Pendant ta saison à Cholet, à quel moment as-tu senti que tu étais revenu à ton meilleur niveau ?

J'ai trouvé la saison dure. On avait une bonne équipe et pas mal de joueurs respectaient mon parcours, donc ils m’ont aidé, et au fur et à mesure j’ai retrouvé mon jeu, et j’ai dû m’élever à leur niveau. J’avais connu Erman Kunter avant, et je savais qu’il me fallait un coach comme lui pour mon retour.

Comment t’es tu senti pour ton premier match NBA ?

J’étais pas si à l’aise que cela en première mi temps, j’étais stressé, mais je ne l’ai pas montré. J’avais une grosse envie de jouer, cela faisait cinq ans que je n’avais plus évolué à ce niveau. En deuxième mi-temps, je me suis dit : «bon, tu t’es blessé, tu as attendu de revenir en NBA aussi longtemps, alors maintenant il faut jouer», et j’ai lâché les chevaux quoi. Je me suis senti bien, on a fait un bon match, la balle tournait bien.

Et après le match ?

Tout le monde m’a dit : «Welcome back». J’avais joué avec Luke Ridnour à Seattle, donc il sait par quoi je suis passé. J’ai envie de lâcher les chevaux, de jouer. Le plus important pour moi, c’est que je ne sais pas combien de temps cela va durer : dix jours ? Cinq jours ? Je peux me blesser et ne plus revenir. Donc tous les matches que je vais jouer maintenant, je vais les apprécier.

Penses-tu que l’aventure va se prolonger jusqu’à la fin de la saison ? Ne serait-il pas bizarre qu’ils te fassent venir d’Europe juste pour un contrat de dix jours ?

Je ne sais pas. Pour le moment je prends ce que l’on me donne et je ne regarde pas plus loin.

Te dis-tu aussi que cela te permet de te montrer auprès de d’autres équipes en même temps ?

Oui, peut-être aussi. Je peux renter à Valence si jamais ils ne me gardent pas, et cela ne me déplairait pas non plus car je me sentais bien là-bas. Les joueurs avait envie que je reste. Ils étaient contents pour moi, mais un peu dégoutés aussi de me voir partir.

Et comment a réagi le le coaching staff de Valence ?

Le coach me demandait tout le temps si j’avais de nouvelles. Et je lui disais non, sans mentir, car je n’avais pas de nouvelles. Mon agent ne me disait rien. Et c’est ma copine, en lisant sur internet, qui m’a dit : «Ah bon, tu pars là bas ?» Je lui ai dit : «Ah bon ? je ne suis pas au courant !» Et elle ne me croyait pas. Elle me disait : «Comment ça se fait que ce soit dans la presse et que toi tu ne sois pas au courant ?» (Il rit)

Comment tu te sens au sein des Timberwolves ?

Je commence à m’intégrer petit à petit. C’est une équipe qui fait bien bouger la balle, c’est le genre que j’aime bien.

Que te demande ton coach ?

L’assistant coach (Terry Porter, qui remplace temporairement Rick Adelman, auprès de sa femme malade) me dit de jouer mon jeu, de prendre mon tir quand je suis ouvert et de défendre, bien sûr.

Attendent-ils beaucoup de toi en défense ?

C’est ma priorité, j’aime bien défendre. Au premier match c’était (James) Harden en seconde mi-temps, et je ne l’ai pas lâché.

C’était comment justement ?

Contre un joueur comme ça, ce n’est jamais facile car ils jouent tous les ballons. Il est tout le temps à fond, tu n’as pas le temps de souffler et j’ai été bien aidé par mes coéquipiers. Tu ne peux pas défendre 24 secondes tout seul sur un joueur comme ça, tu as besoin d’aide. Ce qui est dur contre lui ? Tu vas te faire attaquer tout le temps. Tu ne peux pas te relâcher.

Le fait qu’il y ait beaucoup d’Européens a-t-il facilité ton intégration ?

Oui, le premier match Ricky Rubio m’a aidé à me sentir à l’aise. Il m’a fait trois passes d’affilée, et ensuite c’est revenu tout seul.

Les gens disent souvent que Minnesota pratique un peu un jeu à l'européenne. Es-tu d’accord ?

À des moments oui, et à des moments non. Cela dépend si je joue avec Ricky Rubio ou avec Luke Ridnour. Certains meneurs sont plus passeurs, et d’autres plus shooteurs. Chaque meneur à son style, il faut donc savoir s’adapter.

Te projettes-tu déjà sur l’Euro en Slovénie ?

Non pas du tout.

Tu as digéré la déception des Jeux Olympiques (défaite en quart de finale contre l'Espagne) ?

Oui on a fait tout ce qu’on avait à faire. C’est la malchance, on connait notre potentiel, à nous de ne pas lâcher et de revenir encore plus motivé. Moi, personnellement, je suis motivé !

Source : BasketNews

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