Rudy Gobert, ce discret pivot en passe de devenir référence

12.05.2017

Seuls trois ou quatre journalistes entouraient Rudy Gobert lors du point presse organisé par la Fédération à l'INSEP en juillet 2014. L'équipe de France venait tout juste d'aborder sa préparation pour la Coupe du Monde en Espagne et le pivot du Jazz passait presque inaperçu à côté des Nicolas Batum, Boris Diaw et des autres stars des champions d'Europe en titre. A l'époque, Gobert n'était personne. Dans l'Hexagone ou de l'autre côté de l'Atlantique. Un inconnu du grand public. Pas de surnom. Pas de "Gobzilla" ou de "Stifle Tower", des pseudonymes flatteurs qu'il a gagnés par la suite. Juste un grand pataud étiqueté NBA, certes, mais à qui beaucoup promettaient l'échec et un retour rapide en Europe.

Sa première saison dans la ligue, le rookie l'a passée essentiellement sur le banc (moins de dix minutes par match) ou en D-League. Utah a terminé l'année avec 25 petites victoires et 57 défaites. Bien loin des playoffs. Gordon Hayward a même signé avec les Charlotte Hornets en espérant quitter Salt Lake City cet été (une offre finalement "matché" par le Jazz pour conserver le jeune ailier). Lors de la fin d'entraînement ouvert aux journalistes par Vincent Collet, Rudy paraissait pourtant très affûté. Même constat en interview. Il était sûr de lui, sûr de sa force. Et il savait déjà où il comptait aller.

Quelques semaines plus tard, le géant se faisait un nom en dominant Pau Gasol à Madrid. Tout a changé depuis. Trois ans après, les moqueries ont laissé place aux louanges permanentes. Gobert incarne l'avenir de l'équipe de France et il est l'un des deux patrons d'une franchise prometteuse de la Conférence Ouest. Le Jazz a été éliminé en quatre manches sèches par les Warriors. Mais avec la tête haute et les espoirs d'un avenir brillant. Car à l'image de sa formation, le Français a passé un cap cette saison.

Le prototype du pivot moderne

En 2014, l'évaluation du jeune homme a été faussée par la perception obsolète du rôle supposé d'un intérieur. Il n'a pas la puissance de Shaquille O'Neal, ni les fondamentaux de Tim Duncan, l'adresse de Yao Ming ou la technique d'Hakeem Olajuwon. Du coup, pour beaucoup, il était juste long (2,16 m) et incapable de contribuer en attaque autrement qu'en dunkant. Quelle erreur. Cette époque où les grands prenaient le dessus sur leur vis-à-vis dos au panier est révolue. Gobert a lui aussi un impact considérable sur le succès de son équipe, sans avoir les caractéristiques qui ont donné aux pivots leurs lettres de noblesses. Il s'impose. Mais à sa façon. “Il s'est amélioré année après année. Il domine de plus en plus dans la raquette“, avouait Boris Diaw après l'élimination du Jazz.

Le natif de Saint-Quentin était légèrement en avance sur son temps. Aujourd'hui, les pivots se doivent d'être mobiles et polyvalent. Car non, il n'est pas juste long. C'est d'abord le point d'ancrage de l'une des meilleures défenses en NBA. Sa simple présence près du panier tend à décourager les adversaires de s'aventurer dans la peinture. Avec ses bras gigantesques, il se classe en tête de la ligue aux blocks (2,6) mais même ça n'en dit pas assez sur ses capacités défensives. En effet, son envergure est telle qu'il parvient aussi à gêner les lignes de passes et à contester la plupart des tirs pris à proximité du panier. Des atouts cruciaux qui ne se lisent pourtant pas dans les statistiques mais qui font de Gobert le parfait protecteur de cercle tant recherché par toutes les franchises du championnat. Il est l'ultime arme défensive.

Mais là encore, cantonner ses performances à un seul côté du parquet serait un mauvais calcul. Rudy Gobert est un joueur plus complet qu'il n'y paraît à la simple lecture d'une feuille de marque. Ses écrans bien posés fluidifient le flow offensif du Jazz, une équipe qui manque de créateurs balle en main. Même en attaque, il est hyperactif. Il pose son block pour libérer un coéquipier. Roule fort vers le panier dans la foulée pour battre son vis-à-vis. Réceptionne la balle si jamais le porteur est pris à deux, analyse le jeu instantanément et décide de finir au dunk, s'il a le champ libre, ou de délivrer une offrande pour un partenaire démarqué. Son jeu de passe est d'ailleurs sous-estimé.

Sa saison peut s'avérer historique. En plus d'être l'un des deux grands favoris pour le trophée de meilleur défenseur de l'année, il a de fortes chances d'être élu dans le premier cinq NBA de la saison. Un exploit inédit pour un Français. Oui, même Tony Parker n'a jamais été nommé dans l'équipe type de l'année. Mais en s'affirmant comme l'un des moteurs d'une équipe en pleine progression, victorieuse de 51 matches, Gobert était peut-être le pivot le plus performant du championnat. Et il ne compte pas s'arrêter là. “Je suis encore jeune. Je veux me renforcer physiquement tout en gardant ma vitesse, être plus rapide, plus explosif. Je ne me fixe aucune limite concernant mon jeu“, résume l'intéressé. S'il veut continuer à vivre avec son temps, il doit s'adapter et devenir encore plus mobile pour contrer la nouvelle génération de pivots, de plus en plus attirés par la ligne à trois-points. Mais il en fait du chemin depuis ce jour d'été 2014 à l'INSEP. Il a gagné le respect. Et sa place incontestable parmi les plus grands.

(Source : Eurosport.fr)

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